Le Gueux philosophe (Jean-Jacques Rousseau)

Busset, Thomas, Jaccoud, Christophe, Meizoz, Jérôme,

2003, 245 pages, 15 €, ISBN:2-940146-32-2

Lorsqu’il devient copiste de musique indépendant, dès 1752, Jean-Jacques Rousseau invente une « posture » littéraire originale. Il prend appui sur sa condition décalée de roturier genevois, étranger au monde parisien des lettres et impose un discours dégagé sur le monde social, les inégalités, l’éducation, qui ne doivent rien à l’obéissance aux Grands du royaume ni à leur protection.

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Description

Lorsqu’il devient copiste de musique indépendant, dès 1752, Jean-Jacques Rousseau invente une « posture » littéraire originale. Il prend appui sur sa condition décalée de roturier genevois, étranger au monde parisien des lettres et impose un discours dégagé sur le monde social, les inégalités, l’éducation, qui ne doivent rien à l’obéissance aux Grands du royaume ni à leur protection.

Dans ses textes autobiographiques, Rousseau se donne une image d’homme « pauvre » et « obscur », sincère et direct, de fier républicain dédaigneux des coutumes de la France royale. Il met ainsi en scène une nouvelle légitimation démocratique que le Contrat social va formuler.

Abordée sous l’angle de cette humble posture, la querelle avec Voltaire-qui le raille comme « gueux » et « valet suisse »-apparaît comme l’affrontement entre deux conceptions du statut des intellectuels: contre l’élitisme voltairien, Rousseau en appelle, pour la première fois, à l’autorité du grand nombre contre celle des « riches » et des lettrés. Le voilà homme commun parlant pour les hommes du commun.

L’essai est suivi d’un entretien entre Yvette Jaggi et l’auteur sur « Rousseau et la politique, aujourd’hui « .

Table des matières

Préambule: Une suite neuchâteloise

(Christophe Jaccoud et Thomas Busset)

Avant-propos: le sport dans ses institutionnalisations

(Christophe Jaccoud et Thomas Busset)

  • Les mises en forme sportives      
  • Les productions de l’institution sportive en Suisse. Quelques repères      
  • Un livre en situation  

Première partie: Mobilisation et instrumentation

Institutionnalisation et « militarisation » du sport en Suisse, 1914-1945  (Marco Marcacci)

  • Les rapports complexes entre éducation physique, sport et défense nationale    Les rivalités entre sports et gymnastique      
  • L’éducation physique tente de récupérer le sport      
  • Le sport « annexé » par la défense nationale?      
  • Pas de « Sonderfall » sportif      

Les manuels fédéraux et l’institutionnalisation de l’éducation physique (Jean-Claude Bussard)     

  • De l’institution à l’institutionnalisation de l’éducation physique     
  • Le rôle des manuels dans le processus d’institutionnalisation de l’éducation physique      

Le sport dans le cinéma militaire suisse (1939-1945): une double institutionnalisation (Gianni Haver)      

  • L’armée et le cinéma: la création du SFA      
  • Les productions du SFA ou le sport instrumenté     
  • Soldat et montagne, une symbiose helvétique      
  • Le corps du soldat, un bien de la nation      
  • Représenter le sport: une opportunité pour l’armée      

Mise en place et développement des institutions du sport suisse, XIXe et XXe siècles (Lutz Eichenberger)

  • L’institutionnalisation du sport dans le domaine du droit privé      
  • L’institutionnalisation du sport dans le domaine du droit public      
  • Un bilan      

Deuxième partie: Appropriation et légitimation (Pierre-Alain Hug)

  • De l’utopie au pragmatisme: l’installation du CIO à Lausanne, 1906-1927      
  • La voie de la grandeur et de l’utopie (1906-1919)      
  • La voie du réseau et du pragmatisme (1915-1921)      
  • La stabilisation par l’institutionnalisation (1921-1927)      
  • Du principe de non permanence à l’institutionnalisation d’une bureaucratie sportive      

De la sociabilité mondaine à la compétition: les débuts du hockey sur glace en Suisse (Thomas Busset,)

  • L’introduction du bandy      
  • Du bandy au hockey sur glace      
  • Les moteurs de l’institutionnalisation      
  • Conclusion      

L’institutionnalisation du football féminin en Suisse: du conflit à l’intégration  (Benno Kocher)

