Qui châtie bien…

Mauvais traitements envers les enfants et contexte culturel 

Brodard, Fabrice, Knüsel, René,

ISBN: 978-2-88901-185-8, 2021, 224 pages, 22€

La maltraitance envers les enfants est considérée comme un problème de santé publique par l’OMS parce qu’elle est encore largement répandue dans le monde. Pourtant, sa définition varie selon les pays et les époques. Ce livre montre par ses différents chapitres certaines pratiques culturelles dans les relations adultes-enfants qui varient d’un pays à l’autre et d’un continent à un autre.

Format Imprimé - 27,00 CHF

Description

S’il est beaucoup question de maltraitance envers les enfants depuis quelques années, les différences culturelles dans le comportement des adultes à leur égard ont peu été approfondies. Cet ouvrage cherche à combler cette lacune par une approche multidisciplinaire, accueillant les points de vue de chercheur·e·s comme de praticie·ne·s.

Une autre originalité du livre est de donner la parole à des spécialistes établis en Afrique comme en Europe, offrant une large perspective sur la manière d’aborder la question. La confrontation culturelle dans le comportement à l’égard des enfants est considérable, puisque même à l’intérieur d’un pays aussi petit que la Suisse, les pratiques familiales, celles des services spécialisés, et plus globalement les sensibilités diffèrent beaucoup d’une région à l’autre.

Au fil des articles, un certain nombre de constantes se font jour autour des mauvais traitements envers les enfants. Mais l’adéquation dans la manière de se comporter varie dans le temps comme dans l’espace. Ce qui était toléré hier ne l’est plus forcément aujourd’hui. Ce que l’on dénonce ailleurs, comme le travail forcé, était une pratique courant sous nos latitudes jusqu’à la moitié du XXe siècle.

La lecture de ces pages intéressera toutes les personnes concernées par des modes d’éducation et de comportement différents, au sein d’un même État ou entre pays.


René Knüsel
est professeur honoraire à la Faculté des sciences sociales et politiques de l’Université de Lausanne.

Fabrice Brodard est maître d’enseignement et de recherche à la Faculté des sciences sociales et politiques de l’Université de Lausanne.

Table des matières

TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION
René Knüsel

VARIATION DANS LES FORMES DE PROTECTION DE L’ENFANCE EN SUISSE : TERMINOLOGIE, DISCOURS ET STRUCTURES
Andreas Jud

L’ÉVALUATION DE LA MALTRAITANCE DANS LES CONTEXTES INTERCULTURELS ; L’EXEMPLE DU SERVICE DE PROTECTION DE LA JEUNESSE DU CANTON DE VAUD (SPJ)
Dolores Dao et Martine Haemmeli

ABORDER LES MAUVAIS TRAITEMENTS AVEC LES FAMILLES ISSUES DE LA MIGRATION. LE REGARD DU PÉDIATRE
Sarah Depallens

ÉCOUTER LA DIVERSITÉ CULTURELLE LIÉE À LA MIGRATION, L’EXPÉRIENCE D’APPARTENANCES
María Río Benito, Philippe Conne et Christine Uwimana

PARADOXES ET LIMITES DE LA DIMENSION CULTURELLE
Ferdinand Ezembé

REGARD TRANSCULTUREL SUR LES CONSÉQUENCES DES MAUVAIS TRAITEMENTS À L’ENFANCE ET APPROCHE THÉRAPEUTIQUE AVEC REGARD TRANSCULTUREL
Kossi Blewussi Kounou

GESTION DES CONFLITS DANS LA RELATION PARENTS-ENFANT ET CONTEXTE CULTUREL : UNE APPROCHE FONDÉE SUR LE RÔLE ET LE STATUT SOCIAL DES ACTEURS CHEZ LES BANEN DU CAMEROUN
Claude-Olivier Bagnéken

LA PRÉVENTION DE LA MALTRAITANCE ENVERS LES ENFANTS : RECOMMANDATIONS INTERNATIONALES ET TRANSPOSABILITÉ CULTURELLE
Fabrice Brodard et Caroline Naudin

CONCLUSION
Fabrice Brodard et René Knüsel

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

AUTEUR·E·S

Presse

L’uniscope: Quand l’éducation vire à la maltraitance

Deux scientifiques de l’UNIL publient un livre sur la sensible question des différences culturelles dans le comportement des adultes à l’égard des enfants.

