Capitão

Boroni, Stefano, Karlen, Yann,

2019, 113 pages, 22 €, ISBN:978-2-88901-164-3

Capitão, un ancien missionnaire désillusionné évoque ses souvenirs. Inspirée de la vie de Georges-Louis Liengme, missionnaire et médecin au Mozambique, cette bande-dessinée retrace le travail, relativement méconnu, des missionnaires suisses en Afrique et permet de découvrir les liens historiques entre la Suisse et l’Afrique australe entre le XIXe et le XXe siècle.

Format Imprimé - 27,00 CHF

Description

En Afrique australe, dans une Taverna de Lourenço Marques, un vieil alcoolique raconte sa vie à un serveur indigène. Eduardo est un jeune Mozambicain assoiffé de connaissances qui cherche à comprendre la puissance des blancs, tandis que Capitão est un ancien missionnaire suisse qui a perdu la foi en sa mission. Pourtant leur rencontre va changer l’Histoire, car le jeune serveur n’est autre qu’Eduardo Mondlane qui deviendra le leader de la révolution et libérera le Mozambique de la domination portugaise. Au travers de leur échange, ce sont cent ans d’influence missionnaire suisse au Mozambique et les réalités d’une vie quotidienne difficile qui sont racontées.
Cette bande dessinée s’inspire de la vie des missionnaires suisses tels qu’André Clerc et Henri-Alexandre Junod, mais surtout de Georges-Louis Liengme, qui a notamment été le médecin du dernier empereur Zoulou Gungunhane capturé par les Portugais après une guerre d’usure de plusieurs années.

La bande dessinée comporte un feuillet historique qui permet de séparer la fiction de l’Histoire.

Elle est également accompagnée d’une exposition «Derrière les cases de la Mission», d’abord à l’espace Arlaud à Lausanne du 30 août au 17 Novembre 2019, puis au Musée d’Ethnographie de Neuchâtel dès le 12 septembre 2020 (projet co-organisé par l’association Lemana, le Musée Cantonal d’Archéologie et d’Histoire et le Musée d’Ethnographie de Neuchâtel).
La publication du journal du missionnaire Georges-Louis Liengme, enrichi d’un appareil critique réalisé par l’historien Éric Morier-Genoud, vient compléter cette exposition à Neuchâtel (Coll. Histoire, Ed. Antipodes, 2020).

Les auteurs
Originaire du Tessin, mais habitant Lausanne depuis de nombreuses années, Stefano Boroni est diplômé de l’ECAL où il a gagné plusieurs prix. Il collabore à différents projets éditoriaux, notamment pour l’ONG Nordesta, et enseigne l’illustration à l’Eracom. 

Rien ne prédestinait Yann Karlen à la bande dessinée, si ce n’est sa rencontre avec Stefano Boroni. Rencontre fructueuse, puisqu’elle lui a permis de signer scénario de Capitão.

 

 

Ils sont passés en dédicaces…

Musée d’Ethnographie à Neuchâtel > Rencontre avec les auteurs dans le cadre du vernissage de l’exposition Derrière les cases de la mission et de la publication du journal de bord de Georges-Louis Liengme (sous la direction de l’historien Éric Morier-Genoud, coll. Histoire, Ed. Antipodes, 2020). L’exposition est organisée conjointement avec le Musée Cantonal d’Archéologie et d’Histoire
Espace Arlaud, Lausanne
Forum de l’Hôtel de Ville, Lausanne (dans le cadre de Lire à Lausanne)
Librairie Payot, Lausanne
Librairie Raspoutine, Lausanne (exposition des planches originales jusqu’au 31 novembre)
Librairie Cumulus à Genève


Rencontres et expositions 2019…
Du 12 au 16 septembre · Festival BDFIL à Lausanne
Dédicaces, rencontres avec les auteur·e·s, conférences et expositions des planches originales des trois BD Capitão, Adieu les enfants (tome II) et Je suis grosse (parution 2020), sélectionnées dans la programmation officielle

13 septembre · 20h · Soirée du Cran Littéraire au cinéma Bellevaux à Lausanne
Performance de lecture théâtralisée de la BD par Alain Maillard

Du 30 août au 17 novembre · Derrière les cases de la mission à l’Espace Arlaud, Lausanne
Autour de la BD Capitão, ateliers BD avec les auteurs, visites thématiques et échanges

Planche(s)

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Presse

Lu et partagé !

Dans un album sombre, nous suivons les traces du Capitao, un de ces hommes qui a émigré de Suisse au Mozambique au milieu du 19e siècle, afin d’y devenir missionnaire. Se racontant à un jeune Mozambicain, l’homme fait part de son histoire, de ses certitudes et de ses doutes. A l’intersection de plusieurs cultures, l’homme s’est révélé plus complexe qu’il n’y paraît. De son idéal colonial, il reste peu de choses et tant d’expériences. Cet album-BD est très beau dans sa réalisation et très intéressant dans son contenu, il n’est cependant pas à mettre dans les mains de trop jeunes enfants et peut être lu par des adolescents, dès 14 ans. Un dossier final complète l’album pour mettre en perspective et avec nuance les faits historiques relatés.

Article de Clément Fourrey dans le deuxième numéro de Lu et partagé !

