Face à face

Alrefaei Roomieh, Anisa, Rubli, Maeva,

ISBN: 978-2-88901-218-3, 2022, 224 pages, 24€

Face à face est le récit de la rencontre entre Anisa Alrefaei Roomieh et Maeva Rubli et de leur partage de pensées, de poèmes et de dessins.

Format Imprimé - 30,00 CHF

Description

Anisa raconte à Maeva son passé et sa fuite de Syrie en 2014, un pays ravagé encore aujourd’hui par la guerre civile. Elle lui partage le vécu de ses grossesses, ses défis et ses espoirs en tant que mère dans un pays étranger. En réponse, Maeva donne forme à ses confidences et ses poèmes en images et en mots. Ce livre est l’écho d’un dialogue, un face à face qui résonne, avec l’espoir qu’il soit entendu et interpelle à son tour d’autre personnes.

Quelques poèmes en arabe viennent accompagner ce sensible récit d’une vie. Ses illustrations colorées (gouache, crayons de papier et couleur, pastel blanc) mettent en lumière le partage des espoirs et des défis en temps de guerre entre deux femmes d’horizons différents.

Paru en version allemande aux Éditions Moderne (Zurich) en 2021, ce livre a reçu le Prix de la Haute école d’Art et de Design de Lucerne.

Extrait des planches

      ©Maeva Rubli

Presse

Article de Véronique Cavallasca dans Ricochet

Magnifique ouvrage que cet album à deux voix qui célèbre l’accomplissement de l’amitié entre Anisa Alrefaei Roomieh, la poétesse et Maeva Rubli, la plasticienne.

L’album s’ouvre sur le récit autobiographique d’Anisa Alrefaei Roomieh, composé de trois poèmes en prose, dans lesquels la jeune femme égrène ses souvenirs d’un exil forcé par la guerre en Syrie. Après une grossesse sans joie dans ce pays désespéré et un accouchement dans des conditions difficiles, la famille décide d’entreprendre les démarches pour émigrer en Suisse. Même si sa mère malade ne peut pas recevoir en Syrie les soins qui la sauveraient, même si la vie quotidienne devient un enfer, l’héroïne avoue son absolue détresse à l’idée de quitter sa maison, sa culture, son pays. Les deux premiers textes sont une adresse à sa fille Marya, née dans le chaos, mais incarnation de l’élan vital pour la famille. Le troisième poème est une ode à leur terre d’accueil, une ville paisible du Jura suisse.

Traduits en français en ouverture et reproduits dans la langue de l’autrice en clôture de l’ouvrage, la mise en relief sur fond rouge de ces trois textes constitue un écrin dont la langue est le matériau précieux. Au cœur de l’écrin, Maeva Rubli, une jeune artiste plasticienne, prend le relais pour décliner le récit de son amie en tableaux où tour à tour l’aquarelle, la gouache, le pastel et le crayon papier recréent l’univers originel et le paysage de l’exil, en gros plans, suggestifs plutôt qu’explicites, où parfois seule la couleur qui détrempe la feuille exprime la douleur d’un accouchement difficile, par exemple. C’est le joyau dans l’écrin. Des couleurs chaudes essentiellement, celles de la vie, déposées en aplats aux contours irréguliers, qui occupent aussi irrégulièrement l’espace de la double page, en délimitant eux-mêmes des formes, une main, un visage, l’arrondi d’une épaule ou d’un sein, pour un geste pictural où les techniques mêlées révèlent des instants de vie, là-bas, avant, ici, maintenant. De courts textes accompagnent ces tableaux, comme des fragments de conversation entre les deux femmes, dont on a retenu que la voix d’Anisa Alrefaei Roomieh, comme si son récit s’inscrivait en fond sonore sur les clichés saisis au vol des mots par Maeva Rubli, réactive. Une forme de reportage pictural et poétique qui donne au témoignage, rare, de son amie, la dimension de l’expression au féminin de ces tragiques récits d’exil.

