Les shrapnels du mensonge

La Suisse face à la propagande allemande de la Grande Guerre

Elsig, Alexandre,

2017, 581 pages, 37 €, ISBN:978-2-88901-109-4

Tous les vecteurs culturels sont mobilisés par les sociétés belligérantes durant la Grande Guerre pour convaincre de la légitimité de leur combat. L’opinion publique helvétique s’engage elle aussi dans cette lutte symbolique. Utilisant l’action allemande comme pivot, cet ouvrage cherche à déterminer les mécanismes d’acceptation et de refus que les élites helvétiques ont progressivement actionnés face aux assauts des propagandes, ces « shrapnels du mensonges ».

Format Imprimé - 46,00 CHF

Description

Loin de se limiter aux champs de bataille, la Grande Guerre se livre aussi, à l’arrière et dans les pays restés neutres, au nom de la civilisation ou de la Kultur contre la barbarie adverse. De la dépêche au pamphlet, de l’affiche à la conférence, du théâtre au cinéma, du jeu pour enfants à la publicité, tous les vecteurs culturels sont mobilisés par les sociétés belligérantes pour convaincre de la légitimité de leur combat.

Entre 1914 et 1918, l’opinion publique helvétique est partie prenante de la lutte symbolique engagée par les puissances belligérantes. Utilisant l’action allemande comme pivot, cet ouvrage cherche à déterminer les mécanismes d’acceptation et de refus que les élites helvétiques ont progressivement actionnés face aux assauts des propagandes, ces « shrapnels du mensonge ».

En dépit des critiques que leurs manoeuvres généraient, les propagandistes n’ont jamais cessé de croire à la nécessité de leur action dans ce conflit « total ». La culture suisse, par son rôle de plaque tournante européenne, a dès lors représenté un théâtre imaginaire de la guerre où les belligérants ont tenté de promouvoir une image irréprochable d’eux-mêmes, une image qui s’est révélée, une fois la paix revenue, largement déréalisée.

Très bien rédigé et richement documenté, ce livre est augmenté d’un important corpus d’images et de films d’archives disponibles en ligne.

Table des matières

Introduction

  • L’embrigadement moral des neutres
  • Propaganda et Aufklärung
  • Les propagandes face à l’opinion
  • Un riche corpus de sources

Partie 1
Entre discorde et concorde

1. Les pommes de la discorde

  • La force d’attraction allemande
  • Les -philies s’en vont en guerre

2. Une déflagration spontanée

  • Les civils au garde-à-vous
  • Une institutionnalisation à contretemps
  • « Sentir battre le pouls de cette Europe en guerre »

3. Les voix de la concorde

  • L’appel au calme helvétiste
  • La réaction de la Confédération
  • Mai 1915, une plaque tournante

Partie 2
L’installation d’un réseau de propagande

4. Institutions, acteurs et idées

  • Structures et géographie de la propagande
  • En terrain miné: l’action dans le monde latin
  • Le soutien des réseaux indigènes
  • Effet miroir: les thèmes de propagande

5. Vénalité et connivence du monde de la presse

  • Une « avalanche de papier » en Suisse alémanique
  • Les agences, nerf de la guerre d’information

6. Les publics cibles de la presse spécialisée

  • Guerre imaginée, guerre d’images
  • Une presse dominicale « dénationalisée »?

7. La plume, la parole et les images

  • Wyss et Payot, un combat littéraire
  • Des formes secondaires de propagande

Partie 3
Totalisation et massification

8. Mouvements de bascule

  • Pertes et profits de l’affaire des colonels
  • L’offensive à tout prix

9. Grandeur et décadence de la propagande artistique

  • Harry Kessler, avec tambours et trompettes
  • L’occupation des musées
  • L’argent trouble de Paul Cassirer
  • La sécession austro-hongroise

10. Une propagande pour les masses

  • Au petit théâtre de la Grande Guerre
  • La guerre dans les salles obscures

11. Jusqu’au bout

  • Un « feu roulant de papier »
  • L’encadrement des internés
  • L’aspiration des « nationalités »

