Adieu les enfants, tome 2

Becquelin, Hélène,

2019, 96 pages, 20 EUR, ISBN:978-2-88901-163-6

Dans le premier tome d’Adieux les enfants, Hélène Becquelin partageait ses souvenirs d’enfance dont beaucoup ont resurgit à la mort de son grand frère, également dessinateur. Si le premier opus s’attachait surtout à la famille, ce deuxième tome revient sur ses souvenirs d’école, les copains et les copines de son enfance valaisanne à Saint-Maurice.

Format Imprimé - 25,00 CHF

Description

Si le premier tome des souvenirs d’enfance d’Hélène Becquelin tournait autour d’anecdotes tirées de sa vie de famille, ce deuxième opus propose un prisme plus large, où elle évoque ses relations avec les copains d’école et du voisinage, les pique-niques en famille, ses vacances chez ses cousins, les diverses processions religieuses qui rythmaient l’année dans sa petite ville du Bas-Valais, les parties de jeux avec les enfants du quartier, etc. Toujours avec le même ton fait de tendresse et d’humour. Dans ce deuxième tome, la mise en page évolue vers un style plus proche du roman graphique pour se rapprocher de la bande dessinée. Cela contribuera à faire le lien avec le 3e tome sur son adolescence qui paraîtra l’année prochaine.

Graphiste et illustratrice suisse, originaire du Valais, Hélène Becquelin vit et travaille à Lausanne. Après avoir obtenu mon diplôme de graphiste à l’École d’Art de Lausanne en 1987, elle a pratiqué son métier plusieurs années dans diverses agences de publicité. Elle s’est fait connaître avec son personnage d’Angry Mum. Depuis, elle a participé à plusieurs expositions collectives et individuelles où elle a présenté ses créations en laine cardée et ses dessins.

 

Dédicaces et événements passés en 2019…
Du 12 au 16 septembre · Festival BDFIL à Lausanne (expositions, participation à la Revue Bédéphile#5, rencontres et dédicaces dans la programmation officielle du festival)
20 septembre · 17h · Librairie Des livres et moi à Martigny
21 septembre · dès 10h30 · Payot à Lausanne
5 octobre · de 14h à 16h · Librairie La Bulle à Fribourg
26 octobre · de 14h à 17h · Fnac de Neuchâtel

Exposition des planches originales d’Hélène Becquelin
Du 26 septembre au 9 novembre 2019 · Galerie Les Dilettantes à Sion

Rencontre avec l’auteure
30 octobre 2019 · 17h · bibliothèque de quartier de la Violette dans le cadre du projet Les Bouquinistes (organisé par La Datcha)

Presse

Avec «Adieux les enfants 2», l’«enfance banale» d’Hélène Becquelin
Bande dessinée >> Hélène Becquelin séduit avec un deuxième tome plus structuré de sa jeunesse à Saint-Maurice.

Les trois petits Becquelin ont découvert très tôt la bande dessinée, sous les yeux d’un père indulgent.

Elle avait lancé la machine à souvenirs quand son frère Philippe, mieux connu comme Mix & Remix, est mort d’un stupide cancer fin 2016. En étaient sortis de délicieux dessins d’une enfance modeste à Saint-Maurice, où les mômes portaient le mythique bonnet Credit Suisse, les pantalons en velours côtelé, grimpaient aux arbres ou se déguisaient en curé. Ces illustrations avaient été exposées lors de BDFIL 2017 à la Galerie RichterBuxtorf. «Je pensais que cela n’allait intéresser personne», explique l’illustratrice lausannoise. Et pourtant si! Au point d’en faire un premier recueil, «Adieu les enfants», réveillant la nostalgie de nombreux lecteurs touchés par la douceur du trait, la délicatesse des textes.