Macagno on Karlen and Boroni, « Capitão »


Capitão
, a story in comic strip form created by Yann Karlen (story) and Stefano Boroni (illustrator), is an allegory inspired by the experiences of Swiss missionaries in Mozambique. It is not intended as a factual history. It is, purposefully, a work of fiction, or rather, a fictional story.

The so-called Swiss Mission was a primordial player in the colonial history of Mozambique, and its presence had striking contemporary consequences for that country. The fact that Eduardo Mondlane, the father of the nation, had been educated by the Swiss missionaries is a symptom of this centrality. The protagonism of those missionaries began around 1890, a period of intense changes, both in the Portuguese metropole and in the colony. It was, above all, a moment marked by the military conquest of the present-day territory of Mozambique.

Before arriving in Mozambique, the Mission Suisse Romande set up missionary stations in the “Boer” province of the Transvaal, in what is now South Africa. Its main bases were at Valdezia, Elim, and Shilouvane. In Mozambique, the principal missions were those of Lourenço Marques, Rikatla, Antioka, and Mandlhakaze. Paul Berthoud, together with Ernest Creux, founded the mission at Valdezia; later, he would work in Moçambique. In 1891, his brother, Henri Berthoud (as a missionary in Valdezia) visited Mozambique for the first time. The missionary doctor Georges-Louis Liengme also arrived in that same year. However, perhaps the best known of all the missionaries was Henri-Alexandre Junod, who produced a masterly anthropological work: The Life of a South African Tribe, along with numerous essays and public statements on the situation of the “natives” of East Africa.[1]

At the time, Gunghunhana (or Ngungunyane), “king of Gaza,” ruled over a multiethnic empire in the central and southern regions of what is now Mozambique. The missionary physician Liengme set up base in Mandlhakaze, the very place where Gungunhana held court. For three years, Liengme had the privilege of participating in the local day-to-day life, winning the trust of Gungunhana himself. Technically, the “king of Gaza” was a Portuguese subject. However, he would become an enemy of the Portuguese from 1894, when the decision was made to occupy the territory of the Gaza empire. Liengme left precious annotations about his life in the court of Gungunhana. This diary has recently been organized and published by Eric Morier-Genoud.[2]

Let us recall that around 1895, the so-called “effective occupation” of the territory of Mozambique began. This was the war Portugal waged against the principal local African leaders, including Gungunhana. For the Portuguese, the Swiss missionaries occupied an ambiguous, uncomfortable position. Whereas Portugal sought to take advantage by force of arms, the missionaries had won the trust of local populations. For this reason, these “exotic” philanthropists were viewed with suspicion by the Portuguese authorities.

The experience of the Swiss missionaries in Mozambique has inspired a vast bibliographic corpus. The work of Patrick Harries is perhaps one of the most notable on this theme.[3] Many Mozambican intellectuals have studied the legacy of those missionaries. The historian Teresa Cruz e Silva caused us, for example, to reconsider the role of the Swiss Protestants in the creation of a nationalist and anticolonialist conscience in Mozambique. Thus, the Swiss presence also encouraged further philosophical and sociological reflections concerning the construction of nationhood. Not by chance, perhaps, one of the authors of Capitão (Stefano Boroni) was himself a student of the Mozambican philosopher Severino Ngoenha in Lausanne.

We are not speaking therefore, of past histories, but of an educational, religious, and scientific intervention that left deep imprints on contemporary Mozambique. Today the ethnography of Henri-Alexandre Junod is debated by various intellectuals, film directors, missionaries, writers, anthropologists, artists, and philosophers. For example, the work of the famous painter and plastic artist Malangatana—originally from the region of Marracuene—cannot not be understood without taking into account this legacy. The experience of the Swiss missionaries in Mozambique was also taken up by film director Camilo de Sousa (with the collaboration of Licínio Azevedo), who released a documentary titled Junod (2006), about the legacy of the missionary-ethnographer. Hence, today the dilemmas of Mozambique, and therefore, of the construction of “Mozambique-ness,” cannot be discussed without evoking the heritage left by the Swiss missionaries. History books, personal diaries, paintings, documentaries, and now, a comic book!

But who is Capitão? Those familiar with the history of the Swiss Mission in Mozambique will be surprised—and entertained—by the comic strip. Those new to the subject will certainly be curious to know more about the experience of those missionaries. But it must be said that Yann Karlen and Stefano Boroni’s work is a “serious game.” At times, Capitão, the protagonist, reminds us of the unmistakable figure of Georges-Louis Liengme. But Capitão also appears to evoke the life of Henri-Alexandre Junod himself. The work of Yann Karlen and Stefano Boroni is replete with real historical and iconographic references. It is, as linguists say, a work replete with intertextualities. But it would be ungenerous for readers to limit themselves to merely seeking to identify factual references, as Capitão is more than a simple intertextual micronarrative. It is, above all, a great intellectual bricolage; a narrative and visual collage capable of generating multiple significations and polyphonies.

