Adieu les enfants

Becquelin, Hélène,

2018, 127 pages, 20 EUR, ISBN:978-2-88901-146-9

Sœur cadette du génial et regretté Mix & Remix, dont le décès au cours de l’hiver 2016 nous a tous touchés, Hélène Becquelin a soulagé son chagrin avec le dessin et retrouvé leur enfance dans une série d’illustrations très tendres mettant en scène sa sœur, son frère et elle-même. Dans un dessin subtil et plein d’esprit, cet ouvrage tend un miroir à nos enfances, telle une série d’instantanés du temps passé.

Format Imprimé - 25,00 CHF

Description

Avec son personnage Angry Mum (deux tomes publiés aux éditions Glénat en 2010 et 2012), Hélène Becquelin n’hésite pas à cogner (en usant de beaucoup d’humour) sur les travers snobs de tout un chacun, en particulier quand elle s’en prend aux mesquineries des mères de famille. 

Sœur cadette du génial et regretté Mix & Remix, dont le décès au cours de l’hiver 2016 nous a tous touchés, elle a soulagé son chagrin avec le dessin et retrouvé leur enfance dans une série d’illustrations très tendres mettant en scène sa sœur, son frère et elle-même. 

Ces dessins, qui ont été exposés en septembre 2017 à la Galerie RichterBuxthorf à Lausanne dans le cadre du Festival off de BD-Fil, ont été rassemblés et complétés par d’autres croquis, dans cette bande-dessinée intitulée Adieu les enfants. On y retrouve les trois gamins attablés côte à côte usant ensemble leurs neocolors ou grimpant joyeusement aux branches du magnolia. Le bonnet de ski bleu blanc rouge du Crédit suisse, le velours côtelé bleu préféré, la robe de chambre du père avec laquelle les enfants se déguisent en curé, la tirelire cantonale dotée de dents qui empêche de récupérer les petits sous… Un amusant inventaire d’objets de ces années 60-70 réveille les souvenirs, tout comme des attitudes, des scènes, d’un quotidien à la fois singulier et commun à tous. 

Dans un dessin subtil et plein d’esprit, cet ouvrage tend un miroir à nos enfances, telle une série d’instantanés du temps passé.

Presse

Hélène Becquelin est invitée à la Puce à l’oreille (RTS1, 17 mai 2018). Écouter l’émission.

Hélène Becquelin est l’invitée de Vertigo (RTS1, 16 mai 2018). Écouter l’émission.

Hélène Becquelin est l’invitée culturelle du 12h45, le Journal (RTS, 7 mai 2018). Voir la séquence.

Hélène Becquelin est l’invitée du 12h30 (RTS, 4 mai 2018). Écouter l’émission.

 

Jeux drôles

Le titre Adieu les enfants sonne déjà comme un hommage à ce frère aîné trop tôt décédé. Car Hélène Becquelin est la sœur du célèbre dessinateur suisse Mix et Remix, mort en décembre 2016. Dans ce recueil de courtes histoires sans cases, l’auteur suisse exhume des souvenirs d’une enfance souvent heureuse. Nous sommes dans les années 60, la télé n’a pas encore envahi les foyers et les jeux vidéo n’existent carrément pas, alors les trois gamins dessinent, parfois avec des Caran d’Ache. Le top! Ils découpent aussi le catalogue de vente par correspondance de leur mère pour insérer des personnages dans leurs décors dessinés. Quand ils partent en vacances en camping, ils dessinent encore… Mais là, avec une grande pochette de feutres d’une marque meilleur marché. On comprend mieux pourquoi au moins deux membres de la famille sont devenus artistes. C’est avec beaucoup de tendresse et d’humour qu’Hélène Becquelin remonte le temps à travers des souvenirs qu’on imagine surgis un peu au hasard de sa mémoire. Elle utilise d’ailleurs un dessin au crayon rond et simple un brin désuet pour mieux entraîner le lecteur dans cette époque où la joie l’emporte sur les peines malgré tout.

Frédérique Pelletier, dBD, no 125, juin 2018, p. 112.