Pensé comme un album

Avec «Adieu les enfants 2», Hélène Becquelin livre un recueil plus structuré. «J’avais prévu dès le départ d’en faire un livre. Je suis beaucoup plus satisfaite du résultat cohérent. J’ai amélioré mon style narratif, ma mise en page. Mon rêve serait de refaire le premier avec cette approche-là.»
On retrouve donc la famille Becquelin dans son locatif de Saint-Maurice, avec les copains de l’immeuble mais pas de celui d’en face, avec les fêtes catholiques qui venaient rythmer l’année, les jeux, les pique-niques du dimanche à côté des pâturages. C’était l’époque où on battait les tapis avant d’en brosser les franges, où on enviait la copine d’école qui avait droit à un pain au lait et une branche Cailler à la récré. Toute une ambiance douce et calme. «J’ai eu une jolie enfance, dans le fond très banale, que j’avais un peu oubliée. Et je n’ai pas voulu faire ressortir les petits détails désagréables.»

Il en est un, pourtant, qu’aborde délicatement la dessinatrice. Celui de la maladie de sa maman qu’elle ne décrit pas, sinon pour raconter les visites à l’hôpital ou les séjours chez l’oncle Edouard et la tante Mimi, dans la maison familiale d’un autre temps. «Ma mère avait une maladie cardiaque très grave. Elle a finalement été opérée deux fois parce que, sinon, elle n’aurait plus eu que six mois à vivre. Elle a été une des premières opérées de Suisse. Mais on ne nous disait rien, cela ne nous a jamais inquiétés.» C’est aussi parce que Maman était fragile que les trois enfants étaient plutôt calmes, «pour ne pas déranger». Chez les Becquelin, on lisait beaucoup, y compris de la BD. «Mon père l’adorait aussi et on se prêtait nos albums. Et tout le monde dessinait dans la famille, y compris lui. J’avais l’impression que c’était la normalité. Ma belle-sœur dit toujours que si on continue à dessiner après l’école enfantine, on n’arrête jamais. C’est sans doute vrai. Ma petite sœur et mes enfants, qui avaient un joli coup de crayon, ont cessé.»

La suite se prépare

La maman d’«Angry Mum» a commencé ce mercredi le troisième tome des souvenirs d’enfance dont la parution est prévue l’automne prochain. «En fait, c’est le premier que j’avais prévu de faire, sur l’adolescence. J’avais commencé à le scénariser il y a trois ans et mon frère avait déjà pu le lire. Il l’avait trouvé cool mais m’avait juste fait remarquer qu’il n’a jamais eu de t-shirt du groupe Magma.»
Oui, la musique est importante chez les Becquelin. Hélène aujourd’hui rate peu de concerts, même si ses potes mixent plus qu’ils ne jouent, «c’est plus facile quand on n’a pas étudié d’instrument». Ce troisième tome est né d’une remarque d’une des nièces qui disait: «Quelle chance vous avez eue de vivre dans les années 1980, il y avait des groupes incroyables.»

Tantine s’est mise au travail, aussi pour expliquer les courants musicaux de ces années-là. «Il n’y a plus ces chapelles aujourd’hui, le disco contre le punk, etc.» Elle avait converti sonfrère au punk, justement. «Il tournait en boucle avec Frank Zappa quand je lui ai fait écouter mon album des Ramones. Il a tout de suite croché.» On se réjouit déjà de voir ce troisième tome qui ajoutera de la musique au dessin. Et, d’ici là, on peut aller voir l’expo à la Galerie Les Dilettantes, à Sion (jusqu’au 9 novembre) ou rencontrer l’auteur le 30 octobre à la bibliothèque de la Violette, à Lausanne (17 h).

David Moginier, 24Heures (03.10.2019) et Tribune de Genève (06.10.2019)

Hélène Becquelin, invitée de Didier Charlet à Couleur3 dans la Chronique BD (01.10.19)
>> interview 2/2, Adieu les enfants
>> interview 1/2, Le rock et la BD

L’illustratrice Hélène Becquelin croque une belle madeleine de Proust à Sion

L’illustratrice valaisanne remonte le temps dans une touchante exposition à voir jusqu’au 9 novembre à la galerie Les Dilettantes à Sion.

