Politique, culture et radio dans le monde francophone

Le rôle des intellectuel·le·s

Clavien, Alain, Valsangiacomo, Nelly,

2018, 183 pages, 21 €, ISBN:978-2-88901-112-4

Les intellectuel·le·s ont entretenu dès ses débuts une relation difficile avec la radio, faite d’intérêt et de scepticisme, d’enthousiasme et de crainte. Cette relation se reconfigure tout au long du XXe siècle, en fonction à la fois de l’évolution des pratiques radiophoniques et des redéfinitions du rôle des femmes et des hommes de culture dans la société. Cet ouvrage s’interroge sur l’influence réciproque entre les acteurs intellectuels et le vecteur radiophonique, dans le monde francophone, durant une période qui couvre presque un siècle.

Format Imprimé - 26,00 CHF

Description

Figure dominante du monde culturel actuel, l’intellectuel·le médiatique a mauvaise réputation. Capable de parler de tout sans être spécialiste de rien, il ou elle occupe les studios de radio pour y déverser un discours souvent déférent envers toutes formes de pouvoir et acritique face aux idées reçues.

Cette figure récente est le résultat d’une longue histoire. En effet, les intellectuel·le·s ont entretenu dès ses débuts une relation difficile avec la radio, faite d’intérêt et de scepticisme, d’enthousiasme et de crainte. Cette relation se reconfigure tout au long du XXe  siècle, en fonction à la fois de l’évolution des pratiques radiophoniques et des redéfinitions du rôle des femmes et des hommes de culture dans la société.

Ce livre pointe quelques-unes des étapes de cette reconfiguration, en s’interrogeant sur l’influence réciproque entre les acteurs intellectuels et le vecteur radiophonique, dans le monde francophone, durant une période qui couvre presque un siècle.

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Table des matières

  • Le rôle intellectuel sur les ondes (Nelly Valsangiacomo)
  • Les intellectuels des ondes romandes. Du sacre d’hier à l’alibi d’aujourd’hui (Christian Ciocca)
  • Les voix de la Suisse à l’étranger pendant la Seconde Guerre mondiale (Raphaëlle Ruppen Coutaz)
  • La critique radiophonique dans les journaux montréalais: entre promotion et virulence (Marilou Saint-Pierre)
  • Les intellectuel.le.s à la cuisine et au salon. De l’expertise à la conversation démocratique (Micheline Cambron)
  • Tragédie en deux actes. Félicien Marceau et Michel de Ghelderode: des ondes impures à l’épuration des ondes (1940-1950) (Céline Rase)
  • Écriture et littérature à l’heure de la radio selon Alice Rivaz et Virginia Woolf (Valérie Cossy)
  • Radio nocturne et intellectuels (Marine Beccarelli)
  • Nuits magnétiques: quand les écrivains découvrent la radio (Christophe Deleu)
  • « La Radio continuait de faire grand bruit… » Du pouvoir des médias chez Henry Lopes et Ahmadou Kourouma (Christine Lequellec Cottier)
  • Les enjeux de la médiatisation de l’histoire africaine: l’exemple de Mémoire d’un continent (Radio France Internationale) (Jonathan Landau)
  • Des intellectuels au secours de Radio Libertaire dans les années 1980: origines, motivations et formes d’engagement (Félix Patiès)
  • Présentation des auteur.e.s 

Liens audio et video

Les intellectuels des ondes romandes. Du sacre d’hier à l’alibi d’aujourd’hui (Christian Ciocca)

Jean Dumur et Claude Torracinta s’entretiennent avec Henri Guillemin, dans l’émission En direct avec (RTS, 4 janvier 1971). Vers l’émission

Les voix de la Suisse à l’étranger pendant la Seconde Guerre mondiale (Raphaëlle Ruppen Coutaz)

Interview d’un ancien chroniqueur du SOC, Théo Chopard, par Jacques Auderset, journaliste de Radio Suisse Internationale, à l’occasion d’une émission anniversaire, Spécial Jubilé RSI, 9 avril 1985, © SWI swissinfo.ch. Vers l’émission

Tragédie en deux actes. Félicien Marceau et Michel de Ghelderode: des ondes impures à l’épuration des ondes (1940-1950) (Céline Rase)

