Joseph
Canevascini Marion,
ISBN:978-2-88901-274-9, 2025, 136 pages, 24€
Joseph raconte l’histoire de Lou, depuis sa naissance jusqu’à ce jour où il décide de devenir celui qu’il est vraiment.
Lou est un enfant comme un autre, avec un papa et une maman, des passions, des amis; pourtant lorsqu’il se regarde dans le miroir, il a besoin de se répéter à lui-même, moi c’est Lou, moi c’est Lou, moi c’est Lou…
Description
Joseph est un roman graphique né de la rencontre de son autrice avec un tout jeune homme, épanoui, heureux, lumineux qui va accepter de lui confier son histoire intime pour qu’elle serve de modèle pour ce récit se situant entre la fiction et le témoignage personnel.
L’autrice Marion Canevascini évoque la personnalité solaire de son modèle, qui a été l’étincelle initiale de ce livre: “Rencontrer quelqu’un de si intensément lui-même m’a donné le désir de comprendre comment il est possible de vaincre l’obstacle intérieur le plus infranchissable – être étranger à son propre corps – pour accéder à une liberté de soi, si pleinement assumée et joyeuse. La vraie inclusion c’est peut-être celle-ci, la plus élémentaire, la faculté de se mettre à la place d’autrui, sans jugement préalable, avec bienveillance et respect.”
Loin des polémiques au sujet des “théories du genre”, Joseph permet aux lecteurs et lectrices de se glisser dans le ressenti d’une personne qui se découvre différente.
Un récit accessible dès 12 ans.
Presse
Une transition en douceur, interview de l’autrice dans 24Heures
Elle n’en est plus à son coup d’essai, Marion Canevascini. L’autrice et plasticienne – outre l’écriture, elle peint, dessine, grave et tricote même à des fins artistiques – signe son quatrième roman graphique, qu’elle vernira le 2 octobre à Fribourg. En mai 2020, l’artiste installée à Fribourg présentait son premier ouvrage, Notre frère, narrant l’arrivée de la maladie psychique chez l’aîné d’une fratrie de trois enfants. Puis ce fut Sables mouvants en avril 2022 où le lecteur suivait une jeune femme à la recherche de la petite fille invisible qu’elle avait été. Plus récemment, en novembre 2023, Marion Canevascini rapportait une expérience personnelle dans Masterkrep, soit son travail dans une crêperie – loin du parcours de santé.
Aujourd’hui, la quinquagénaire revient donc avec Joseph racontant la vie d’une petite fille, Lou, qui s’est toujours sentie garçon et qui finira par devenir Joseph après des combats en cascade et des montagnes de souffrances. Comme à son habitude, l’autrice qui n’a jamais fait le choix de la facilité révèle une grande sensibilité et un vrai talent pour poser, sans pathos, des faits pourtant complexes et chargés d’émotions. […]
Extrait de l’article de Aurélie Lebreau, La Liberté, 27 septembre 2025.
Chronique en avant-première dans le magazine Livresuisse
Artiste plasticienne aux multiples techniques, Marion Canevascini a habitué son lectorat à de belles narrations, sensibles et contemplatives, sans toutefois se montrer déconnectée du monde social. Si son premier livre traitait du deuil et de l’absence avec une rare délicatesse, elle s’est ensuite concentrée sur l’uberisation du travail dans son deuxième ouvrage. La perspective qu’elle propose est personnelle, certes, mais elle permet d’accéder à d’autres subjectivités et de donner à voir les individus qui se cachent derrière les étiquettes accolées à des groupes sociaux.
Pour ce nouvel album, c’est la thématique de la transidentité que l’autrice aborde. À l’heure où s’observe un recul des droits des personnes LGBTIQ+ dans le monde, elle fait le choix de recueillir le témoignage d’un jeune homme trans et de relater son parcours dans la prise de conscience de sa transidentité. L’exercice est périlleux. Pourtant, comme toujours, Marion Canevascini l’accomplit avec une pudeur élégante, tant la narration est poétique et économe. Pendant que le texte restitue efficacement – et progressivement – la voix de ce jeune, les images peintes rythment l’ouvrage de manière à laisser le récit se dérouler tout en douceur métaphorique. En plus d’être une narratrice fine, l’artiste est une excellente dessinatrice qui n’hésite pas à déployer des décors souvent anodins (paysages, cuisine, etc.) d’un bord à l’autre de la double page.
Marion Canevascini réussit une fois de plus le pari d’envelopper son lectorat avec d’autres vies que la sienne, passant par les expériences affectives singulières pour développer généreusement le champ de l’empathie. Par les temps qui courent, il semble plus que jamais nécessaire de pouvoir partager ainsi un peu de l’expérience de l’autre.
Marine Bass, Livresuisse, N°10, automne-hiver 2025.