Capitão, the protagonist, was, like Liengme, a missionary doctor. After curing the son of king “Ngou” (here we see an obvious reference to the historical figure of Gungunhana), he had won the trust of the natives. A series of conflicts ensued, among them, a quarrel with Chidzilo, the traditional healer (Nyanga). It amounted to a civilizatory confrontation between the knowledge of the missionary and that of the Africans. There is a moment in which the linearity of Capitão’s task is threatened, when he falls in love with Ntsako, a beautiful young woman of the village. Its subjectivity is confronted with this unforeseen event. New conflicts and tensions emerge, until, finally, “romantic love” prevails: “Entre l’amour de Ntsako e ma mission, j’avais enfin trouvé un sens à ma vie [Between my love for Ntsako and my mission, I have finally made sense of my life],” says Capitão, almost at the end of the book (p. 84). But this apparently bucolic romanticized world is interrupted by the war: the effective occupation of Mozambique carried out, in real history, by Antonio Ennes and his “centurions.” The Portuguese are ready to invade the village. Ngou, the king, asks Capitão for his assistance. His mission will not be an easy one. Capitão travels to Lourenço Marques to talk to the Portuguese governor: “Je vous assure que Ngou ne veut que la paix! [I assure you that Ngou only wants peace!]” says Capitão to the governor (p. 85). We are, supposedly, at the end of the nineteenth century, but Stefano Boroni, the illustrator, opted to portray the Portuguese governor with the same facial characteristics as the dictator Salazar! What a provocation.

The end is near. Ntsako is pregnant. Capitão waits, anxiously, for his “African” son to arrive. But tragedy is imminent. The Portuguese destroy the village, and later, Capitão finds his beloved Ntsako dead, the victim of the invading forces. He is disconsolate and loses faith. Disillusioned, the missionary would later, in old age, become an alcoholic. In the book, this brief story is told in the first person, by Capitão himself, now aged and disenchanted. At a bar in Lourenço Marques, the former missionary, getting drunk, narrates his past adventures. It is probably the 1950s. Listening attentively to these stories told by Capitão is a young African waiter. It is not until the end of the book that the reader discovers the name of the young waiter: Eduardo Chitlangu Mondlane!

Due to a primordial scientific imperative, historians and social scientists are accustomed to the tyranny of citations, factual evidence, the density of bibliographic notes. Capitão, obviously, is not a book based upon the social sciences. Neither is it a simple parable aimed at illustrating historical facts: something like “the Swiss Mission in Mozambique explained for children.” The authors took a different route. A more libertarian, and therefore, profoundly human route. After all, that is how art ultimately works: as an invitation to cross into other semantic dimensions and thus, amplify the range of human experience. It is almost a sarcastic irony that in this book, the young mission doctor (Capitão) later becomes an alcoholic. This is tantamount to the opposite of the “real” historical figure of Liengme! As Eric Morier-Genoud warns us in the introduction to Liengme’s diaries: “Il fut un des tout premiers militants du mouvement d’abstinence (antialcoolique) qui deviendra la Croix-Bleue [He was one of the very first activists of the abstinence (anti-alcoholic) movement that would become the Blue Cross]” (p. 15).

Capitão, as an artistic object, extends the possibilities of what can be said and imagined. Against the normativist, teleological, and linear imperatives of the missionaries’ lives, it shows us the contradictions of human subjectivity, friendship, love, passion. In other words, almost the reverse of Calvinist asceticism. In its own way, therefore, Capitão is a welcome provocation to exercise in the art of thought with a sense of humor and delicateness.

The book begins with a preface by the writer Mia Couto and ends with a “Survol historique” (historical overview) written by Eric Morier-Genoud and Yann Karlen. Those responsible for the publication of the book, at the publishing house Antipodes, in Lausanne, performed a veritably coherent act in publishing Capitão and, immediately afterwards, Convertir l’empereur (Liengme’s diaries, organized by Eric Morier-Genoud). The two works are symmetrically opposed, yet complementary. Those interested in the cultural and political history of the Mozambican region of Africa should celebrate this partnership.

Notes

[1]. The Life of a South African Tribe (London: Macmillan, 1913).

[2]. Convertir l’empereur? Journal du missionnaire et médecin Georges-Louis Liengme dans le sud-est africain, 1893-1895 (Lausanne: Éditions Antipodes, 2020).

[3]. Butterflies and Barbarians: Swiss Missionaries and Systems of Knowledge in South-East Africa (Athens: Ohio University Press; Oxford: James Currey, 2007).

Reviewed by Lorenzo G. Macagno (Universidade Federal do Paraná),
published on H-Luso-Africa, H-net (Humanities and Social Sciences Online), May 2021

 

COMPTE RENDU
de la Société suisse d‘études africaines / Schweizerische Gesellschaft für Afrikastudien
ASSH Académie suisse des sciences humaines et sociales

La Suisse s’est longtemps pensée (et se pense largement encore) comme ayant été à l’abri ou étant demeurée en-dehors des dynamiques historiques du moment colonial. Depuis une vingtaine d’années pourtant, l’image d’Épinal d’une Suisse « petit pays neutre sans colonies » a été battue en brèche par plusieurs travaux de recherche. On citera, à titre d’exemple et sans prétention à l’exhaustivité, l’ouvrage de Thomas David, Bouda Etemad et Jannick Marina Schaufelbuehl sur la participation de la Suisse à la traite des esclaves, le travail novateur de Patricia Purtschert sur la culture coloniale en Suisse et ses prolongements postcoloniaux, ou encore, dans un contexte certes bien différent, le projet du Fonds national de la recherche scientifique consacré aux relations entre la Suisse et l’Afrique du Sud au temps de l’apartheid (PNR 42+). Sans oublier bien sûr la contribution pionnière du regretté Patrick Harries, qui a été parmi les premiers à réfléchir non seulement à l’influence des missionnaires européens sur
les sociétés africaines, mais également à la façon dont les représentations de l’Afrique et des Africains véhiculées par les missionnaires suisses romands dès la fin du 19e siècle ont durablement influencé le regard porté sur l’Afrique tout en contribuant à la formation des identités en Suisse.