Radio Bruxelles, Pierre Chatelain Thailhade, Les bobards de l’année défunte, 18 janvier 1944, ©CEGESOMA. Vers l’émission

Radio Bruxelles, Franz Thiry, Avec des volontaires de la Brigade d’Assaut Wallonie, [31 décembre 1943], ©CEGESOMA. Vers l’émission

Radio Bruxelles, Ludo Patris, Messages d’enfants pour leurs pères prisonniers, 1er et 7 novembre 1942 [15 octobre 1942], 19h15,
©CEGESOMA. Vers l’émission

Radio Bruxelles, Interview de travailleurs belges en Allemagne, [31 octobre 1941], ©CEGESOMA . Vers l’émission

Sur l’opposition Radio Bruxelles/Radio Londres . Vers l’émission

Des intellectuels au secours de Radio Libertaire dans les années 1980: origines, motivations et formes d’engagement (Félix Patiès)

Radio Libertaire, extrait du concert d’Alain Aurenche dans la cassette du 8 et 9 octobre 1983, Deux jours pour Radio Libertaire à l’Espace BASF, Paris, 8 octobre 1983, Paris. Vers l’émission

Radio Libertaire, trois extraits de l’émission L’invité quotidien avec Bernard Lavilliers, juin 1983:
Lavilliers sur sa célébrité. Vers l’émission
Lavilliers sur la situation politique. Vers l’émission
Lavilliers explique pourquoi il chante. Vers l’émission

Gérard Caramaro, Entretien avec Henri Laborit, cassette éditée par Radio Libertaire en 1984.
Laborit sur la violence. Vers l’émission

 

Presse

Compte-rendu dans le numéro 33 du Temps des Médias

Les onze textes de cet ouvrage collectif sous la direction d’Alain Clavien et Nelly Valsangiacomo s’appuient sur la figure de l’intellectuel.le pour analyser l’histoire de la radio à travers les voix de ses élites. Aucun consensus ne se dégage toutefois de ces textes sur la définition d’un intellectuel. Au contraire, le vaste éventail de journalistes, de philosophes, d’universitaires et de romanciers convoqué montre comment ils ont façonné la performance radiophonique et comment le développement de la radio a également affecté les carrières et l’héritage de nombreux intellectuel-le-s.

La deuxième idée maîtresse de ce volume – « le monde francophone » – figure d.s le titre. Les auteurs analysent personnalités de la radio, émissions et arrangements institutionnels en France, en Suisse, en Belgique, au Canada et en Afrique de l’Ouest. Ce vaste cadre géographique reflète les travaux actuels des réseaux des chercheurs qui s’intéressent à la radio. Le Leverhulme Trust finance actuellement un projet intitulé « Connecting the Wireless World : Global Radio History », qui reflète également la tendance des sciences humaines et sociales à regarder au-delà des frontières nationales.

Ce choix géographique intéressera les chercheurs qui utilisent le cadre transnational dans leurs travaux sur l’histoire des radios nationales ou ceux qui cherchent à comparer les cultures radiophoniques. L’article de Raphaëlle Ruppen Coutaz sur la délicate diplomatie des ondes courtes suisses pendant la Seconde Guerre mondiale et celui de Céline Rase sur les punitions sévères infligées aux collaborateurs dans la Belgique d’après-guerre élargissent les cadres de réflexion sur la radio, la diplomatie en temps de guerre et la collaboration. Le cas suisse pourrait, par exemple, éclairer le cas de la neutralité de la radiodiffusion aux Etats-Unis avant leur entrée en guerre. Et, en comparant l’expérience belge et, disons, française de la collaboration en temps de guerre et des représailles d’après-guerre à la radio, on pourrait mieux comprendre les contextes sociaux et politiques qui ont mené à des résultats distincts après-guerre. Plusieurs auteurs se concentrent sur l’histoire d’émissions ou de genres particuliers. Marine Beccarelli explore les liens entre la « nuit » en tant qu’espace temporel et les programmes conçus pour répondre de manière pratique et artistique à la nuit – des discussions destinées à garder éveillés les conducteurs de camions aux expériences sonores et littéraires de Jean Cocteau, écrites la nuit. Marine Beccarelli souligne que les Etats-Unis avaient une riche tradition de programmation nocturne qui a commencé dès les années 1930. Quelles forces commerciales, institutionnelles et sociales ont mené à l’établissement d’un genre radiophonique à un endroit plutôt qu’à un autre ?