  • Les débuts du football féminin en Angleterre      
  • Les premiers pas du football féminin en Suisse      
  • Croissance et développement      
  • Une institutionnalisation distributive      
  • Conclusion: l’influence des hommes   

Troisième partie: Dérégulation et reconfiguration

Institutionnalisation et colonisation des « nouveaux sports »: les pratiques sportives récentes (Markus Lamprecht et Hanspeter Stamm)      

  • Une ère sportive nouvelle?
  • Processus de rationalisation et de bureaucratisation dans les trend sports     
  • Les trend sports en tant que colonisation du monde vécu      
  • Conclusion      

L’institutionnalisation d’une « dissidence » urbaine et sportive dans deux villes suisses (Christophe Jaccoud et Dominique Malatesta)      

  • De nouveaux engagements sportifs      
  • Les villes de Lausanne et Bienne: les balises et les repères d’une nouvelle théorie sportive     
  • Un premier moment: sociologie négative et référentiel introuvable      
  • Un second moment : la réponse des pouvoirs publics      
  • Lausanne: une institutionnalisation par requalification sportive      
  • Bienne  institutionnaliser par la reconnaissance d’un milieu alternatif      
  • Une double institutionnalisation      
  • Vers un régime de politiques socio-sportives      
  • Du sport à la sportivisation: les enjeux d’une nouvelle institutionnalisation      

Les modes d’institutionnalisation des sports comme révélateurs de transformations sociales (Anne-Marie Waser)

  • Des modes d’institutionnalisation contrastés      
  • Les institutions sportives imposent la forme compétitive et protègent le principe de l’égalité des chances      
  • L’invention de catégories universelles pour accréditer le principe d’égalité des chances     
  • Les effets de la diffusion du modèle compétitif: l’exemple de la crise du tennis    La (ré)apparition du principe de plaisir     
  • Courir pour le plaisir      
  • Vers une révolution symbolique en douceur: des compétitions aux contests      
  • Conclusion: modes d’institutionnalisation, critères d’excellence et principes de justice      

Une institutionnalisation « ouverte »: le cas du tourisme sportif de nature dans le Vercors (Malek Bouhaouala)      

  • Le tourisme actif: un véritable marché local     
  • Entrepreneurs, entreprises et logiques d’action dans le tourisme de pleine nature         
  • Entre concurrence et coopération: la régulation de l’offre locale      
  • Pour conclure: nouveaux marchés, nouvelles pratiques et institutionnalisations renouvelées      

Presse

Wie der Sport in Form kam

Der Soziologe Christophe Jaccoud und der Historiker Thomas Busset haben sich eingleichermassen anspruchsvolles wie weitläufiges Thema vorgenommen: Der von ihnen herausgegebene Band soll beschreiben, wie der Sport « in Form » gekommen ist, wie mithin seine Akteure soziale Ausdrucksarten, Organisationsformen und geregelte Muster der Interaktion mit dem gesellschaftlichen Umfeld entwickelt haben. Diese Institutionalisierungsgeschichte des Sports reicht zurück bis ins letzte Drittel des 19. Jahrhunderts und beobachtet nach einer bis in die 1920er Jahre reichenden « Gründungsphase » zwischen 1930 und 1975 die stärker werdenden Beziehungen zu anderen sozialen Logiken, vor allem den politischen und den ökonomischen. Die letzte, bis in die Gegenwart reichende Phase ist geprägt durch eine Neuordnung und -differenzierung sportlicher Einrichtungsformen unter verstärktem ökonomischem und medialem Druck, der unter anderem auch eine Deformalisierung und Individualisierung etwa in den Trendsportarten hervortreibt.-Die elf Beiträge des Sammelbandes sind vorwiegend von Schweizer Wissenschaftern verfasst und fokussieren so auch vor allem Schweizer Themen. Das Spektrum reicht von den Verflechtungen von Staat, Militär und Sport in der Schweiz vor 1945 (Marco Maracci, Jean-Claude Bussard, Gianni Haver) über die Institutionalisierung des IOK in Lausanne (Pierre-Alain Hug) und des Frauenfussballs in der Schweiz (Benno Kocher) bis zur Entstehung alternativer urbaner Sportszenen in Lausanne und Biel (Christophe Jaccoud, Dominique Malatesta). So ist ein Buch entstanden, das zwar seinem allgemeinen und ambitionierten Titel nicht ganz Rechnung trägt, das aber ein facettenreiches Bild der Institutionalisierung des Sports in der Schweiz zeichnet und weitere Untersuchungen geradezu herausfordert.