Un simple coup d’œil au titre suffit pour qu’un adage bien connu s’imprime dans nos pensées. L’ouvrage collectif Qui châtie bien…, publié en octobre aux éditions Antipodes, traite de la complexe question des différences culturelles dans le comportement parfois violent des adultes à l’égard des plus jeunes.

Ce livre est le fruit d’un colloque mené par l’Observatoire de la maltraitance envers les enfants. Il rassemble une multiplicité de points de vue à travers les contributions de plusieurs chercheurs mais aussi de praticiens de Suisse, et de différents pays, sous la direction du professeur honoraire René Knüsel et du maître d’enseignement et de recherche Fabrice Brodard, tous deux de la Faculté des sciences sociales et politiques de l’UNIL.

Ces divers intervenants, confrontés directement à la problématique dans le cadre de leur profession, exposent ici les enjeux qui concernent leur pratique, les difficultés rencontrées, et partagent leurs questionnements et leurs réflexions.

Des familles démunies

Chaque année, un milliard d’enfants à travers le monde souffrent de violences physiques, sexuelles, émotionnelles ou de négligences, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Les experts admettent que la majorité des situations de maltraitance ont lieu dans l’environnement familial.

En Suisse, la situation est globalement bonne, selon l’ONG Humanium, mais, selon les auteurs, il existe au sein de la population certaines zones de vulnérabilité. En particulier dans les familles concernées par la migration, plus souvent démunies en raison de leur position particulière au sein de notre société et parfois issues d’une culture qui tolère ou accepte les mauvais traitements sur les enfants.

Souvent employée par ignorance de l’existence d’alternatives, la violence est parfois perçue par les parents comme un outil éducatif, favorable à l’enfant. Pourtant, son effet néfaste sur le bien-être et la santé de celui qui la subit est aujourd’hui largement documenté.

Une tâche délicate

Mais comment évaluer les cas de maltraitance dans des familles aux référents socioculturels différents, sans produire de jugements de valeur qui biaisent l’objectivité ? Cette question est l’une de celles que se posent les professionnels dont la mission est d’intervenir pour le bien de l’enfant, tout en respectant l’autorité parentale et la culture sur lesquelles se construit la famille. Une tâche délicate, discutée notamment dans cet ouvrage par deux travailleuses sociales retraitées du Service de protection de la jeunesse du canton de Vaud.

Parmi les autres contributions, par exemple, une pédiatre membre du Child Abuse and Neglect (CAN) Team du Service de pédiatrie du CHUV, en première ligne pour détecter de mauvais traitements, relate elle aussi son expérience et ses réflexions.

Cas concrets

La parole est en outre donnée à des professionnels issus du Cameroun et du Togo, ainsi qu’à un psychologue d’origine africaine exerçant en France, dont les horizons culturels permettent d’élargir les regards sur la problématique.

Riche d’exemples et de cas concrets, cet ouvrage est rédigé dans un langage accessible mais sans trop simplifier la complexité du propos. Il intéressera les professionnels mais aussi toute personne concernée ou intéressée par le thème de la maltraitance infantile ou par celui de la variété des modes d’éducation et de comportement.

Article de Lysiane Christen dans l’uniscope, le 1 novembre 2021.

Dans Reiso :

«L’éducation est cruciale dans le développement de l’enfant»
REISO, Mardi 01.03.2022

Trois questions à René Knüsel, professeur honoraire à la Faculté des sciences sociales et politiques de l’Université de Lausanne et auteur de Qui châtie bien…

(REISO) Votre livre [1] est un ensemble de textes écrits par des chercheur·euse·s et des praticien·ne·s sur la maltraitance des enfants et le contexte culturel qui détermine parfois le comportement des adultes. Pourquoi un tel recueil ?

[René Knüsel] Cet ouvrage répond à un besoin récurrent, identifié auprès des étudiant·e·s en formation continue, confronté·e·s à des déclarations de mauvais traitements relevant de contextes spécifiques. Ils et elles sont parfois démuni·e·s face à certaines façons d’éduquer.