Les contributions de Christine Le Quellec Cottier et Jonathan Landau sur la radio et l’Afrique postcoloniale sont passionnantes. Christine Le Quellec Cottier puise dans les romans africains pour expliquer à la fois la soumission sur les ondes des intellectuels au pouvoir dictatorial et la contestation de ce pouvoir par le biais de traditions orales telles que la ruse et le griot. Jonathan Landau montre la lutte de RFI pour trouver des historiens français à même de commenter l’histoire africaine et la lutte qui a suivi pour mettre les intellectuels africains derrière le micro, un processus qui a également élargi les sujets de discussion, de la sphère politique au champ culturel et social. Les textes traversent non seulement les frontières géographiques, mais aussi les frontières disciplinaires.

Les spécialistes de la radio moins habitués à explorer la littérature classique apprécieront l’étude nuancée de Valérie Cossy sur les confrontations de Virginia Woolf et Alice Rivaz à la transition du texte au son dans l’entre-deux-guerres – l’avènement de la « voix radiophonique » – comme auteurs et féministes. Leur confrontation avec l’oralité montre que le paysage radiophonique naissant a affecté la vie et le travail d’intellectuel-le-s qui ne s’engagent pas spécifiquement dans la performance radiophonique.
Micheline Cambron analyse la « causerie » pendant les premières années de la radio au Québec. Les changements dans le contenu de ce genre radiophonique lui permettent de montrer l’évolution, d’une mission dominée par la musique à une mission dominée par la parole. Plus précisément, elle montre comment la causerie a évolué d’une mission éducative vers un contenu qui cherchait à mobiliser les opinions ; elle accorde une importance particulière aux causes défendues par les féministes qui revendiquent le droit de vote.

Micheline Cambron montre également que l’évolution de la causerie s’est faite par le biais d’interactions avec les auditeurs et d’une prise de conscience de « l’auditoire invisible ». La discussion de Micheline Cambron sur une forme commune à la plupart des radios francophones soulève des questions sur l’existence d’un type radiophonique dans le monde francophone. Dans quelle mesure les thèmes clés du développement de la radio – relations avec le pouvoir d’Etat, émergence puis distinction de la presse écrite, tensions entre les émissions élitistes et populaires, entre autres – se sont-ils développés de façon similaire dans le monde francophone ? La figure de l’intellectuel-l-e, et le contenu qu’il a fourni à la radio, si efficacement utilisé ici comme cadre unificateur, pourrait stimuler une recherche allant au-delà des groupements transnationaux pour tendre vers des comparaisons transnationales et une compréhension plus riche de la nature même de la radio.

Compte-rendu d’Evan Spritzer, n°33 du Temps des Médias, rubrique « Parutions »

 

Compte-rendu de Timothée Mucchiutti sur la plateforme de Lectures, relais de l’actualité de l’édition en sciences sociales

Dirigé par Alain Clavien et Nelly Valsangiacomo, ce recueil de contributions prolonge le colloque consacré aux interactions entre les intellectuels et la radio dans l’espace francophone – Québec, Suisse, Belgique, France, Afrique – organisé en 2015 par l’université de Lausanne1. Présents sur les ondes dès les débuts de la radio, le rapport des intellectuels à cette dernière a évolué avec les différents changements l’affectant. Un changement de fonction des intellectuels s’est par exemple manifesté lorsque les conférences radiophoniques des débuts, quelquefois qualifiées de causeries, sont devenues des tables-rondes animées par des journalistes professionnels invitant des intellectuels. Partant de là, une douzaine de contributions interroge la nature des rapports liant les intellectuels et la radio à différentes époques et en différents lieux.