Comme souvent dans la vie, tout est affaire de rencontre. Entre la galeriste Karin Denoual et l’illustratrice Hélène Becquelin, le courant a tout de suite passé. C’était il y a un an du côté de Saint-Maurice. Pas un hasard non plus quand on sait que la cité agaunoise est celle qui a vu naître la graphiste de formation aujourd’hui établie à Lausanne.

Mais qui est restée «valesco» (sic) dans le cœur. «Je suis super contente d’exposer ici. Ça me permet de renouer avec mon canton d’origine.» Ici, c’est la galerie Les Dilettantes à Sion qui, jusqu’au 9 novembre, offre ses cimaises à l’auteur d’«Angry Mum», ce blog à succès sur les tribulations d’une mère en colère adapté en BD en 2010. Dans le coquet écrin de la vieille ville, le public a la joie de découvrir une cinquantaine d’œuvres dont des planches inédites tirées du tome II d’«Adieu les enfants» tout juste sorti de presse. «Si je parlais de la famille dans le premier album, ici je raconte davantage mon quartier. Il y a un ancrage plus valaisan», explique la volubile illustratrice tout heureuse de pouvoir partager ses souvenirs et de les détailler. «Car le dessin est un travail très solitaire.»
Dans les méandres de l’enfance Ce regard plein de nostalgie sur son passé, c’est la disparition subite fin 2016 de son frère Philippe alias Mix & Remix qui l’a fait naître. «Je suis triste qu’il n’ait pas vu ces deux tomes. Car je suis sûre qu’il les aurait adorés», confie Hélène qui partageait avec son aîné de cinq ans la même sensibilité. Pourtant point de déprime dans ce coup d’œil rétrospectif mais plutôt la célébration d’une enfance heureuse entre peignage de franges de tapis (si, si), séances de luge au grand air avec les «miteux» autrement dit les enfants gâtés, pique-niques sur l’alpe de Charrat avec oncle Fernand en racleur, (nombreuses) processions religieuses à rallonge en aube amidonnée ou encore vacances balnéaires en Italie à bord de l’Opel familiale. Autant de saynètes à la fois tendres et croustillantes tracées délicatement au crayon noir qui ont la saveur d’une madeleine de Proust (ou plutôt des bricelets de tante Mimi) pour l’auteure mais pas que. «Ce qui est chouette, c’est que beaucoup de gens se disent touchés par mes croquis. C’est une démarche qui m’a fait du bien et qui fait du bien aux autres. Je suis émue», confesse avec pudeur celle qui est toujours surprise par le pouvoir quasi magique du dessin. Capable de rendre silencieux une horde de sapajous en culottes courtes et de toucher au cœur même le quidam le plus réfractaire à l’art.
Le crayon à la place du violon Le dessin, la Lausannoise d’adoption s’y plonge de toute son âme depuis le premier Caran d’Ache serré entre ses doigts de petite fille. A la table de cuisine de sa maison de la Riponne, elle peut y passer des heures, comme dans une bulle, ultra concentrée, évaluant le temps consacré au nombre de mines de son Finxpencil 05 utilisées. «C’est une sorte de mini transe», s’amuse la maman de deux jeunes adultes qui ont redécouvert par ses yeux un pan de leur histoire. Une histoire un brin idéalisée? «C’est sûr qu’il y a une part d’idéalisation. Mais j’ai vraiment eu une enfance heureuse», réplique celle qui n’aurait sans doute pas porté le même regard sur son passé sans son déracinement en terre vaudoise. «C’est à Lausanne que je suis devenue valaisanne», aime-t-elle à répéter, toujours soucieuse de faire communauté, surtout quand les amis qui s’en vont sont le témoin de l’écoulement inéluctable du temps. «Dessiner, ça permet de fixer aussi des souvenirs, de les faire vivre. C’est un peu un travail de mémoire.» Téléviseur carré «colorisé» par un filtre plastique irisé, paternel s’escrimant à ouvrir une boîte de raviolis en l’absence de la femme du foyer, bébés laissés en toute bonne conscience dans leur landau devant les magasins pendant les courses, parties de cache-cache avec des «ristous» (des aristos) trissotins… Le deuxième volet d’«Adieu les enfants» a une délicieuse saveur vintage avec ce qu’il faut de douceur et de piquant. De quoi laisser présager un tome III dévolu à l’adolescence exquisément régressif!