La bande dessinée Capitão et l’exposition qu’elle a inspirée, Derrière les cases de la mission, offrent une contribution originale et pertinente à ces débats. Elles portent en effet sur le rôle que la Suisse a joué dans l’entreprise missionnaire en Afrique australe, notamment au Mozambique. Ce faisant, elles invitent aussi à la réflexion sur les images que les missionnaires suisses romands ont véhiculées en Suisse aux 19e et 20e siècles à propos des territoires, des peuples, des langues et des cultures du continent africain. Enfin, dans la lignée des travaux de Patrick Harries, elles permettent d’interroger l’impact que ce regard sur l’Autre a eu, par effet de miroir, sur les perceptions identitaires et culturelles en Suisse.

Dans Capitão, Yann Karlen (scénario) et Stefano Boroni (dessin) dressent le portrait d’un ancien missionnaire désillusionné, client régulier (et régulièrement aviné) d’un bar de Lourenço Marques (actuelle Maputo), dans lequel il noue une relation d’amitié avec un jeune serveur curieux et avide de connaître l’histoire de ce Mulungu (blanc) dont les bras sont marqués d’un tatouage zulu. La rencontre fortuite laisse la place au récit de l’aventure de celui que l’on surnomme le « capitaine », un jeune médecin-missionnaire suisse qui, dès son arrivée au Mozambique à la fin du 19e siècle, se retrouve à la cour de Ngungunhane, le dernier roi de Gaza. Le jeune médecin est, bien malgré lui, pris dans ce qui conduira à la conquête du royaume de Gaza par les militaires portugais, puis à la capture et à la mort de Ngungunhane. Le Capitão y perdra l’amour et ses illusions de jeunesse, mais pas sa foi en l’avenir de la société mozambicaine, incarné par le jeune serveur.

Pour construire le personnage du Capitão, les auteurs se sont inspirés de trois figures de l’histoire de la Mission suisse au Mozambique : Georges-Louis Liengme, qui fut effectivement médecin personnel de Ngungunhane, Henri-Alexandre Junod, missionnaire, ethnographe et pionnier de l’anthropologie sociale en Afrique australe, et André Clerc, qui noua une relation très proche avec celui qui, dans la BD, devient le confident du Capitão, et qui n’est autre qu’Eduardo Mondlane, premier président du Front de libération du Mozambique (Frelimo), le mouvement qui mena la guerre de libération contre le pouvoir colonial portugais. Le mélange très habile des figures historiques et des personnages de fiction ainsi que le télescopage des époques permettent aux auteurs de prendre leurs distances par rapport à l’histoire pour mieux y réfléchir.

Le grand mérite de Yann Karlen et Stefano Boroni est en effet d’avoir gagné un pari a priori très risqué : celui de construire une fiction qui emporte le lecteur dès les premières planches tout en gardant suffisamment de vraisemblance historique pour contribuer aux débats sur le rôle des missions chrétiennes en Suisse et en Afrique australe mais, au-delà, sur la place de la Suisse dans le mouvement colonial. Alors qu’il aurait été très facile de tomber dans la caricature du missionnaire laquais du colonialisme ou, au contraire, dans l’hagiographie des grandes figures de la mission, Capitão impressionne par la subtilité du récit et par la capacité des auteurs à montrer toute l’ambivalence de l’entreprise missionnaire. Cet aspect de l’ouvrage est renforcé par une brève synthèse historique, rédigée par Eric Morier-Genoud et Yann Karlen, qui replace la fiction de la BD dans l’histoire de la mission suisse romande en Afrique australe aux 19e et 20e siècles. En filigrane, Capitão est également un hommage à l’œuvre de Patrick Harries, que le dessinateur Stefano Boroni connaît bien, lui qui a commencé une thèse de doctorat en anthropologie sur l’utilisation de l’image dans le travail de la mission suisse au Mozambique, avant de bifurquer vers l’illustration.