 

Un retour dans l’enfance

Hélène Becquelin nous emmène sur les traces de son enfance des années 1960-1970, avec sa sœur et son frère, le regretté Mix & Remix. Un récit à la fois sobre, plein de malice et joyeux.

Ce livre est né d’un deuil, auquel l’auteure, Hélène Becquelin, a été confrontée à la suite de la mort de son frère, le talentueux Mix & Remix. Ce décès a contribué à l’émergence de souvenirs de jeunesse qu’elle a retranscrits dans ce recueil d’illustrations. Hélène Becquelin a, en effet, senti le besoin de revenir sur certaines empreintes du passé et de nous les faire partager grâce à une série de petites histoires qui mettent en scène la vie familiale et, principalement, le trio formé par son frère, sa sœur et elle.

Les liens d’une fratrie

À travers l’enfance de la dessinatrice, c’est notre enfance qu’on revisite. Les liens d’une fratrie, les liens d’une famille. On y trouve, en effet, tout l’univers d’un monde désormais révolu, mais encore présent dans nos esprits. Évidemment, le lecteur n’a peut-être pas connu le Valais des Becquelin, les ballades le long du Rhône… Toutefois, l’évocation de ce microcosme fera remonter des souvenirs du jeune âge à tout un chacun.

Des balançoires aux fèves de la couronne des rois, du ski alpin aux figurines du catalogue Veillon, des sandwichs préparés par maman aux Points Mondo, une belle énergie parcourt cet ouvrage où la spontanéité des deux sœurs et du frère enthousiasme et se communique en gambadant d’une page à l’autre tel un voyage initiatique au pays de l’enfance avec ses jeux, ses astuces, sa douceur et aussi parfois son ennui, le dimanche en particulier.

Comme dans un film de Jacques Tati, le contexte est doté d’un charme désuet. Il n’y a, en effet, ni ordinateur, ni téléphone portable, ni internet. Le lecteur pourra ainsi se plonger dans une époque avec ses références marquantes: l’émission de télé « Blanche et Gaspard » ou les séries américaines « Le Roi et moi » et « Daktari ». Il partira sur le chemin des vacances pour l’Italie, en faisant un arrêt au restoroute « Pavesi » et se remémorera aussi les exploits de Roland Colombin, champion de ski valaisan.

Un engouement partagé pour le dessin

Dans tout univers, il y a un vocabulaire, en l’occurrence un mélange de trouvailles familiales et de parler propre à la région de Saint-Maurice. Hélène Becquelin, par conséquent, « lolle » ses habits. Il est aussi interdit de « tchaffer » dans les gouilles. Et, bien entendu, les feutres sont « poutzes » à la fin des vacances, avec ces « petits-Suisses-qui-dessinaient-tout-le-temps ». Rien d’étonnant à cela, le dessin constitue une passion du trio. De ce fait, l’ouvrage commence et se termine par l’image des enfants dessinant.

Cet engouement partagé pour l’art visuel fait figure de marqueur identitaire de la fratrie, dont on sait avec quel brio ses membres ont, par la suite, marqué le paysage romand, voire francophone. Au sein de cet ouvrage, l’auteure a, quant à elle, délaissé la couleur, préférant les nuances de gris bien mises en valeur par l’usage de la mine de plomb. Le trait léger et élégant convient parfaitement au récit à la fois sobre, plein de malice et joyeux. Hélène Becquelin nous convie ainsi à reparcourir les sentiers de l’enfance, une traversée inoubliable.

Fabrice Bertrand, Gauchebdo, 22 juin 2018.

 

Hélène Becqulin

Souvenirs d’enfance

Bien involontairement, le titre renvoie à Au revoir les enfants, le film éprouvant de Louis Malle, alors qu’au contraire, dans Adieu les enfants (Ed. Antipodes), tout n’est que sourires. Dans la même veine autobiographique que Chroniques birmanes de Guy Delisle ou Persepolis de Marjane Satrapi, le roman graphique d’Hélène Becquelin nous entraîne dans une enfance valaisanne au début des années 70. Des souvenirs heureux qui ont permis à son auteure d’accepter la disparition de son frère Philippe, l’immense Mix & Remix. C’est plein de tendresse et d’humour, ça sent bon les vacances. Le trait est délicat. Touchant et réussi.