Jusqu’au 9 novembre, galerie Les Dilettantes, rue du Grand-Pont-17 à Sion.

Sarah Wicky, Le Nouvelliste, 1er octobre 2019

À 15 ans, l’ado BDFIL se lâche

Festival > La manifestation lausannoise promet une belle édition anniversaire, sous la houlette de l’indépendant Alex Baladi.

Quinze éditions déjà que BDFIL met Lausanne sous bulles et que le festival tisse sa toile comme un réseau pluriculturel à travers la ville. Pour cet anniversaire, son directeur Dominique Radrizzani a imaginé quinze expositions comme autant d’années, et des collaborations musicales, théâtrales ou picturales originales.

Honneur d’abord au plus fidèle des auteurs, promu invité d’honneur en 2019. Le Veveysan installé à Berlin Alex Baladi fête, lui, ses 50 ans cette année et il dit n’avoir raté que deux éditions du festival. Chef de file d’une BD indépendante, qui casse les codes tout en restant parfaitement lisible, le dessinateur a imaginé une affiche pop, colorée, coup de poing, qui annonce en gros le nom de la manifestation. «Il a dû travailler avec des opticiens», rigole Dominique Radrizzani. On retrouvera ainsi une rétrospective de ses trente ans de carrière au Romandie, les planches originales de son dernier album à Ceruleum. Mais il y aura aussi sa traditionnelle Fabrique de Fanzines qui propose à tout un chacun de réaliser son propre journal, deux planches inédites qu’il a dessinées pour l’expo Tif et Tondu (lire ci-contre), la fresque qu’il va réaliser pour la Kantina, le café du Théâtre de Vidy, ou son brio lors de la soirée d’ouverture à la Cinémathèque.

Multiculturel

Comme le garçon n’arrête jamais, Baladi va également proposer un concert dessiné avec l’ensemble classique Sine Nomine. Et, quand on parle des collaborations artistiques de BDFIL, le festival donnera aussi une suite à l’exposition «Ombres» du Musée de l’Ermitage avec une exposition sur l’ombre en bande dessinée, le concours Nouveau Talent qui va explorer le thème et un théâtre d’ombres dessiné par… Baladi, que donnera Omar Porras dans son TKM.
«C’est notre travail de sortir la bande dessinée de ses cases, affirme Radrizzani, pour donner envie aux gens de lire et d’acheter des albums.» Par exemple, la dernière production du Genevois Wazem, «Un monde pas possible», lui aussi exposé, ou ce passionnant travail du Tessino-Lausannois Stefano Boroni, en collaboration avec Yann Karlen, le Musée d’architecture et d’histoire de Lausanne et le Musée d’ethnographie de Neuchâtel autour de ce missionnaire protestant au Mozambique revenu à Lausanne avec ses souvenirs. Ajoutez-y les 10 ans de «Vigousse», le livre d’or du festival ouvert au public, des dédicaces, un espace microédition, des expos dans des galeries de la place et les 24 heures de la BD, et le programme de la boum d’anniversaire sera complet.

Lausanne, divers lieux, Du 12 au 16 septembre, www.bdfil.ch

Collectif > Lausanne sous la plume

BDFIL rend hommage à sa ville d’adoption dans une exposition en trois volets à l’Espace Arlaud. Qui explorera d’abord la présence de la capitale vaudoise dans la BD, de Rodolphe Töpffer le précurseur à Zep ou à Lewis Trondheim. Le public aura également l’occasion de voir en grand le livre que la commune offre à ses nouveaux citoyens à leurs 18 ans, une somme hors commerce signée par 26 auteurs sous une couverture de Cosey. Enfin, en prolongement de l’aventure, BDFIL a commandé à une série d’auteurs proches du festival ou de la ville une illustration de leur rapport à Lausanne. Comme cet «autoportrait» de Floc’h, invité du festival il y a quelques années, et qui avait longuement observé la maquette de la ville au Musée historique qui lui a inspiré ce dessin.