Faites-vous référence aux différences culturelles ?

Oui, notamment. Une famille issue de la migration n’a pas les mêmes références en termes d’éducation qu’une autre qui a toujours vécu en Suisse. Le·la professionnel·le de l’enfance doit connaître le contexte culturel et chercher à comprendre les intentions des parents avant d’agir. Un parent qui dysfonctionne, mais qui est d’accord de se faire aider et de corriger sa façon d’agir, devrait pouvoir continuer à s’occuper de ses enfants. A contrario, un·e mineur·e dont la mère ou le père a une attitude intentionnellement préjudiciable et n’entend pas changer de comportement doit être éloigné du foyer familial. Les valeurs que la société attribue à l’éducation ont beaucoup évolué, tout comme la conception de la famille. Aujourd’hui, la prise de conscience est collective et la société comme les professionnel·le·s savent à quel point l’éducation joue un rôle crucial dans le développement de l’enfant.

Si certaines différences culturelles permettent d’expliquer les comportements maltraitants de parents, quelles réponses les services de protection de la jeunesse doivent-ils apporter ?

[René Knüsel] C’est effectivement un grand dilemme face auquel se trouvent confrontées les personnes en charge de protéger les mineurs. Il n’y a pas de solution toute faite et chaque situation doit faire l’objet d’une attention particulière. Il n’y a pas non plus de définition largement partagée de la maltraitance et une grande hétérogénéité imprègne en conséquence les réponses apportées. Les seuls mauvais traitements reconnus par tout le monde sont les abus sexuels. Mais comment évaluer l’aspect délétère de la violence conjugale sur les enfants qui en sont les témoins, comment reconnaître la violence psychologique, quelle réponse apporter aux multiples mauvais traitements possibles ? Dans tous ces cas de figure, le·la professionnel·le doit s’assurer que le développement du mineur n’est pas en péril. Ensuite, il lui faut statuer sur l’intentionnalité des parents : veulent-ils nuire à l’enfant, sont-ils capables de corriger leur comportement, entre autres questionnements. Aujourd’hui encore, nous avons une connaissance incomplète de la situation et les chiffres publiés sur les cas de maltraitance ne sont que la pointe de l’iceberg. Parfois plusieurs années s’écoulent entre le début d’un mauvais traitement et son signalement.

(YT)

[1] Qui châtie bien…mauvais traitements envers les enfants et contexte culturel, sous la direction de René Knüsel et Fabrice Brodard, Ed. Antipodes, 2021, 224 p.

 

Maltraitance enfantine et différences culturelles: Fabrice Brodard invité de Tribu

La maltraitance envers les enfants existe presque partout dans le monde. Y a-t-il des différences dans la manière dʹenvisager cette violence en fonction de la culture des parents? Quel sont les regards des spécialistes qui travaillent dans des contextes migratoires? Tribu reçoit Fabrice Brodard, maître dʹenseignement et de recherche à la Faculté des sciences sociales et politiques de lʹUniversité de Lausanne. Il publie, aux côtés de René Knüsel, professeur honoraire dans la même faculté, « Qui châtie bien… Mauvais traitements envers les enfants et contexte culturel » aux éditions Antipodes.
Émission à écouter sur le site de la RTS.

La Gruyère Magazine

Contextualiser la maltraitance

Le Vuadensois Fabrice Brodard a codirigé la rédaction de Qui châtie bien… L’ouvrage traite de l’aspect culturel des mauvais traitements infligés aux enfants, en donnant la parole à des spécialistes établis en Afrique comme en Europe.

Il y a vingt-cinq ans, Fabrice Brodard enseignait à l’école de Vuadens. Aujourd’hui, il est maître d’enseignement et de recherche à l’Université de Lausanne, et psychothérapeute à Bulle. Il a commencé la psychologie à Fribourg avec l’idée de revenir ensuite à l’enseignement, mais il s’est pris au jeu, a enchaîné avec un doctorat. Avec le professeur René Knüsel, le Vuadensois publie Qui châtie bien… Mauvais traitements envers les enfants et contexte culturel. Ecrit à la suite d’un colloque organisé par l’Observatoire de la maltraitance, il s’adresse en premier lieu aux acteurs de l’éducation et de la santé.