L’exposition Derrière les cases de la mission, qui a été présentée à L’Espace Arlaud à Lausanne du 30 août au 17 novembre 2019 et qui est à nouveau programmée au Musée d’ethnographie de Neuchâtel (MEN) entre le 15 mai 2020 et le 31 janvier 2021, permet de prolonger la réflexion. Prenant appui sur le travail de Karlen et Boroni, les commissaires de l’exposition, Lionel Pernet pour le MCAH et Grégoire Mayor pour le MEN, emportent le visiteur dans une grande fresque historique entre la Suisse et l’Afrique australe, qui commence par les origines du mouvement missionnaire dans les églises libres de Suisse romande au milieu du 19e siècle et se termine, un siècle plus tard, sur l’articulation complexe entre mission suisse, (anti-)colonialisme et nationalisme.
L’exposition est construite autour d’objets, d’images et d’écrits. Des objets ramenés en Suisse par les missionnaires et d’autres ayant servi à leur travail sur place témoignent de la rencontre – ou de la confrontation – entre deux mondes, comme dans la chambre d’hôpital où se font face instruments médicaux ayant appartenu à Liengme et remèdes et médicaments africains (voir page de couverture). L’utilisation de l’image y joue aussi un rôle très important, que ce soit dans les extraits de films destinés à soutenir les collectes de fonds en Suisse ou d’autres qui rappellent l’usage que Liengme faisait de la lanterne magique qu’il avait apportée avec lui à la cour de Ngungunhane. Les écrits reproduits (récits, correspondances, rapports, ouvrages, revues…) informent quant à eux sur les techniques d’évangélisation des missionnaires, les difficultés rencontrées sur le terrain, et leurs représentations de l’Afrique et des Africains. Le tout est complété par des textes explicatifs dont il faut souligner la très grande qualité et qui, de façon à la fois synthétique et très nuancée, mettent en perspective historique et critique les relations qui se nouent dans l’espace missionnaire.

Enfin, une installation de l’artiste vidéaste Laurence Favre et une salle consacrée à l’expérience que l’écrivain James Baldwin a vécue à Loèche-les-Bains dans les années 1950 avant de la relater dans son livre L’étranger au village, offrent deux contrepoints actuels à la réflexion historique et replacent l’exposition dans les débats sur l’héritage colonial et le postcolonialisme. Une exposition d’une très grande richesse donc, visuellement très réussie et qui permet de se plonger dans toute la complexité et l’ambivalence d’une histoire très (trop) peu connue en Suisse. À noter que le journal de Georges-Louis Liengme, qui relate ses années au Mozambique, sera publié pour la première fois au printemps prochain à l’occasion de l’ouverture de l’exposition au MEN.

Parmi les limites de la BD et de l’exposition, on pourra regretter notamment que le travail des évangélistes africains, central dans la diffusion du message chrétien, ne soit pas vraiment présent. Mais cela n’enlève rien à l’intérêt de Capitão et de l’exposition qui nous permettent de jeter un regard « derrière les cases de la mission » afin de réfléchir aux liens historiques entre la Suisse et l’Afrique subsaharienne et à leurs prolongements actuels.

DIDIER PÉCLARD, compte-rendu dans la newsletter de la Société Suisse d’Etudes africaines, 2019

 

 

BD coup de coeur de Michel Cerruti, 300 millions de critiques (TV5Monde, 23.11.19) >> regarder l’émission
(la séquence sur la BD démarre à 47’40)

 

 

Missions romandes en Afrique australe

Sans colonies, la Suisse a pour-tant un passé colonial. L’œuvre de l’Église libre romande en Afrique resurgit à la faveur d’une exposition et d’une bande dessinée. Dans l’ouvrage Capitao, Stefano Boroni et Yann Karlen relatent une histoire fictive imprégnée de la réalité historique. Se déroulant au Mozambique portugais, elle retrace le parcours d’un capitaine, dont la vie s’inspire de celle menée par les missionnaires romands Georges-Louis Liengme ou Henri-Alexandre Junod. Louvrage montre le travail d’acculturation des populations du Mozambique réalisé par les membres de l’Eglise libre, la confrontation des cultures, et les alliances nouées entre indigènes et missions. Ces dernières construisent des temples, traduisent la Bible dans les langues locales et prodiguent des soins. Le personnage principal de l’histoire s’intéresse aussi à la faune locale et constitue une collection de papillons. Il contribue en outre à la formation d’une élite en dispensant ses savoirs européocentrés. Cette nouvelle connaissance donnera des outils contre l’occupant portugais. Les colons apparaissent à la fin de la narration, dans un épilogue tragique. La force du récit tient tant à la qualité du travail de documentation effectué qu’à la qualité du scénario.

Fabrice Bertrand, Revue Passé Simple n° 49, p. 34

 

Stefano Boroni et Yann Karlen, invités de Julie Evard dans le Rendez-vous culture du 12h45 (RTS info, 16.10.19) >> écouter l’émission

 

 

Il était une foi

A la fin du XIXe siècle, les curés suisses décident d’évangéliser l’Afrique du Sud et le Mozambique. Ils y envoient donc des missionnaires. Capitao, c’est justement l’histoire de ce religieux médecin qui débarque en Afrique, au Mozambique, toute récente colonie portugaise, et qui fonce tête baissée voir une tribu pour y construire une église, traduire la bible, lutter contre le sorcier local. .. On n’est pas dans Tintin, ce récit-là est bien plus sérieux, mais forcément on est un peu dans le même sujet.
Les auteurs prennent bien soin d’expliquer qu’il s’agit d’un échange, que les religieux apportent non seulement leurs croyances mais aussi leur savoir-faire, et que le pays finit par déteindre sur eux. Aujourd’hui, un important travail de mémoire est fait à Lausanne. Il y a une exposition, de la documentation, de la transmission de savoir aussi. Si cette bande dessinée était un peu moins confuse, cela serait parfait, mais tant dans la narration que dans le dessin trop jeté, on s’y perd un peu. Il m’a fallu la relire deux fois pour tout comprendre.