Dès les débuts de la radiodiffusion, les intellectuels entretinrent des rapports sensiblement variés à ce média. Marilou Saint-Pierre met ainsi en évidence les différentes positions des intellectuels québécois engagés dans le débat sur les missions de la radio dans les journaux montréalais durant l’entre-deux-guerres. Analysant le contenu de leurs chroniques des années 1930, il lui apparaît notamment que deux visions s’opposent : celle de Gil Artois qui, accordant de l’importance au plaisir éprouvé lors de l’écoute d’une émission par l’auditeur, défendait une approche populaire du média radiophonique ; et celle de L’Écouteur qui, en défendant une radio qui se doit « être une école du bon goût » (p. 55), se faisait le porte-parole d’une approche élitiste. Micheline Cambron montre quant à elle que les chroniqueurs québécois assumèrent un rôle d’intellectuel sur les ondes dans les années 1920 et 1930 – au sens de « celui ou celle qui intervient dans l’espace public de manière régulière ou intensive, à propos d’enjeux collectivement significatifs qui touchent la société civile et qui, ce faisant, promeuvent, défendent et incarnent la liberté de parole contre différents pouvoirs » (p. 64). À cet effet, elle analyse l’évolution des programmes, la nature des causeries, et le contenu de celles animées par des femmes. Selon l’auteure, le début des années 1930 marquerait un tournant dans la programmation radiophonique : d’une part, le temps d’antenne dévolu à la parole devint plus important que celui accordé à la musique ; d’autre part, les femmes commencèrent à intervenir à la radio. À la différence des causeries masculines, qui présentaient un caractère exclusivement informatif, les causeries féminines possédaient également une dimension argumentative de sensibilité féministe, s’inscrivant dans l’actualité de la lutte pour l’égalité politique entre hommes et femmes. A contrario, en s’intéressant à la programmation du Service suisse d’ondes courtes (SOC) – la radio internationale suisse – durant la Seconde Guerre mondiale, Raphaëlle Ruppen Coutaz montre que, dès le début du conflit, les intellectuels en charge des chroniques diffusées par le SOC délaissèrent toute posture critique pour adhérer pleinement à la politique menée par le Conseil fédéral helvétique. Les chroniques diffusées par le SOC poursuivaient alors toutes un même objectif : légitimer la position diplomatique du pays. En se faisant les relais de la parole officielle, les intellectuels participèrent à la construction de la mémoire du pays dans l’après-guerre : celle d’une Suisse neutre et pacifique durant le conflit.

Progressivement, les changements programmatiques de la radio affectèrent le rapport des intellectuels à cette dernière. La contribution de Marine Beccarelli interroge ainsi la présence a priori incongrue des intellectuels sur la radio nocturne française2 dans la seconde moitié du XXe siècle. D’une part, elle revient sur le cas de José Artur, producteur d’une émission de radio nocturne où il recevait et conversait très librement avec des intellectuels, suspendu de ses fonctions pour sa liberté de ton, ceci donnant lieu à une lettre ouverte envoyée en vain par ces mêmes intellectuels au PDG de l’ORTF pour faire annuler la sanction au nom de la liberté d’expression. D’autre part, elle rappelle qu’en leur demandant « d’oublier qu’ils étaient des écrivains » (p. 140), Alain Veinstein (responsable des programmes de France Culture) recherchait des écrivains-intellectuels capables de tenir un rôle de documentariste pour l’émission de radio Nuits magnétiques (1978-1999) : ces derniers n’étaient pas recrutés pour écrire des textes littéraires, mais pour réaliser entre autres des interviews et des micro-cachés. Exploitant le cas Veinstein sous un autre angle, Christophe Deleu montre de son côté – en s’appuyant notamment sur les travaux de Marie-Ève Thérenty et ses quatre critères différenciant le travail journalistique contemporain de celui de l’écrivain (la périodicité, l’actualité, la rubricité et la collectivité) – que les écrivains-intellectuels des Nuits magnétiques s’éloignaient des modalités de travail du journalisme contemporain, tout en respectant certaines de ses contraintes.