12. La paix, rien que la paix?

  • L’omniprésence de Jean Debrit
  • L’odeur du soufre révolutionnaire
  • La Freie Zeitung, l’arme démocrate de l’Entente

Partie 4
Une défaite avant l’heure

13. Changement de cap

  • Réorientation de la politique extérieure
  • La récupération de l’helvétisme par l’Entente
  • L’économie par-dessus tout

14. Un système inaltérable

  • Le déraillement artistique
  • Une ultime action dans les librairies
  • Tabula rasa à la légation

Conclusion

Sources et Bibliographie

Liste des abréviations

Index des noms de personnes

Crédits iconographiques

Presse

La Suisse, un champ de bataille culturel

Si la Suisse a été militairement épargnée lors de la Première Guerre mondiale, elle a été en revanche l’objet d’une lutte acharnée de la part des belligérants qui n’ont pas manqué d’imagination pour en faire un espace âprement disputé et y diffuser leur propagande respective comme le démontre l’étude minutieuse d’Alexandre Elsig publiée aux Editions Antipodes sous le titre « Les shrapnels du mensonge : la Suisse face à la propagande allemande de la Grande Guerre ». L’auteur y décortique les techniques et les vecteurs utilisés par les belligérants pour tenter d’influencer l’opinion publique suisse. Ceux-ci n’ont pas ménagé leurs efforts pour promouvoir leur cause et diaboliser leurs ennemis. La guerre se livrait bel et bien sur les champs de bataille, mais les attaques se développaient aussi à coup de livres partisans, d’articles, de photographies, de revues, de brochures, de cartes postales caricaturales, et de conférences orientées.

Loin de se limiter à la propagande par l’écrit, les propagandistes ont alors compris tout le potentiel des images pour travailler l’opinion publique dans un sens favorable à leur cause respective. Les diplomates allemands ont par exemple loué des vitrines dans des villes suisses pour y afficher des illustrations et exercer leur influence. Si les Alliés insistent sur la barbarie des « boches », les affiches allemandes luttant contre ces représentations dégradantes mettent en avant des statistiques démontrant l’importance des réalisations culturelles et économiques du Reich. Pour toucher les masses, les propagandistes n’oublient pas d’utiliser un vecteur massif : la carte postale. Celle-ci s’inscrit souvent dans un registre satirique visant à déshumaniser ou ridiculiser l’ennemi.

Au fur et à mesure que la guerre se prolonge, les belligérants qui tentent de diffuser leur propagande en Suisse vont mettre sur pied des moyens plus subtils pour y façonner l’opinion. A cet effet, l’Allemagne va chercher à dominer les scènes de théâtre et les salles de concert, de cinéma, et instrumentaliser les cabarets. L’art va devenir un enjeu disputé entre ces puissances belligérantes et l’objet d’une propagande culturelle âprement disputé. Par ce biais, l’Allemagne essaie d’affermir les liens culturels qui unissaient la Suisse et l’Allemagne avant le conflit. Mais les autorités françaises ne vont pas laisser le champ libre à leur ennemi. Elles organisent en riposte une tournée de la Comédie-Française à Lausanne, Genève, Bâle, Berne et Zurich. Si l’Allemagne réussit à subventionner les plus importantes salles de spectacles alémaniques, la France n’est pas en reste : le Quai d’Orsay soutient La Comédie de Genève et celle de Lausanne tout en leur procurant des comédiens. La France et l’Allemagne se livreront encore bataille sur le sol suisse par le biais d’expositions de peinture. Par des investissements massifs, l’Allemagne réussit enfin le tour de force de s’emparer de la plupart des salles de cabaret et de variétés alémaniques, tout en veillant à ne pas trop offenser le public indigène.

Nicolas Quinche, La Côte, 17 janvier 2020

 

Alexandre Elsig parle des « Shrapnels du mensonge » dans Forum (RTS, 20.2.17). Ecouter l’émission

L’appétit de la propagande allemande

Durant la Grande Guerre, l’Empire allemand a déployé une folle énergie pour gagner la Suisse à sa cause

L’exposition s’ouvre à la fin août 1917 en présence de 400 invités. À Berne, la diplomatie allemande a fait construire un gigantesque pavillon, destiné à accueillir l’exposition du Werkbund allemand, une association d’arts appliqués. L’événement illustre la folle débauche d’énergie déployée par la propagande allemande durant toute la Première Guerre mondiale en Suisse.