En couverture, le portrait lumineux d’Anisa Alrefaei Roomieh par Maeva Rubli, à demi dissimulée derrière la porte qui s’ouvre pour son amie est une parfaite invitation à ouvrir ce très bel ouvrage sensible et attachant.

Article de Véronique Cavallasca dans Ricochet.

 

Émouvant, engagé, ce livre-monde est une couverture de laine dans le froid hivernal, des tempêtes de la vie même.
C’est l’histoire vraie d’une rencontre fusionnelle et artistique entre deux femmes, deux cultures et un seul cœur. En l’occurrence celle de la dessinatrice Maeva Rubli et la poétesse syrienne Anisa Alrefaei Roomieh.
 La fusion littéraire et artistique dévoile, en lumière, la naissance d’un livre siamois, les dires en porte-voix et les traits de renom, œuvre fabuleuse qui rassemble l’épars. Avant tout sachez que « Face à face » est un bel objet-livre.
Raffiné et délicat, le texte d’avant-garde, prêt à éclore, annonce les paroles en devenir. Litanie, berceau d’une humanité tremblante de douleurs infinies, déchirures, et la Syrie pleure ses femmes et enfants, pères et fils. 
La voix, celle d’Anisa douce et accueillante conte la dévastation de sa terre natale, l’heure du départ, l’arbre de vie arrachée de sa terre natale. Sans papier, sans patrie, « si tu entends la voix de l’étranger, sois fière, danse et chante ! ». « Et pourquoi veux-tu venir au monde ? Personne ne s’en réjouit. Dans mon pays, ma fille, la liberté et la dignité son tuées. »
Écoutez ce chant d’une langue perlée de pluie. Femme enceinte écorchée-vie, son enfant (une fillette) bientôt au monde dans une Syrie à feu et à sang. Filles entrelacs, Maeva cueille les mots sur les maux d’Anisa. « Face à face » lianes et regards, thé brûlant et la connivence miraculeuse.
L’osmose coopère aimante et compréhensive.
Maeva, artiste surdouée et attentive, devine les couleurs, les lèvres pâles et le pain perdu en Syrie. Elle dessine les périples, celui d’Anisa, de sa famille, réfugiés en Suisse, le visa Sésame, le glas d’une terre qu’elle ne verra plus jamais comme avant. 
Ici, tout est mouvement, réel et superbe d’intensité. On ressent l’exil à fleur de peau, l’humilité et l’orgueil de garder son libre-arbitre coûte que coûte et cet amour d’une langue incommensurable. La Syrie comme un souvenir d’avant la guerre.
Le moment présent, la sérénité et l’olympien d’un antre doux et compatissant. L’amitié fraternelle entre Anisa et Maeva est un bel escompte hyperbolique du futur. Dire et retranscrire , dessiner le face à face, la traversée d’un même miroir. Pour les générations futures et pour cette heure où le pouvoir d’un dessin réalise la force d’un voyage sans retour.
Ce livre graphique de concorde et d’hospitalité gagnante est un parchemin d’exemplarité et de bravoure. Les regards Alcazar, femmes unies dans l’adversité.
« De la Syrie, elles ne connaissent que mes récits. Elles ne se rendent pas compte qu’elles appartiennent à cette terre. » « Salutations à ta famille. »
« Face à face » un livre pétri d’humanité, une louange de paroles. le pictural qui excelle et ordonnent les couleurs universelles. Ne jamais reposer ce livre spéculatif, formidable et si beau. L’hospitalité grandiose, pierre angulaire de l’accueil, Anisa et Maeva inoubliables et confidentes.
Merci pour cette belle alliance avec les poèmes en arabe dont la traduction de Fouzia Benelmir est notre chance.
« Ce livre a reçu le prix Alumni de la Haute école de Lucerne, Hochschule Luzern -Design & Kunst .
« Tu seras la patrie de mes enfants et de mes petits-enfants. »
Une ode universelle, le plus beau cadeau de la vie même. Publié par les majeures éditions Antipodes.