Retour > Tif et Tondu, le poil au vent

Qui lit encore les aventures de Tif et Tondu, ce duo capillaire né à la fin des années 1940 avant de connaître bien des auteurs tout au long de leur carrière achevée en 1997 après 45 albums, de Will à Tillieux? Les deux détectives amateurs, Tif le chauve et Tondu le hirsute renaissent de leurs cendres grâce à des créateurs plus contemporains, comme Blutch, Jean-Christophe Menu ou Nicoby. Les anciens comme les modernes seront à découvrir à l’Espace Romandie.
Autre souvenir dans le même espace avec la commémoration de l’alunissage d’Appolo XI en 1969 avec une recherche du Centre BD de Lausanne sur les fantasmes que cette exploration avait fait naître chez les auteurs de BD dans les années 1950 et 1960, le plus célèbre d’entre eux étant le diptyque précurseur de Tintin.

Suisse > L’été à Charrat

Hélène Becquelin avait beaucoup ému avec «Adieu les enfants», album qui racontait les vacances de son enfance en Italie avec tendresse et humour. La sœur de Mix Remix en sort un deuxième, «plus construit» selon elle, puisque l’idée de la publication était déjà concrète. L’enfance à Charrat (VS), les processions, les pique-niques, la tante et ses bricelets et la nature fascinante. Le résultat sera visible à l’Espace Romandie.

Enfants > Où est Milton?

L’illustratrice irano-lausannoise Haydé a fait de son chat «Milton», disparu depuis, le héros d’une dizaine d’albums aussi drôles que délicats. Elle revient cet automne avec un livre cartonné géant de grandes fresques aux microscopiques détails dont «Milton» est évidemment le héros. Ces dessins seront le décor de l’espace enfants de BDFIL où ils pourront découvrir les souris qui pique-niquent sous l’œil du chat philosophe mais aussi s’initier au langage et à la grammaire de la bande dessinée.

David Moginier, 24 Heures, 26.06.2019

 

La presse a parlé du premier tome d’Adieu les enfants !

Hélène Becquelin est invitée à la Puce à l’oreille (RTS1, 17 mai 2018). Écouter l’émission.

Hélène Becquelin est l’invitée de Vertigo (RTS1, 16 mai 2018). Écouter l’émission.

Hélène Becquelin est l’invitée culturelle du 12h45, le Journal (RTS, 7 mai 2018). Voir la séquence.

Hélène Becquelin est l’invitée du 12h30 (RTS, 4 mai 2018). Écouter l’émission.

 

Jeux drôles

Le titre Adieu les enfants sonne déjà comme un hommage à ce frère aîné trop tôt décédé. Car Hélène Becquelin est la sœur du célèbre dessinateur suisse Mix et Remix, mort en décembre 2016. Dans ce recueil de courtes histoires sans cases, l’auteur suisse exhume des souvenirs d’une enfance souvent heureuse. Nous sommes dans les années 60, la télé n’a pas encore envahi les foyers et les jeux vidéo n’existent carrément pas, alors les trois gamins dessinent, parfois avec des Caran d’Ache. Le top! Ils découpent aussi le catalogue de vente par correspondance de leur mère pour insérer des personnages dans leurs décors dessinés. Quand ils partent en vacances en camping, ils dessinent encore… Mais là, avec une grande pochette de feutres d’une marque meilleur marché. On comprend mieux pourquoi au moins deux membres de la famille sont devenus artistes. C’est avec beaucoup de tendresse et d’humour qu’Hélène Becquelin remonte le temps à travers des souvenirs qu’on imagine surgis un peu au hasard de sa mémoire. Elle utilise d’ailleurs un dessin au crayon rond et simple un brin désuet pour mieux entraîner le lecteur dans cette époque où la joie l’emporte sur les peines malgré tout.

Frédérique Pelletier, dBD, no 125, juin 2018, p. 112.