Philippe Clot, L’Illustré, avril 2018.

Hélène Becquelin croque dans une savoureuse madeleine

Avec le très réussi Adieu les enfants, l’auteure lausannoise remonte le temps, entre tendresse et émotion.

Pour peu que vous ayez grandi dans les années 60-70, vous avez forcément vibré comme Hélène Becquelin aux exploits de Roland Colombin sur une TV achetée tout exprès pour les JO de Sapporo. Voire joué au jokari, collectionné les points Mondo et Silva ou effectué des balades dominicales le cou ceint d’une « cravate à élastique » et les pieds serrés dans des chaussettes à trous-trous.

Toutes situations proches de l’universel décrites dans Adieu les enfants, magnifique petit recueil d’illustrations mettant en scène l’auteure, sa sœur cadette et son grand frère. Trois gosses passionnés par le dessin, le genre à vous poutzer une pochette de feutres durant les vacances d’été. Pas des Caran d’Ache, attention, ceux-ci coûtaient déjà une blinde, il fallait se contenter d’une sous-marque, mais ça n’enlevait rien à la passion dévorante pour le trait.

Avec ces planches à la mine de plomb publiées initialement dans le quotidien Le Temps, l’auteure d’Angry Mum remonte le temps, entre tendresse et émotion, manière de soulager son chagrin en souriant plutôt qu’en pleurant. Car le frangin de ce trio, c’était Mix & Remix, disparu au cours de l’hiver 2016. Un gosse déjà doué pour l’humour, qui faisait rire ses sœurs en racontant des histoires drôles sur la base des images imprimées sur les cartes « Daktari », une série télévisée d’aventures animalières.

Remember Judy, l’impertinente guenon, et Clarence, le vieux lion atteint de strabisme? « C’était bonnard », pour reprendre une des nombreuses expressions romandes utilisées par Hélène Becquelin dans ce bouquin fleurant bon la madeleine de Proust.

Philippe Muri, Tribune de Genève et 24 Heures, 27 mai 2018.

 

Adieu les enfants

Les souvenirs d’enfance d’Hélène Becquelin rassemblés dans un livre

L’enfance, c’est un agrégat de petits riens qui s’oublient quand on devient grand. Hélène Becquelin, elle, se souvient des gouttes d’eau qui tombaient sur la tente, de la vapeur qui montait des chaussettes après une journée de ski, des balades en char à foin, d’un hanneton sur les bords du Rhône et des longues heures passées à dessiner avec sa sœur, Laurence, et son frère, Philippe, qui deviendra célèbre sous le nom de Mix & Remix. Les lecteurs du Temps ont découvert l’été passé cette chronique dessinée d’un crayon très doux. La voici sous forme de livre.

Antoine Duplan, Le Temps, 11 mai 2018.

  

Quand les souvenirs d’enfance jaillissent du crayon

Dans sa nouvelle bande dessinée, Hélène Becquelin revient aux sources. Un livre touchant, lumineux, qui a pris racine le jour de l’enterrement de son frère.

Adieu les enfants. Si l’on s’en tenait au titre de la BD et au fait qu’elle soit née un jour de fu­nérailles, il serait légitime d’imaginer un ouvrage déprimant. Ce serait mal connaître l’illustratrice Hélène Becquelin (auteure d’Angry Mum, Ed. Glénat).