Cet effort de guerre d’un nouveau genre a été passé sous la loupe par Alexandre Elsig, qui y a consacré sa thèse de doctorat en histoire contemporaine à l’Université de Fribourg. « Durant la Grande Guerre, tout le champ culturel suisse est pollué par les propagandes étrangères. Le conflit n’est pas seulement militaire, mais aussi idéologique. Les États se battent pour la civilisation contre la barbarie », résume l’historien.

En tentant de gagner à leur cause l’opinion publique d’un pays neutre situé au coeur de l’Europe, les belligérants visent à obtenir la confirmation de la justesse de leur combat, à renforcer la cohésion de leur propre opinion publique et à affaiblir le moral de l’adversaire. Dès octobre 1914, la propagande allemande est chapeautée par une institution étatique, la Zentralstelle für Auslandsdienst.

Du papier aux arts

Occupant d’abord le champ littéraire et médiatique (journaux, revues illustrées, pamphlets, maisons d’édition), l’offensive prend d’autres formes dès 1916: conférences, pièces de théâtre, films diffusés au cinéma, expositions de peinture, concerts et même défilés de mode. « À mesure que le conflit évolue vers une guerre de position, la Suisse se montre de plus en plus critique. La propagande allemande tente alors d’éviter le terrain politique et polémique pour privilégier le domaine artistique », analyse Alexandre Elsig. De grands noms se produisent en Suisse, dont Richard Strauss, qui présente son opéra Elektra dans plusieurs salles alémaniques.

Jusqu’à Fribourg

La propagande allemande se déploie principalement à Zurich, Bâle et Berne. Fribourg n’y échappe pas. En 1915, les Allemands réussissent à placer dans La Liberté quelques correspondances d’un aristocrate français, le journaliste monarchiste Jacques de Bonal, mais sa germanophilie étant trop évidente, la direction du journal stoppe la collaboration. Le monde des librairies est également touché par le conflit idéologique. Alors que les Français ouvrent une librairie à Fribourg en 1918, les Allemands sont en contact avec le libraire de l’université, Otto Gschwend, un lieutenant allemand, qui édite à la fin de la guerre une brochure illustrée très polémique, intitulée Tombeaux de soldats détruits par les Français.

La propagande allemande s’adresse avant tout à l’élite suisse, relève Alexandre Elsig. « Au départ, elle trouve écho dans des milieux germanophiles alémaniques. Mais, avant de perdre la guerre sur le terrain, l’Allemagne sera rapidement battue dans la bataille idéologique. L’attaque de la France et la violation de la neutralité belge resteront des handicaps difficiles à surmonter. »

Lorsque la guerre éclate, la Suisse se montre divisée, la Suisse alémanique penchant vers l’Allemagne, la Suisse romande soutenant la France. « Mais ce fossé culturel n’est pas aussi net, nuance l’historien. Par exemple, les milieux libéraux alémaniques se montrent très critiques envers l’Allemagne impériale. »

Dès 1917, les soucis du quotidien (problèmes de ravitaillement, inflation, etc.) l’emportent au sein de la population suisse. Des intellectuels s’engagent également en faveur de la cohésion nationale. C’est le cas de la Nouvelle Société helvétique, une association patriotique, cofondée en 1914 par le patricien fribourgeois Gonzague de Reynold, dans le but de créer un rempart aux influences culturelles étrangères. »

Thibaud Guisan, La Liberté, 24 février 2017.

