Les aveugles

Maeterlink, Maurice,

2001, 96 pages, 16.77 €, ISBN:2-940146-18-7

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Description

« Il ne s’agit plus ici de la lutte déterminée d’un être contre un être, de la lutte d’un désir contre un autre ou de l’éternel combat de la passion et des devoirs. Il s’agirait plutôt de faire voir ce qu’il y a d’étonnant dans le fait seul de vivre. »

« On y a foi [dans ce drame ] à d’énormes puissances, invisibles et fatales, dont nul ne sait les intentions, mais que l’esprit du drame suppose malveillantes, attentives à toutes nos actions, hostiles au sourire, à la vie, à la paix, au bonheur. […] Cet inconnu prend le plus souvent la forme de la mort. La présence infinie, ténébreuse, hypocritement active de la mort remplit tous les interstices du poème. Au problème de l’existence il n’est répondu que par l’énigme de son anéantissement. »

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Presse

Redécouvrir Les aveugles de Maurice Maeterlinck

Heureuse initiative que celle des Editions lausannoises Antipodes. Elles rééditent Les aveugles, la pièce de Maurice Maeterlinck récemment montée à la Grange de Dorigny. On ne peut s’empêcher de rapprocher ces dialogues, écrits en 1890, de ceux de Samuel Beckett. D’autant que Maeterlinck estimait que: « Il s’agirait plutôt de faire voir ce qu’il y a d’étonnant dans le fait seul de vivre. » On ne voit goutte. On se parle. On ressent. On attend. Un grand texte à redécouvrir, où les rapports humains sont dépouillés jusqu’à l’os.

JS, La Liberté, 7 avril 2001

Maeterlinck, l’homme de théâtre

Dans la pièce de Maeterlinck, Les Aveugles, la didascalie (les indications de mise en scène de l’auteur) plante le décor. « Une forêt septentrionale d’aspect éternel sous un ciel étoilé ». Et au-dessous des étoiles, des silhouettes sombres bornent l’espace, mi-arbres, mi-humains, calfeutrés dans la tristesse. Des forêts septentrionales, une poésie livide, des destins tragiques, des gens qui se noient. Une symbolique si marquée, que souvent on a considéré le travail de Maeterlinck comme relevant d’un théâtre littéraire: au fond, il sacrifiait le dramatique au poétique.

Les Editions Antipodes ont profité de l’adaptation des Aveugles, à la Grange de Dorigny à Lausanne, pour rééditer cette oeuvre, injustement méconnue de Maurice Maeterlinck; elle est enrichie d’un texte de Danielle Chaperon et illustrée par les magnifiques dessins de Serge Cantero. La préface situe le contexte littéraire et artistique qui prévaut au moment où Maeterlinck fait paraître son oeuvre théâtrale; elle permet de corriger un malentendu. Danielle Chaperon, professeure à l’Université de Lausanne, rappelle la confrontation entre les naturalistes et les symbolistes dont fait partie Maeterlinck. Une confrontation particulièrement exacerbée autour du théâtre qui, à l’époque, était l’activité « littéraire » la plus gratifiante socialement et la plus profitable économiquement. Et Maeterlinck, contrairement à ce que l’on a tendance à penser aujourd’hui, a rénové totalement la conception de l’espace scénique. Fini les décors réalistes, place au rêve, au symbole, à l’invisible. Dans Les Aveugles, comme d’ailleurs dans Pelléas et Mélisande, mis en musique par Debussy, le texte sert à réveiller les processus psychiques, étranges, surnaturels alors que les corps se confinent dans une immobilité tremblante et fragile. Dans la pièce actuellement jouée à Dorigny, les aveugles restent côte à côte, ayant perdu leurs repères géographiques, loin de leurs foyers, abandonnés dans cet espace scénique qui devient hostile. Ainsi les personnages, comme les spectateurs, restent dans l’obscurité, étrangers à eux-mêmes et aux autres. Un miroir sans reflet.

Géraldine Savary, Domaine Public 1466, 16 mars 2001

 

Lorsqu’il écrit Les Aveugles (1890), Maurice Maeterlinck remet en question le théâtre académique, pompeux et commercial de son temps, en faveur d’un art dramatique nouveau. Avec lui, le décor devient une évocation symbolique, sans souci de réalisme. Il préfère au tragique héroïque le tragique du quotidien et laisse une place à l’introspection, repoussant tout lyrisme. Les Aveugles, pièce en un acte, mettent en scène douze non-voyants assis dans un lieu qu’ils ne connaissent pas. Sans cesse, une question revient: « Quelqu’un sait-il où nous sommes? » Maeterlinck impose le statisme et introduit dans l’espace scénique, jusqu’alors inondé de lumière, une zone d’ombre. La pièce a été jouée dernièrement à la Grange de Dorigny par la Compagnie Nonante-trois. A cette occasion, les éditions lausannoises Antipodes republient le texte de Maeterlinck, admirablement illustré par Serge Cantero.

XP, La Gruyère, 29 mars 2001