Quand on lit le titre, on imagine un livre sur les châtiments corporels. Or, c’est beaucoup plus large…

Fabrice Brodard. Pour définir les mauvais traitements, l’OMS a établi cinq catégories. Trois catégories d’abus: physique, psychologique, sexuel. Deux catégories de négligences: physique et émotionnelle. Nous récoltons, avec les mêmes instruments, des données chez nous et en Afrique. Si l’on parle de violence sévère, de coups avec un bâton, par exemple, et aussi d’abus sexuels, il est clair que les proportions sont beaucoup plus importantes dans ces pays à faible revenu. C’est un chercheur camerounais qui travaille depuis des années sur cette thématique. Il explique notamment la tension qui existe entre le système traditionnel et le système gouvernemental. Le pays adopte des lois de protection des enfants et de leurs droits. Mais, sur le terrain, ce sont quand même les lois traditionnelles qui prédominent souvent dans l’éducation. Les interactions sont tellement complexes que, lors de mon premier passage au Cameroun, je n’avais pas compris grand-chose.

Quand on parle de maltraitance des enfants, des effets négatifs sur leur développement, on se demande presque comment l’humanité a survécu…

Souvent, les gens disent: «Je ne m’en suis pas si mal sorti.» On pourrait dire la même chose par rapport à certaines maladies ou certaines pratiques médicales: l’humanité s’en est sortie, mais on mourait plus vite aussi.

C’est donc changer pour une meilleure humanité?

Je l’espère. Enormément de recherches montrent que les coups et le stress dans l’éducation ont un impact sur le développement du cerveau, sur les mécanismes qui s’activent. Quand on s’intéresse aux psychopathologies graves d’adultes, les gens évoquent dans 90% des cas des maltraitances subies durant l’enfance. En revanche, on n’a jamais documenté d’effets positifs des maltraitances.

Néanmoins, le message n’est pas toujours facile à faire passer…

Non, car on sait que l’être humain est quand même résilient, que tout le monde n’est pas marqué négativement à vie. C’est également ce qui m’intéresse, en termes de recherche, en allant dans d’autres pays. Est-ce que le fait que 90% des enfants reçoivent des coups de bâton, à l’école ou à la maison, rend les choses plus faciles à digérer pour l’avenir? Ce sont les chiffres en Afrique: 90% des enfants reçoivent des coups de bâton à la maison et à l’école. A cause de choses inscrites dans la tradition, comme des proverbes, et l’idée que «si l’on n’est pas dur, l’enfant ne va pas s’en sortir dans la vie». Cette pensée existe aussi chez nous.

Dans quelles proportions?

En Suisse, les violences sévères concernent 5% de la population, ce qui n’est pas négligeable. Si l’on va sur d’autres types de violences, qu’on appelle modérées, cela peut monter jusqu’à 40 à 50% des parents. Dans les données dont je dispose, la fessée, par exemple, est utilisée de manière régulière par 30% des parents.

Ici comme là-bas, beaucoup de mauvais traitements semblent infligés en pensant au bien de l’enfant…

Il y a une différence importante quand la maltraitance a lieu dans un contexte où l’attachement avec le parent maltraitant est sain. Et il faut

différencier les actes liés à l’éducation d’autres actes de maltraitance. Dans les pays d’Afrique avec lesquels j’ai travaillé aussi, les gens sont aussi intéressés à voir comment ils peuvent faire autrement.

Qu’en est-il de la prévention des maltraitances, dont traite aussi votre livre?

Fabrice Brodard. Il y a énormément d’offres en Suisse. Mais on ne sait pas toujours ce qu’il y a derrière, si ce qui est proposé est fiable, bien évalué. En Suisse, il manque aussi le ciment qu’apporte une prévention à un nouveau primaire, pour tous. Avec des messages s’adressant à tout le monde – du style «c’est normal, de rencontrer une difficulté avec votre enfant, d’avoir des petites choses à ajuster» – on déstigmatise le fait d’aller chercher de l’aide.