Un retour dans l’enfance

Hélène Becquelin nous emmène sur les traces de son enfance des années 1960-1970, avec sa sœur et son frère, le regretté Mix & Remix. Un récit à la fois sobre, plein de malice et joyeux.

Ce livre est né d’un deuil, auquel l’auteure, Hélène Becquelin, a été confrontée à la suite de la mort de son frère, le talentueux Mix & Remix. Ce décès a contribué à l’émergence de souvenirs de jeunesse qu’elle a retranscrits dans ce recueil d’illustrations. Hélène Becquelin a, en effet, senti le besoin de revenir sur certaines empreintes du passé et de nous les faire partager grâce à une série de petites histoires qui mettent en scène la vie familiale et, principalement, le trio formé par son frère, sa sœur et elle.

Les liens d’une fratrie

À travers l’enfance de la dessinatrice, c’est notre enfance qu’on revisite. Les liens d’une fratrie, les liens d’une famille. On y trouve, en effet, tout l’univers d’un monde désormais révolu, mais encore présent dans nos esprits. Évidemment, le lecteur n’a peut-être pas connu le Valais des Becquelin, les ballades le long du Rhône… Toutefois, l’évocation de ce microcosme fera remonter des souvenirs du jeune âge à tout un chacun.

Des balançoires aux fèves de la couronne des rois, du ski alpin aux figurines du catalogue Veillon, des sandwichs préparés par maman aux Points Mondo, une belle énergie parcourt cet ouvrage où la spontanéité des deux sœurs et du frère enthousiasme et se communique en gambadant d’une page à l’autre tel un voyage initiatique au pays de l’enfance avec ses jeux, ses astuces, sa douceur et aussi parfois son ennui, le dimanche en particulier.

Comme dans un film de Jacques Tati, le contexte est doté d’un charme désuet. Il n’y a, en effet, ni ordinateur, ni téléphone portable, ni internet. Le lecteur pourra ainsi se plonger dans une époque avec ses références marquantes: l’émission de télé « Blanche et Gaspard » ou les séries américaines « Le Roi et moi » et « Daktari ». Il partira sur le chemin des vacances pour l’Italie, en faisant un arrêt au restoroute « Pavesi » et se remémorera aussi les exploits de Roland Colombin, champion de ski valaisan.

Un engouement partagé pour le dessin

Dans tout univers, il y a un vocabulaire, en l’occurrence un mélange de trouvailles familiales et de parler propre à la région de Saint-Maurice. Hélène Becquelin, par conséquent, « lolle » ses habits. Il est aussi interdit de « tchaffer » dans les gouilles. Et, bien entendu, les feutres sont « poutzes » à la fin des vacances, avec ces « petits-Suisses-qui-dessinaient-tout-le-temps ». Rien d’étonnant à cela, le dessin constitue une passion du trio. De ce fait, l’ouvrage commence et se termine par l’image des enfants dessinant.

Cet engouement partagé pour l’art visuel fait figure de marqueur identitaire de la fratrie, dont on sait avec quel brio ses membres ont, par la suite, marqué le paysage romand, voire francophone. Au sein de cet ouvrage, l’auteure a, quant à elle, délaissé la couleur, préférant les nuances de gris bien mises en valeur par l’usage de la mine de plomb. Le trait léger et élégant convient parfaitement au récit à la fois sobre, plein de malice et joyeux. Hélène Becquelin nous convie ainsi à reparcourir les sentiers de l’enfance, une traversée inoubliable.

Fabrice Bertrand, Gauchebdo, 22 juin 2018.

 

Hélène Becqulin

Souvenirs d’enfance

Bien involontairement, le titre renvoie à Au revoir les enfants, le film éprouvant de Louis Malle, alors qu’au contraire, dans Adieu les enfants (Ed. Antipodes), tout n’est que sourires. Dans la même veine autobiographique que Chroniques birmanes de Guy Delisle ou Persepolis de Marjane Satrapi, le roman graphique d’Hélène Becquelin nous entraîne dans une enfance valaisanne au début des années 70. Des souvenirs heureux qui ont permis à son auteure d’accepter la disparition de son frère Philippe, l’immense Mix & Remix. C’est plein de tendresse et d’humour, ça sent bon les vacances. Le trait est délicat. Touchant et réussi.