Une belle critique de Evelyne Leraut sur Babelio, le 9 décembre 2022.

Page à pages

Le récit d’Anisa est posé, comme apaisé malgré le fait qu’elle ait vécu la guerre, eu un enfant qui n’aurait pas dû voir le jour dans ces conditions et quitté sa famille. On ne peut qu’être profondément ému par le parcours qu’elle a effectué avec son mari Khldoun. Leur première fille Marya est née en Syrie pendant la guerre ; Eva, la cadette, en Suisse, à Delémont, où la famille a obtenu le statut de réfugiés. Marya et Eva nous touchent également car elles portent en elles le déchirement de leurs parents. C’est si proche.

Quant au travail de Maeva Rubli, il est d’autant plus impressionnant qu’il a été réalisé dans le cadre de son travail de bachelor. Les dessins (gouache, crayons papier et couleur, pastel blanc), souvent dans des couleurs vives, apportent de la chaleur au récit lorsqu’il se déroule dans l’appartement d’Anisa. Quand il est question de souvenirs, du sang de la guerre et d’un accouchement difficile, Maeva utilise le rouge. Elle y met également une touche sans doute très personnelle et c’est bien. Il y a de la douceur et de la sincérité des deux côtés. On le sent également dans le texte, concis, qui se contente de relater. Ce face à face est décidément un livre de femmes, un livre de mères. Un long poème d’Anisa ouvre le livre en français et il le clôt en arabe.

Article de Katia Furter sur son blog Page à pages.

Belle rencontre

Face à face est le fruit d’une rencontre entre deux femmes qui n’auraient jamais dû se croiser si la brutalité de la guerre ne s’en était pas mêlé. Après avoir fui la Syrie, Anisa Alrefaei Roomieh arrive à Delémont, une petite ville du Jura suisse connu pour son festival de bande dessinée. Là, elle finit par croiser le chemin de la dessinatrice Maeva Rubli. Le courant passe, le dialogue s’instaure. Anisa finit par se raconter à Maeva, qui met en forme et en couleurs les mots de son amie. Récompensée dès sa sortie en langue allemande, l’ouvrage est désormais disponible en version française.

Article de GV, dans dBDMagazine, #166 de septembre 2022

 

Récit délié aux couleurs farouches, « Face à Face » relate un dialogue entre deux femmes : celle qui a quitté son pays d’enfance et de jeunesse, et celle qui l’accueille dans le sien, à quelques 3000 km de là.

Maison d’édition suisse spécialisée en sciences sociales, Antipodes a depuis 2014 lancé sa collection de BD, Trajectoires, qui comporte pour la majeure partie des récits illustrés.

Face à Face, nouveau récit dans leur collection, fait écho aux défis sociaux que la maison se veut de mettre en avant, telle la première œuvre publiée sous le label Trajectoire, EL-Medina d’Elmedina Shureci, et Gabrielle Tschumi, relatant le voyage d’une jeune migrante du Kosovo en Suisse.
Ici, il s’agit d’Anisa Alrefaei Roomieh, jeune femme syrienne qui raconte son départ de son pays natal à Delémont, en Suisse, à Maeva Rubli : la fuite de son pays, la guerre civile, ses espoirs défaits, ses espoirs ressuscités. En naît une amitié entre les deux femmes.

Originellement publié en allemand, le livre comporte des poèmes en arabe et des textes en français accompagnés de couleurs aux formes abstraites et saccadées, mêlant gouaches, crayons et pastels.

Si ce livre est difficilement qualifiable de BD, il est accompagné dans la collection d’autrices d’un semblable acabit, comme Marion Canevascini ou Hélène Becquelin : des récits largement autobiographiques et introspectifs, confondant aux illustrations des parcelles de souvenirs, dense en pages, léger en contenu, et lourd de sens, trop intimiste peut-être pour un lecteur peu aguerri. Face à Face est donc un bel objet pour les illustrateurs curieux ou pour les plus jeunes.

Article de Marlène Agius sur le site Actuabd.com, 23 août 2022