 

Dans Le temps des médias

Cet ouvrage reprend l’essentiel de la thèse d’histoire culturelle, soutenue en 2014 par Alexandre Elsig à l’université de Fribourg. La riche bibliographielaisse entrevoir la masse documentaire travaillée par l’auteur pour ce livre original qui éclaire la place de la confédération helvétique dans la guerre totale. La Suisse a été submergée par une propagande visant à faire basculer le pays dans l’un ou l’autre camp. Alexandre Elsig a choisi de limiter ses recherches aux « shrapnels du mensonge » en exploitant des sources allemandes méconnues, alors que les « crapouillots » de la propagande française ont été largement étudiés, notamment par Jean-Claude Montant. Ce parti-pris n’empêche pas de convoquer les pays de l’Entente pour d’utiles comparaisons. L’auteur dirige aussi son regard vers les neutres qui, comme la Suisse, sont pris entre les menaces d’intervention et les tentatives de séduction des belligérants. Cette dimension géopolitique, ainsi que d’autres que nous évoquerons par la suite, enferme la Suisse dans les enjeux d’une guerre totale qui se déroule aussi sur le théâtre helvétique.

Dans un pays partagé entre une majorité alémanique et des minorités latines, l’éclatement du conflit trouve « des terreaux extrêmement favorables d’implantation pour des discours belligérants en recherche de soutiens indigènes complaisants » (p. 531). Le viol de la neutralité belge et la peur d’une invasion exaspèrent les tensions et déchaînent les propagandes divergentes. La Suisse, comme les belligérants, est inondée des littératures antagonistes qui dénoncent la barbarie d’un ennemi diabolisé. L’opinion germanophone partage majoritairement les thèses allemandes reprises par la presse alors que les Romands soutiennent celles de l’Entente. Dans la première partie du livre, l’auteur analyse cette « pomme de discorde » alors que se répand l’idée d’un fossé qui se creuse et menace la Suisse d’éclatement. Le passage à une guerre de position dès la fin 1914, écarte cette menace, la mobilisation se ralentit et dans les deux régions linguistiques s’élèvent les voix d’un courant « helvétiste » qui appelle au dialogue. La Suisse n’en est pas pour autant quitte avec l’affrontement continental, elle reste un enjeu, une plaque tournante qu’il faut contrôler alors que l’on s’installe progressivement dans une guerre totale. Il faut embrigader l’opinion car « Les voix suisses sont convoitées pour leur apparence d’impartialité et leur capacité à peser sur les espaces médiatiques environnants » (p. 17). Pour cela, il faut trouver des relais locaux, peser sur les acteurs et les faiseurs d’opinion. Ce rôle est dévolu à von Romberg, un diplomate de la légation allemande à Berne en mai 1915. Un rôle d’autant plus indispensable qu’à la même époque la censure militaire et fédérale vise particulièrement les publications venues de l’étranger. Dans l’espace alémanique, la tâche est facilitée par une opinion sensible aux valeurs de la « Kultur ». Le Reich trouve même une attitude complaisante de la part d’Urich Wille, le chef d’État-major de l’armée helvétique. Dans les cantons romands, l’influence allemande est plus discrète: elle soutient les partisans de la neutralité suisse et tente, par ricochet, d’influencer l’adversaire de l’autre côté du Léman. L’auteur signale d’ailleurs que l’exportation de journaux suisse triple pendant la guerre.

Si la deuxième partie étudie de manière assez classique la mise en place d’un réseau de propagande, la troisième partie qui s’intitule « totalisation et massification » est au coeur d’une histoire riche et novatrice, appuyée sur les courants historiographiques récents de l’histoire culturelle du conflit mondial. L’auteur montre que les dégâts causés en 1916 par l’affaire des colonels (deux colonels de l’armée suisse sont compromis dans des échanges de renseignements avec les militaires allemands) diminuent l’influence allemande dans les cantons alémaniques et obligent Berlin et Romberg à revoir leur stratégie propagandiste. À côté du travail classique de la presse, apparaissent les axes d’une politique d’influence culturelle plus indirecte et plus diverse. L’auteur étudie l’exemple de la DSG, société germano-suisse de Blocher qui vise au développement culturel commun (Eduard Blocher est le grand-père de Christoph Blocher, l’actuel leader de l’extrême-droite xénophobe UDC). « Répondant à une première offensive menée par la France, l’Allemagne engage une propagande artistique qui envahit les scènes de théâtre et de concert, les musées, les salles de cinéma et de cabaret et jusqu’aux podiums de mode » (p. 329). Max Reinhardt, Richard Strauss, Stephan Zweig seproduisent en Suisse. Les peintures de Klimt et Kokoschka répondent aux impressionnistes français ou à Rodin. L’auteur s’applique avec bonheur à traiter de la massification en analysant « le feu roulant de papier » ou la « guerre des salles obscures ». Les hôtels qui accueillent une population étrangère importante sont une cible privilégiée de la Hotelpropaganda qui, avec la Kunstpropaganda, complète le dispositif allemand, imaginé par le capitaine Kessler. Cette partie très riche de l’ouvrage traite encore de bien d’autres supports de propagande en analysant une très riche iconographie d’affiches, de photographies et de caricatures.