Philippe Clot, L’Illustré, avril 2018.

Hélène Becquelin croque dans une savoureuse madeleine

Avec le très réussi Adieu les enfants, l’auteure lausannoise remonte le temps, entre tendresse et émotion.

Pour peu que vous ayez grandi dans les années 60-70, vous avez forcément vibré comme Hélène Becquelin aux exploits de Roland Colombin sur une TV achetée tout exprès pour les JO de Sapporo. Voire joué au jokari, collectionné les points Mondo et Silva ou effectué des balades dominicales le cou ceint d’une « cravate à élastique » et les pieds serrés dans des chaussettes à trous-trous.

Toutes situations proches de l’universel décrites dans Adieu les enfants, magnifique petit recueil d’illustrations mettant en scène l’auteure, sa sœur cadette et son grand frère. Trois gosses passionnés par le dessin, le genre à vous poutzer une pochette de feutres durant les vacances d’été. Pas des Caran d’Ache, attention, ceux-ci coûtaient déjà une blinde, il fallait se contenter d’une sous-marque, mais ça n’enlevait rien à la passion dévorante pour le trait.

Avec ces planches à la mine de plomb publiées initialement dans le quotidien Le Temps, l’auteure d’Angry Mum remonte le temps, entre tendresse et émotion, manière de soulager son chagrin en souriant plutôt qu’en pleurant. Car le frangin de ce trio, c’était Mix & Remix, disparu au cours de l’hiver 2016. Un gosse déjà doué pour l’humour, qui faisait rire ses sœurs en racontant des histoires drôles sur la base des images imprimées sur les cartes « Daktari », une série télévisée d’aventures animalières.

Remember Judy, l’impertinente guenon, et Clarence, le vieux lion atteint de strabisme? « C’était bonnard », pour reprendre une des nombreuses expressions romandes utilisées par Hélène Becquelin dans ce bouquin fleurant bon la madeleine de Proust.

Philippe Muri, Tribune de Genève et 24 Heures, 27 mai 2018.

 

Adieu les enfants

Les souvenirs d’enfance d’Hélène Becquelin rassemblés dans un livre

L’enfance, c’est un agrégat de petits riens qui s’oublient quand on devient grand. Hélène Becquelin, elle, se souvient des gouttes d’eau qui tombaient sur la tente, de la vapeur qui montait des chaussettes après une journée de ski, des balades en char à foin, d’un hanneton sur les bords du Rhône et des longues heures passées à dessiner avec sa sœur, Laurence, et son frère, Philippe, qui deviendra célèbre sous le nom de Mix & Remix. Les lecteurs du Temps ont découvert l’été passé cette chronique dessinée d’un crayon très doux. La voici sous forme de livre.

Antoine Duplan, Le Temps, 11 mai 2018.

 

Quand les souvenirs d’enfance jaillissent du crayon

Dans sa nouvelle bande dessinée, Hélène Becquelin revient aux sources. Un livre touchant, lumineux, qui a pris racine le jour de l’enterrement de son frère.

Adieu les enfants. Si l’on s’en tenait au titre de la BD et au fait qu’elle soit née un jour de fu­nérailles, il serait légitime d’imaginer un ouvrage déprimant. Ce serait mal connaître l’illustratrice Hélène Becquelin (auteure d’Angry Mum, Ed. Glénat).