Noël 2016, la Suisse romande et le monde du dessin pleurent Mix & Remix. À la cérémo­nie d’adieux, sa sœur Hélène n’écoute pas les hommages. « Ils parlaient de Mix, pas de Phi­lippe. Les jours qui ont suivi, je me suis dessi­née à l’enterrement en train de penser à notre enfance. Quand un journaliste m’a demandé de témoigner pour un article d’hommage à mon frère, j’ai dit que je ne voulais parler que de cette partie-là de notre vie. Je ne me re­tourne pas souvent sur le passé. Tout était en­foui, et les vannes se sont ouvertes! »

Il aura suffi de quelques images postées sur sa page Facebook pour que tout s’enchaîne. La publication de sept histoires courtes dans Le Temps et une exposition à la Galerie Richter­Buxtorf confirment l’engouement de ses lec­teurs, et Hélène se laisse porter jusqu’à réaliser 130 pages « alors qu’à la base je ne cherchais même pas à être éditée! »

Mariée et maman de deux jeunes adultes, punkette à cheveux blancs et robe à fleurs, l’exubérante dessinatrice, valaisanne d’origine et lausannoise d’adoption, le précise d’em­blée: ce livre n’est pas un hommage. Il s’agit de ses souvenirs d’enfance, point. Pas de prénom, peu de lieux précis. « Quand tu es enfant, tu ne te rends pas compte de l’endroit où tu es. »

Mais il suffit de plonger dans la première planche pour y trouver avec régal une suissi­tude vintage et les petits bonheurs quotidiens d’une famille de trois enfants (deux filles et un garçon), sous des titres de chapitres évoca­teurs: « Nutella et ‘bricoles », « Sardines et pi­pistrelles », « Modzon et char de foin »…

Chez Hélène, on découpait des silhouettes dans le catalogue Veillon, on vénérait les feu­tres Caran d’Ache. On regardait « Blanche et Gaspard » à la télé tous les lundis chez les lundis chez les grands-parents, on collectionnait les points Mondo, et on « tchaffait » dans les gouilles.

« J’avais l’impression qu’on avait une enfance particulière! On ne faisait pas de sport, on des­sinait tout le temps… Mais finalement mes anecdotes personnelles parlent à plein de monde. » À tel point que, régulièrement, les lecteurs surenchérissent, en lui racontant leurs propres souvenirs.

Le coussin qui sent les vacances

De la culotte en dentelles qui gratte les fesses à la débattue après le ski, en passant par les grimpettes dans le magnolia en fleurs, le trait de crayon est délicat, presque enfantin. Les détails sont savoureux, parfois mis en valeur par des légendes fléchées. Comme ce « coussin qui sentait encore un moment les vacances. Un mélange de voiture chaude et de caout­chouc. »

On perçoit au fil des saynètes un cocon ras­surant, un sentiment très doux protégé par une bulle bienveillante. Même les passages où l’on détecte des soucis familiaux (sa maman a été opérée du cœur, nous explique l’auteure) sont emplis de toute cette énergie positive dont les enfants ont le secret. Papa et Maman s’absentent plusieurs jours et on n’en connaît pas la raison? Aucun souci: on saute sur le lit des grands-parents pour s’amuser, en atten­dant. En plus, on a le droit de regarder la télé­vision plus tard que d’habitude. Pourquoi donc s’en faire?

« Adieu les enfants » est une phrase que pro­nonçait fréquemment sa grand-maman Louisa, une femme qui l’a beaucoup influen­cée. Le choix de ce titre est aussi une manière pour Hélène Becquelin de dire adieu à sa pro­pre enfance, et à son frère. Ce dernier aurait-il apprécié l’album? « Je pense que oui, répond l’auteure. On ne jugeait jamais nos travaux respectifs. Mais un jour j’avais publié sur mon blog quelques dessins liés à notre enfance, et il m’avait appelée pour me dire qu’il les aimait. Avec Philippe, on avait la même sensibilité. »

Après avoir mis en scène sa vie de mère de famille dans les deux tomes de la BD Angry Murn, Hélène Becquelin pensait raconter son adolescence. Mais c’est l’enfance qui l’a rattra­péè par les bretelles, avec ses « bletz » aux ge­noux, ses balades ennuyeuses du dimanche, ses cabanes dans les arbres, et ses boîtes de crayons de couleurs.

Camille Destraz, Le Matin Dimanche, 22 avril 2018.