Critique de Ronan Lancelot, dBD Magazine, novembre 2019

 

Pourquoi il vaut la peine d’aller guigner derrière les cases de la mission, à l’Espace Arlaud

Jusqu’au 17 novembre, le Musée cantonal d’archéologie et d’histoire invite son public à découvrir l’histoire des missionnaires vaudois en Afrique du sud, au Lesotho et au Mozambique. «Découvrir», car il y a fort à parier que beaucoup d’entre nous ne connaissions pas ce pan d’histoire régionale pourtant passionnant.

«Je n’avais jamais entendu parler des missions vaudoises en Afrique», avoue Gaëlle Nydegger, chargée de recherche au Musée d’archéologie et d’histoire. L’exposition «Derrière les cases de la mission» plonge le public dans l’histoire romande ultra-contemporaine. La pièce exposée la plus récente date de 1975!
L’histoire des missions romandes en Afrique commence en 1870. L’Église libre protestante du canton de Vaud décide d’envoyer deux missionnaires, Ernest Creux et Paul Berthoud, au Lesotho. En 1875, la mission vaudoise devient romande. Les missionnaires, souvent des érudits, partent s’installer notamment au Mozambique, alors colonie portugaise. Si leur but est de convertir les populations locales, ils s’engagent aussi dans l’enseignement, amènent des connaissances médicales, assemblent des collections d’insectes (encore conservées aujourd’hui dans nos musées). Persuadés de détenir la vérité et convaincus de leur supériorité, ils construisent une vision de l’Afrique qu’ils vont renvoyer en Suisse.

Un système de communication bien rôdé

La fiction sert de porte d’entrée dans l’exposition. Au seuil de chaque salle, une ou plusieurs cases de la BD Capitão (parue cette année aux éditions Antipodes) accueillent les visiteurs, invités à aller regarder derrière. Les salles immersives présentent chacune un thème: la médecine, classer les choses (au risque de plaquer des préjugés occidentaux sur la réalité), la lanterne magique, la conversion, le système scolaire.
La première salle reconstitue par exemple une vente d’objets ramenés d’Afrique. Les missions étaient des entreprises privées. Le Conseil d’État vaudois avait en effet interdit l’évangélisation et le prosélytisme à l’Église nationale. Ces ventes, annoncées dans les journaux locaux, étaient des moyens de garnir les caisses de l’Église libre, de montrer une image construite de l’Afrique et de justifier son évangélisation. Il y avait un véritable business de cartes postales, calendriers et autres tirelires, que certaines familles vaudoises possèdent encore aujourd’hui.

Jeux de miroir

Une salle très intéressante est consacrée à l’usage de la «lanterne magique». Le chassé-croisé d’images (et de représentations construites) est saisissant. En Afrique, les missionnaires projettent des scènes chrétiennes, des images de progrès techniques comme les trains, ou des paysages suisses. En Suisse, pour financer la mission et prouver son utilité, on projette des mises en scène d’une Afrique «primitive» et construite que l’on a fait «jouer» aux villageoises et villageois. Les convertis arborent des habits occidentaux sur les images diffusées. L’entreprise missionnaire avait un système de communication extrêmement bien rôdé.
Il est toutefois intéressant de constater – la BD le raconte bien de manière fictionnelle – que l’impact, s’il n’est pas de même nature, est mutuel. Les missionnaires transforment les populations qu’ils évangélisent, mais se trouvent également changés. «Nous voulions déconstruire le regard sur la relation avec l’Afrique que l’on porte parfois encore aujourd’hui, souligne Lionel Pernet, directeur du Musée d’archéologie et d’histoire. Nous voulions éviter l’écueil Tintin au Congo.» La fiction aide à comprendre la grande histoire. «Mais il était exclu de faire de la fiction!»
«L’exposition invite à un questionnement sur notre histoire romande. Mais aussi sur les collections de nos musées: qui les a collectées? comment sont-elles arrivées là?», ajoute la chargée de recherche Gaëlle Nydegger. La fin du parcours raconte la lutte pour l’indépendance au Mozambique, qui destituera le gouvernement colonial portugais. Et toute la complexité du discours historique se matérialise. Les missionnaires et les colons ne sont plus les seuls à émetteurs des archives. Deux versions de l’histoire peuvent être confrontées.

Un noir à Loëche-les-Bains

En contrepoint à l’exposition historique, l’historien de l’art Matthieu Jaccard et l’artiste Cécile N’Duhirahe du Collectif and then … ont élaboré l’espace «la fin de l’innocence». Leur proposition se développe à partir d’Un étranger au village de l’écrivain afro-américain James Baldwin. Ce texte est issu de son expérience du racisme à Loëche-les-Bains dans les années 1950. Il se confronte alors notamment à des jeunes du village déguisés en Africains qui font la quête pour la mission, armés d’une «crousille» à l’effigie d’un enfant noir, lors du carnaval.
Dans les œuvres exposées, il est en définitive toujours question de mélange. Comme l’écrivait James Baldwin, «this world is white no longer and it will never be again»: ce monde n’est plus blanc, et il ne le sera jamais plus. (mm)

«Capitão», une BD qui entrelace fiction et histoire

Fil rouge fictionnel de l’exposition, la bande dessinée Capitão, du nom de son héros, raconte l’histoire d’un missionnaire, librement inspirée du journal de Georges Liengme et de la vie d’Henri-Alexandre Junod, tous deux partis en Afrique australe au tournant des 19e et 20e siècles. Le héros arrive plein de certitudes; son expérience sur place finit par ébranler ses convictions.