La dernière partie du livre, « la défaite avant l’heure », explique l’échec de la propagande allemande, y compris dans la partie orientale de la Suisse. Elle est liée à des difficultés économiques que l’opinion impute à la guerre sous-marine. Le conseiller Hoffmann en charge de la politique extérieure doit démissionner à la suite d’un scandale qui révèle sa germanophilie. Ce contexte favorise l’entente et renforce le poids du courant helvétiste. Dans la conclusion du livre, l’auteur analyse les conséquences de la guerre sur l’identité suisse. Le fossé ouvert par les cultures de guerre entre les entités linguistiques se comble mécaniquement par l’effondrement allemand et la volonté des élites politiques de pratiquer un « assainissement mémoriel » qui « installe la neutralité comme valeur intangible de la Confédération depuis l’époque moderne, alors que le principe même de neutralité a été mis à mal par cette guerre » (p. 538). Dès lors, la Suisse aime à se représenter comme un ilot de paix au milieu d’un continent pris dans les fureurs guerrières et entend se positionner face au reste du monde. Alexandre Elsig a montré que la réalité est plus complexe.

Claude Robinot, Le temps des médias, No 30, printemps 2018, pp. 267-269

Dans H-Soz-Kult

Die Geschichte der Schweiz im Ersten Weltkrieg war bis vor wenigen Jahren kaum erforscht. Die neuen Forschungsarbeiten, die im Rahmen eines 2012 angelaufenen Sinergia-Projekts entstanden sind, beleuchten nun in transnationalen Perspektiven den Kleinstaat Schweiz im totalen Krieg.[1] Alexandre Elsigs Buch « Les Shrapnels du mensonge » ist die zweite Dissertation, die im Umfeld dieser Forschungen erschienen ist. Das Werk beeindruckt durch den konsequenten Fokus auf die propagandistische Aktivität des Deutschen Reichs in der Schweiz, insbesondere angesichts der Fülle des Materials, der Informationen und der teilweise überaus verschachtelten Zusammenhänge der vielfältigen Einflussnahmen auf die schweizerische und internationale Öffentlichkeit.

Der Autor rahmt sein Forschungsinteresse mit einem Zitat von Meinrad Inglin von 1938, wonach eine multiple Propaganda die Schweiz im Krieg durchdrungen habe – multipel in ihrer Herkunft, aber auch in ihren Erscheinungen und Formen sowie hinsichtlich ihrer Adressaten.[2] Dass Elsig diesem Interesse dann mit dem Fokus auf die deutsche Propaganda nachgeht, begründet er zum einen damit, dass für die Propagandaaktivitäten Frankreichs bereits eine ausführliche Darstellung von Jean-Claude Montant vorliege[3]; zum anderen, dass die entsprechenden vertraulichen Dokumente im Auswärtigen Amt noch der Untersuchung harrten. Auch wenn Elsig sich auf die deutschen Aktivitäten konzentriert, unterlässt er es nicht, immer wieder auf analoge propagandistische Vorstösse Frankreichs, Grossbritanniens, Belgiens sowie auch Österreich-Ungarns hinzuweisen und gegebenenfalls deutsche Massnahmen auch als Reaktion auf französische einzuordnen. So gelingt es ihm trotz der Fokussierung ausgezeichnet, nicht den Eindruck aufkommen zu lassen, es sei vor allem oder allein die deutsche Propaganda gewesen, die neutrale Staaten wie die Schweiz für die transnationale Stimmungsmache genutzt hatte. Zudem macht er mit der engen Verquickung der Akteure deutlich, dass die Schweiz nicht nur Plattform internationaler Interessen war, sondern dass sich ausländische mit inländischen Stimmen vermengten und überlagerten und dabei vielfältige Interessen bedienten.