Noël 2016, la Suisse romande et le monde du dessin pleurent Mix & Remix. À la cérémo­nie d’adieux, sa sœur Hélène n’écoute pas les hommages. « Ils parlaient de Mix, pas de Phi­lippe. Les jours qui ont suivi, je me suis dessi­née à l’enterrement en train de penser à notre enfance. Quand un journaliste m’a demandé de témoigner pour un article d’hommage à mon frère, j’ai dit que je ne voulais parler que de cette partie-là de notre vie. Je ne me re­tourne pas souvent sur le passé. Tout était en­foui, et les vannes se sont ouvertes! »

Il aura suffi de quelques images postées sur sa page Facebook pour que tout s’enchaîne. La publication de sept histoires courtes dans Le Temps et une exposition à la Galerie Richter­Buxtorf confirment l’engouement de ses lec­teurs, et Hélène se laisse porter jusqu’à réaliser 130 pages « alors qu’à la base je ne cherchais même pas à être éditée! »

Mariée et maman de deux jeunes adultes, punkette à cheveux blancs et robe à fleurs, l’exubérante dessinatrice, valaisanne d’origine et lausannoise d’adoption, le précise d’em­blée: ce livre n’est pas un hommage. Il s’agit de ses souvenirs d’enfance, point. Pas de prénom, peu de lieux précis. « Quand tu es enfant, tu ne te rends pas compte de l’endroit où tu es. »

Mais il suffit de plonger dans la première planche pour y trouver avec régal une suissi­tude vintage et les petits bonheurs quotidiens d’une famille de trois enfants (deux filles et un garçon), sous des titres de chapitres évoca­teurs: « Nutella et ‘bricoles », « Sardines et pi­pistrelles », « Modzon et char de foin »…

Chez Hélène, on découpait des silhouettes dans le catalogue Veillon, on vénérait les feu­tres Caran d’Ache. On regardait « Blanche et Gaspard » à la télé tous les lundis chez les lundis chez les grands-parents, on collectionnait les points Mondo, et on « tchaffait » dans les gouilles.

« J’avais l’impression qu’on avait une enfance particulière! On ne faisait pas de sport, on des­sinait tout le temps… Mais finalement mes anecdotes personnelles parlent à plein de monde. » À tel point que, régulièrement, les lecteurs surenchérissent, en lui racontant leurs propres souvenirs.

Le coussin qui sent les vacances

De la culotte en dentelles qui gratte les fesses à la débattue après le ski, en passant par les grimpettes dans le magnolia en fleurs, le trait de crayon est délicat, presque enfantin. Les détails sont savoureux, parfois mis en valeur par des légendes fléchées. Comme ce « coussin qui sentait encore un moment les vacances. Un mélange de voiture chaude et de caout­chouc. »

On perçoit au fil des saynètes un cocon ras­surant, un sentiment très doux protégé par une bulle bienveillante. Même les passages où l’on détecte des soucis familiaux (sa maman a été opérée du cœur, nous explique l’auteure) sont emplis de toute cette énergie positive dont les enfants ont le secret. Papa et Maman s’absentent plusieurs jours et on n’en connaît pas la raison? Aucun souci: on saute sur le lit des grands-parents pour s’amuser, en atten­dant. En plus, on a le droit de regarder la télé­vision plus tard que d’habitude. Pourquoi donc s’en faire?

« Adieu les enfants » est une phrase que pro­nonçait fréquemment sa grand-maman Louisa, une femme qui l’a beaucoup influen­cée. Le choix de ce titre est aussi une manière pour Hélène Becquelin de dire adieu à sa pro­pre enfance, et à son frère. Ce dernier aurait-il apprécié l’album? « Je pense que oui, répond l’auteure. On ne jugeait jamais nos travaux respectifs. Mais un jour j’avais publié sur mon blog quelques dessins liés à notre enfance, et il m’avait appelée pour me dire qu’il les aimait. Avec Philippe, on avait la même sensibilité. »

Après avoir mis en scène sa vie de mère de famille dans les deux tomes de la BD Angry Murn, Hélène Becquelin pensait raconter son adolescence. Mais c’est l’enfance qui l’a rattra­péè par les bretelles, avec ses « bletz » aux ge­noux, ses balades ennuyeuses du dimanche, ses cabanes dans les arbres, et ses boîtes de crayons de couleurs.

Camille Destraz, Le Matin Dimanche, 22 avril 2018.

Planche(s)

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Liens audio et video

Hélène Becquelin, invitée de Didier Charlet à Couleur3 dans la Chronique BD (01.10.19)
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