La bande-dessinée est née de la conversion d’un projet de doctorat inachevé. Stefano Boroni, l’illustrateur, avait commencé une thèse sur les missionnaires protestants en Afrique. Il abandonne sa recherche; mais garde l’enthousiasme pour ces missionnaires, dont il connaît l’histoire. Devenu dessinateur, il finit par convaincre le bédéaste Yann Karlen de concevoir un scénario qui sera la base de la bande dessinée. Quelques pages de rappel historique complètent la fiction à la fin du volume. Si l’exposition et la BD sont des objets autonomes, on peut prendre plaisir à découvrir l’une, l’autre ou les deux.


> «Derrière les cases de la mission». Exposition à l’Espace Arlaud, sur la place de la Riponne à Lausanne, jusqu’au 17 novembre: me-ve: 12-18h; sa-di: 11-17h.
mcah.ch

Marie Minger, Lettre d’information La Gazette du Canton de Vaud, 11 octobre 2019
Article relayé sur la page Culture de la Feuille des avis officiels du Canton de Vaud, FAO, n°86, 25 octobre 2019

 

 

Invités par Yves Zahno dans le 12h30 (RTS, 24.09.19), Stefano Boroni et Yann Karlen dévoilent le passé colonial de la Suisse >> écouter l’émission

 

Stefano Boroni et Yann Karlen, invités de Nicolas Julliard et Isabelle Carceles dans l’émission Nectar (RTS2, 18.09.19) >> écouter l’émission

 

Sélection BD dans Le Matin

BDFIL RENTRÉE BD: LES NOMBRILS, UN BIJOU ET UN MISSIONNAIRE SUISSE
Profitez du festival lausannois pour aller acheter les derniers albums ou précipitez-vous chez votre libraire, il y a des pépites.

CAPITÃO

Connaissez-vous l’histoire des missionnaires suisses et plus particulièrement vaudois au Mozambique? Stefano Boroni et Yann Karlen, eux, se sont intéressés aux liens tissés entre ces deux pays et nous livrent, avec ce récit, une synthèse des vies d’André Clerc, Henri-Alexandre Junod et Georges-Louis Liengme. Ces missionnaires rassemblés ici en un seul, un vieil alcoolique qui, dans un bar de Lourenço Marques (devenu Maputo), se remémore comment il a vécu aux côtés du dernier roi zoulou. Un récit embrumé qui va enflammer le jeune serveur, un certain Eduardo Mondlane qui, plus tard, libérera son pays du colon portugais. C’est passionnant, instructif, très bien raconté et Stefano Boroni fait preuve d’une imagination graphique épatante pour faire vivre ce récit. L’album et l’histoire des missionnaires suisses et vaudois font l’objet d’une expo à BDFIL.

Michel Pralong, Le Matin, 13.09.19

À 15 ans, l’ado BDFIL se lâche

Festival > La manifestation lausannoise promet une belle édition anniversaire, sous la houlette de l’indépendant Alex Baladi.

Quinze éditions déjà que BDFIL met Lausanne sous bulles et que le festival tisse sa toile comme un réseau pluriculturel à travers la ville. Pour cet anniversaire, son directeur Dominique Radrizzani a imaginé quinze expositions comme autant d’années, et des collaborations musicales, théâtrales ou picturales originales.

Honneur d’abord au plus fidèle des auteurs, promu invité d’honneur en 2019. Le Veveysan installé à Berlin Alex Baladi fête, lui, ses 50 ans cette année et il dit n’avoir raté que deux éditions du festival. Chef de file d’une BD indépendante, qui casse les codes tout en restant parfaitement lisible, le dessinateur a imaginé une affiche pop, colorée, coup de poing, qui annonce en gros le nom de la manifestation. «Il a dû travailler avec des opticiens», rigole Dominique Radrizzani. On retrouvera ainsi une rétrospective de ses trente ans de carrière au Romandie, les planches originales de son dernier album à Ceruleum. Mais il y aura aussi sa traditionnelle Fabrique de Fanzines qui propose à tout un chacun de réaliser son propre journal, deux planches inédites qu’il a dessinées pour l’expo Tif et Tondu (lire ci-contre), la fresque qu’il va réaliser pour la Kantina, le café du Théâtre de Vidy, ou son brio lors de la soirée d’ouverture à la Cinémathèque.