Mais si l’on cible la famille suisse moyenne, les migrants ne s’y retrouvent pas forcément…

La langue va déjà limiter l’accès. Pour bien toucher ce public-là, il faut souvent passer par des groupes de communautés. J’avais été invité par des mères sénégalaises de la région de Thoune. Elles avaient décidé, de leur propre initiative, d’empoigner elles-mêmes ce sujet.

A l’étranger, certains programmes de sensibilisation s’accompagnent d’aides matérielles…

En Afrique du Sud, par exemple, ou dans la périphérie de Glasgow. En rehaussant le niveau économique, on diminue la maltraitance, car le stress, notamment financier, est un facteur très important.

Pour certains migrants, l’incertitude administrative constitue aussi un stress majeur…

Auquel s’ajoute, éventuellement, le traumatisme dû au parcours migratoire.

Dans votre livre, on conseille aux professionnels de se renseigner sur les différentes cultures. En ont-ils le temps?

Ce n’est pas facile. Il y a aussi des services de médiation interculturelle, comme Appartenances. Ils peuvent amener à lire un peu mieux la culture, à éviter de passer à côté de choses essentielles. Une autre piste proposée par un collègue dans le livre concerne le recrutement, pour arriver à davantage de mixité aussi parmi les professionnels.

Est-ce que la prévention fonctionne?

La culture de l’évaluation des programmes n’est pas du tout acquise. On fait plutôt des enquêtes de satisfaction. En Suisse aussi, il y a un monde d’écart entre ce qui se fait au niveau scientifique dans l’évaluation et ce qui se fait sur le terrain. Or l’évaluation est essentielle pour savoir ce qui mérite d’être financé ou non. En Caroline du Sud, aux Etats-Unis, une campagne à large échelle avait eu lieu. Concernant les maltraitances, une étude a permis de montrer que plusieurs dizaines de milliers d’enfants en moins avaient été signalées aux services sociaux et médicaux. Des économistes se sont aussi penchés sur cette campagne, qui avait coûté cher. Pour chaque franc investi, cinq avaient été épargnés, en tenant compte des interventions qui auraient été nécessaires pour régler des problèmes survenus durant toute la vie de ces enfants.

Ce genre d’argument doit toucher les politiques?

Cela prend tellement de temps pour voir les effets de la prévention que nous sommes souvent en dehors du programme politique. Même si avec une prévention de base on s’y retrouve à long terme, c’est le politicien suivant qui récoltera les bénéfices. On préfère donc éteindre des feux.

Xavier Schaller, La Gruyère, Samedi 20 novembre 2021, www.lagruyere.ch

Magazine Psychoscope:

Qui châtie bien… René Knüsel et Fabrice Brodard (dir.)

Qu’ils se produisent « ici ou ailleurs », la maltraitance et les mauvais traitements envers les enfants sont des phénomènes universels impliquant des logiques contextuelles et culturelles, qui conduisent à la nécessité de prises en charge spécifiquement adaptées pour les familles qui sont prises avec ce type de comportements. En outre, ces derniers représentent un défi de santé publique majeur en raison des conséquences néfastes auxquels ils peuvent mener une termes psychosociaux et sanitaires.
Mêlant littérature scientifique et pratique cliniques et sociales, cet ouvrage présente la question de la maltraitance et des mauvais traitements dans une perspective multidisciplinaire et interculturelle. Les auteurs, issus d’horizons professionnels et culturels multiples, proposent une réflexion étayée autour de la diversité des pratiques dans l’accueil des familles migrantes et des comportements de maltraitance envers les enfants, tant dans les pays d’accueil que dans les pays d’origine (notamment en Europe et en Afrique). Si la nécessité de tenir compte du culturel dans l’intervention s’avère une évidence à l’heure actuelle, la mise en place des pratiques peut varier d’un pays à l’autre, voire même – dans un contexte suisse – d’un canton à l’autre.
Les lectrices et les lecteurs trouveront dans ce collectif des exemples concrets de questionnements, de conceptualisations de cas et d’interventions en lien avec des situations qui mettent parfois les systèmes sociosanitaires dans des réflexions intenses au sujet de la nécessaire compréhension des valeurs véhiculées au travers des pratiques éducatives de l’Ailleurs.

Gregory Zecca, psychologue spécialiste en psychothérapie FSP