Certaines évolutions sociétales et politiques conduisirent aussi les intellectuels à s’engager à et sur la radio. Dans cette veine, Jonathan Landau établit une typologie des intellectuels conviés à participer au premier programme à vocation exclusivement scientifique dédié à l’Afrique : Mémoire d’un continent, diffusé sur Radio France Internationale (RFI) dans un contexte de décolonisation. Entre 1969 et 1971, les intellectuels invités furent exclusivement des archéologues et des paléontologues français. Du fait d’un faible nombre de spécialistes français de l’histoire africaine, les mêmes invités revenaient. À partir de 1971, l’historien d’origine guinéenne Ibrahima Baba Kaké prit les rênes de l’émission et convia les premiers historiens africains. Trois ans plus tard, en 1974, il s’engagea même à les rencontrer dans leur pays et, en 1984, l’émission accueillit autant de scientifiques français qu’africains, majoritairement francophones. À partir de 1994, Elikia M’Bokolo engagea une triple évolution : ouverture disciplinaire de l’émission, problématisation accrue des sujets et internationalisation des profils invités. Dans un autre registre, la contribution de Félix Patiès dresse une typologie des soutiens intellectuels à Radio Libertaire, la radio de la Fédération anarchiste qui chercha au début des années 80 à diffuser ses programmes sur des ondes FM saturées. Il en dégage trois types de profils socioprofessionnels : des intellectuels professionnels sympathisants, des intellectuels professionnels militants, des intellectuels artistes et anarchistes. Les deux premiers types bénéficieraient selon lui d’une légitimité académique, tandis que la dernière catégorie jouirait d’une légitimité fondée sur un succès commercial et critique. Ces intellectuels apportèrent conjointement à Radio Libertaire plusieurs types d’aides non-exclusives : soutien moral, appui financier et participation active à la programmation.

Quant aux effets de la présence des intellectuels sur les ondes, la contribution de Céline Rase nous renseigne sur l’importance prêtée à leur parole au regard de l’évolution des comportements pendant la première moitié du XXe siècle. Analysant les verdicts des tribunaux belges à la Libération, elle constate que, si 5 % de l’ensemble des accusés furent condamnés à mort par la justice, ce pourcentage s’éleva à 19 % chez les gens de la radio. Et les jugements internes de l’Institut national de radiodiffusion belge furent également sévères : Michel de Ghelderode, un intellectuel engagé par la radio belge, fut par exemple condamné à 85 ans d’interdiction d’exercice radiophonique pour avoir produit des chroniques entre 1941 et 1943. Dans le même ordre d’idées, Valérie Cossy met pour sa part en évidence les effets aliénants de cette parole aux yeux de Virginia Woolf et Alice Rivaz, ceci en fondant son analyse sur leurs romans parus au milieu du XXe siècle. Les deux écrivaines s’y accorderaient en effet sur une « croyance dans le pouvoir des mots » (p. 13). Finalement, Christine Le Quellec Cottier confirme ce statut de la parole radiophonique comme outil de pouvoir. Explorant les deux œuvres de fiction francophones d’Afrique subsaharienne que sont Le Pleurer-rire (1982) et En attendant le vote des bêtes sauvages (1998), il lui apparaît que la conquête de la radio nationale et la collaboration avec les journalistes permirent l’installation de régimes autoritaires post-coloniaux.

L’apport principal de cet ouvrage, très dense, est de restituer la complexité des rapports liant les intellectuels à la radio, ces rapports ne se résumant pas à la figure bourdieusienne de l’intellectuel médiatique3. Par ailleurs, plusieurs contributions à dimension historique ont le mérite de (re)mettre en perspective certaines problématiques médiatiques brûlantes d’actualité :
missions du service public de l’audiovisuel et effets des médias sur nos comportements4 notamment.

1 Document récapitulatif de l’événement disponible au format pdf sur le site de l’université ou directement en cliquant ici
2 Correspondant aux programmes généralement diffusés entre 23 heures et 5 heures.
3 Voir David Buxton et Francis James (dir.), Les intellectuels de médias en France, Paris, L’Harmattan, 2005.
4 À propos des effets de l’information médiatique, se référer également à la récente communication de Dominique Cardon au Collège de France à l’occasion du colloque sur « la démocratie à l’âge de la post-vérité » : https://www.college-de-france.fr/site/pierre-rosanvallon/symposium-2018-02-27-11h00.htm.

Timothée Mucchiutti, journals.openedition.org, décembre 2018

 

Nelly Valsangiacomo a été invitée au 5h-6h30 le 12 décembre 2018, RTS1:
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Nelly Valsangiacomo a été invitée dans l’émission Versus/Penser du 11 septembre 2018, Espace 2: 
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