per, Neue Zürcher Zeitung, 19.12.2001

L’histoire et la sociologie du sport sont de nouveaux gisements sur lesquels partout l’on travaille. À l’automne 1998, le Centre international d’étude du sport (créé en 1995) et l’Institut d’histoire, tous deux de l’Université de Neuchâtel, proposaient un premier colloque, conclu en 2000 par la publication, dans la même collection, de Sports en Suisse: traditions, transitions et transformations. Christophe Jaccoud, avec cette fois Thomas Busset, se retrouve au générique de Sports en formes qui reprend les éléments d’une nouvelle journée (février 2000) à Neuchâtel toujours, sur « L’institutionnalisation du sport »-les institutions sportives étant saisies « comme formes incarnées d’un processus d’organisation, de mise en forme, de rationalisation et de différenciation ». Après une introduction significative aussi bien par son langage que par son contenu, les onze contributions se trouvent regroupées sous trois intitulés: « Modernisation et instrumentation »; « Appropriation et légitimation »; « Dérégulation et reconfiguration ». De ces communications, à l’intérêt inégal et n’évitant pas toujours (loin de là) l’opacité d’un certain jargon, on signalera par exemple le travail de Pierre-Alain Hug sur « L’installation du CIO à Lausanne (19061927) » qui approfondit encore sur certains points l’ouvrage si utile de Christian Gilliéron (Lausanne, CIO, 1993); le texte d’Anne-Marie Waser sur « Les modes d’institutionnalisation des sports comme révélateurs de transformations sociales », car ce sont de semblables tentatives de « mises en ordre » à un moment donné de l’évolution qui permettent de progresser.

Bulletin critique du livre français, No 636, avril 2002  

Si les ouvrages collectifs d’histoire du sport pèchent parfois par l’émiettement des objets abordés et la dispersion du fil problématique, ce n’est pas le cas du livre dirigé par Christophe Jaccoud et Thomas Busset. Il reprend les textes discutés lors d’un séminaire tenu à Neuchâtel en 2000 sur « L’institutionnalisation du sport ». Unité géographique, puisque neuf des onze contributions ont pour cadre la Suisse, et unité thématique sont affirmées dans un avant-propos précis et informé qui dresse un bilan théorique des études sur la question et définit une approche méthodologique fondée sur l’interdisciplinarité. Il s’agit d’utiliser les apports de la sociologie weberienne décrivant le processus de bureaucratisation croissante des sociétés européennes au 20e siècle, et ce dans une perspective diachronique. Comment et pourquoi le sport, pratique socialement marquée à la fin du 19e siècle, a-t-il abandonné son organisation en associations privées de pairs pour s’ancrer dans l’espace public de « l’ère des masses » ? Les modalités helvétiques de cette « mise en forme » permettent de confronter une chronologie et un schéma généraux à des contextes sociaux particuliers et ainsi d’éclairer en retour les fondements et les temporalités diverses du développement du champ sportif.

Les dynamiques longues et exogènes sont par exemple privilégiées par Marco Marcucci qui montre comment les sports modernes ont obtenu une reconnaissance étatique en Suisse par le biais de leur intégration dans la politique de défense nationale dans l’entre-deux-guerres: il fallait incorporer la Nation par l’enrôlement des corps. Mais l’histoire de ce processus de rationalisation ne peut faire l’économie d’une analyse des représentations collectives. L’étude de Gianni Haver consacrée aux séquences sportives diffusées dans la production cinématographique de l’armée pendant la seconde guerre mondiale souligne dans cette perspective la Mise en scène concomitante du corps des athlètes et de la force physique des soldats en montagne. La pérennité de l’institution s’enracine aussi dans une « croyance légitimée socialement à travers un réseau d’identifications positives ».

Le prisme des dynamiques courtes et endogènes met quant à lui en lumière d’autres acteurs sociaux et des formes d’auto-institutionnalisation menées à une échelle plus réduite. La monographie de Pierre-Alain Hug présente par exemple les stratégies déployées par le baron Pierre de Coubertin pour implanter le CIO à Lausanne. En somme, un ouvrage dont la majorité des contributions illustre la fécondité d’une histoire sociale du sport considéré comme produit et miroir des transformations sociales.

Fabien Archambault, Vingtième siècle revue d’histoire, juin 2004