Multiculturel

Comme le garçon n’arrête jamais, Baladi va également proposer un concert dessiné avec l’ensemble classique Sine Nomine. Et, quand on parle des collaborations artistiques de BDFIL, le festival donnera aussi une suite à l’exposition «Ombres» du Musée de l’Ermitage avec une exposition sur l’ombre en bande dessinée, le concours Nouveau Talent qui va explorer le thème et un théâtre d’ombres dessiné par… Baladi, que donnera Omar Porras dans son TKM.
«C’est notre travail de sortir la bande dessinée de ses cases, affirme Radrizzani, pour donner envie aux gens de lire et d’acheter des albums.» Par exemple, la dernière production du Genevois Wazem, «Un monde pas possible», lui aussi exposé, ou ce passionnant travail du Tessino-Lausannois Stefano Boroni, en collaboration avec Yann Karlen, le Musée d’architecture et d’histoire de Lausanne et le Musée d’ethnographie de Neuchâtel autour de ce missionnaire protestant au Mozambique revenu à Lausanne avec ses souvenirs. Ajoutez-y les 10 ans de «Vigousse», le livre d’or du festival ouvert au public, des dédicaces, un espace microédition, des expos dans des galeries de la place et les 24 heures de la BD, et le programme de la boum d’anniversaire sera complet.

Lausanne, divers lieux, Du 12 au 16 septembre, www.bdfil.ch

 

 

Collectif > Lausanne sous la plume

BDFIL rend hommage à sa ville d’adoption dans une exposition en trois volets à l’Espace Arlaud. Qui explorera d’abord la présence de la capitale vaudoise dans la BD, de Rodolphe Töpffer le précurseur à Zep ou à Lewis Trondheim. Le public aura également l’occasion de voir en grand le livre que la commune offre à ses nouveaux citoyens à leurs 18 ans, une somme hors commerce signée par 26 auteurs sous une couverture de Cosey. Enfin, en prolongement de l’aventure, BDFIL a commandé à une série d’auteurs proches du festival ou de la ville une illustration de leur rapport à Lausanne. Comme cet «autoportrait» de Floc’h, invité du festival il y a quelques années, et qui avait longuement observé la maquette de la ville au Musée historique qui lui a inspiré ce dessin.

Retour > Tif et Tondu, le poil au vent

Qui lit encore les aventures de Tif et Tondu, ce duo capillaire né à la fin des années 1940 avant de connaître bien des auteurs tout au long de leur carrière achevée en 1997 après 45 albums, de Will à Tillieux? Les deux détectives amateurs, Tif le chauve et Tondu le hirsute renaissent de leurs cendres grâce à des créateurs plus contemporains, comme Blutch, Jean-Christophe Menu ou Nicoby. Les anciens comme les modernes seront à découvrir à l’Espace Romandie.
Autre souvenir dans le même espace avec la commémoration de l’alunissage d’Appolo XI en 1969 avec une recherche du Centre BD de Lausanne sur les fantasmes que cette exploration avait fait naître chez les auteurs de BD dans les années 1950 et 1960, le plus célèbre d’entre eux étant le diptyque précurseur de Tintin.

Suisse > L’été à Charrat

Hélène Becquelin avait beaucoup ému avec «Adieu les enfants», album qui racontait les vacances de son enfance en Italie avec tendresse et humour. La sœur de Mix Remix en sort un deuxième, «plus construit» selon elle, puisque l’idée de la publication était déjà concrète. L’enfance à Charrat (VS), les processions, les pique-niques, la tante et ses bricelets et la nature fascinante. Le résultat sera visible à l’Espace Romandie.

Enfants > Où est Milton?

L’illustratrice irano-lausannoise Haydé a fait de son chat «Milton», disparu depuis, le héros d’une dizaine d’albums aussi drôles que délicats. Elle revient cet automne avec un livre cartonné géant de grandes fresques aux microscopiques détails dont «Milton» est évidemment le héros. Ces dessins seront le décor de l’espace enfants de BDFIL où ils pourront découvrir les souris qui pique-niquent sous l’œil du chat philosophe mais aussi s’initier au langage et à la grammaire de la bande dessinée.

David Moginier, 24 Heures, 26.06.2019

Liens audio et video

Lecture théâtralisée

Réalisée dans le cadre de la soirée « Vaudou Vaudois » du Cran Littéraire au Cinéma Bellevaux à Lausanne, le 13 septembre 2019

>> Lien vers la vidéo

Captiao titre intro

Cette lecture est tirée du journal de bord du médecin-missionnaire suisse Georges-Louis Liengme (1859 – 1936). Ce journal fut écrit dans un contexte colonialiste, le Mozambique étant, à cette époque, sous la domination portugaise. Le scénario de la bande dessinée s’est beaucoup (mais librement) inspiré de ces écrits.

(captation et montage Dorian Nguyen Phu, prise de son Gwenaël Grossfeld)

>> A vos agendas pour la prochaine soirée du Cran Littéraire !
Rendez-vous le 11 octobre 2019 au Cinéma Bellevaux

BD coup de coeur de Michel Cerruti, 300 millions de critiques (TV5Monde, 23.11.19) >> regarder l’émission
(la séquence sur la BD démarre à 47’40)

Stefano Boroni et Yann Karlen, invités de Julie Evard dans le Rendez-vous culture du 12h45 (RTS info, 16.10.19) >> écouter l’émission

Invités par Yves Zahno dans le 12h30 (RTS, 24.09.19), Stefano Boroni et Yann Karlen dévoilent le passé colonial de la Suisse >> écouter l’émission

Stefano Boroni et Yann Karlen, invités de Nicolas Julliard et Isabelle Carceles dans l’émission Nectar (RTS2, 18.09.19) >> écouter l’émission