Alexandre Elsig gliedert sein umfangreiches Werk entlang dreier Untersuchungsachsen. Die erste betrifft die politischen Strukturen, die Propaganda begünstigten oder unterdrückten. Dabei ist es ihm wichtig, auf die Widersprüchlichkeit der Propaganda hinzuweisen, die zum einen bedingt war durch unterschiedliche kollektive Akteure des Deutschen Reichs, die sich durchaus nicht immer einig waren. Zum anderen sei die Konzentration der strategischen Kräfte eine Illusion gewesen, etwa aufgrund der starken Gegenpole von zivilen und militärischen Machtzentren, aber auch weil Propagandaaktivitäten pragmatisch der Wahrnehmung durch die Adressaten angepasst werden mussten.

Die zweite Achse betrifft die Träger der Propaganda, also die Vielzahl unterschiedlicher Medien der propagandistischen Beeinflussung. Diese gruppiert der Autor zum einen unter dem Titel « Informationsvermittlung », die etwa Zeitungen aller Art umfasst, so zum Beispiel neben renommierten, « infiltrierten », alteingesessenen Tageszeitungen auch Sonntagsbeilagen. Des Weiteren benennt er « Organe der Reflexion», worunter er die Kriegsliteratur und Vorträge zählt; und schliesslich die « Instrumente der Verführung », unter die er sämtliche Medien der Unterhaltung, Bilder, die Künste, das Kino und so fort subsumiert. Dabei kommen unterschiedliche Zugänge der Analyse zum Tragen, etwa indem er die Unterhaltungsmedien im Rahmen der Sozialgeschichte der Repräsentationen untersucht.

Die dritte Achse gilt den Propagandainhalten selbst. Ihre Funktionen sieht der Autor einerseits in der Verbreitung von Argumentationen und Informationen, aber sie sollten auch Affekte und Emotionen auslösen, um über die Grenzen des neutralen Staats hinweg transnationale Gemeinschaften zu schaffen, die der einen oder anderen Kriegsmacht zugeneigt sein sollten. Dabei gelte es nicht nur den Wahrheitsgehalt der Botschaften zu eruieren, sondern auch ihre Glaubwürdigkeit für die adressierten Personenkreise zu ermessen.

Der Kern des überaus reichen Quellenmaterials stammt aus Archiven in Berlin. Trotz gezielter Vernichtungen nach dem Krieg und Zerstörungen während des Zweiten Weltkriegs schätzt Elsig diese Bestände des Auswärtigen Amts und des Bundesarchivs für seine Fragestellung als überaus informativ ein. Dazu kommen Bestände aus schweizerischen Archiven und Bibliotheken, insbesondere dem Schweizerischen Bundesarchiv, dem Literaturarchiv und der Nationalbibliothek sowie diversen kantonalen Archiven, nicht zu vergessen der reiche Fundus an gedrucktem Quellenmaterial.

Elsig macht deutlich, wie stark die Propaganda der Kriegsmächte transnational auf Politik und Zivilgesellschaften auch der neutralen Staaten einwirkte. Er unterstreicht die Bedeutung dieser Propaganda auf neutralem Boden und vielfach durch die Nutzung von Medien dieser Staaten, um zu verschleiern, wie interessegeleitet die Informationen und kulturellen Erzeugnisse waren. Er sieht die Schweiz als ein Experimentierfeld solcher Propagandabemühungen, die die Öffentlichkeit mit Material aller Art überhäuften, was eine auf die eigenen Interessen gerichtete Meinungsbildung ausserordentlich erschwerte. Dies umso mehr, als auch einzelne schweizerische Gruppierungen für eine Parteinahme zugunsten von Kriegsparteien warben und gezielt die anderen Sprachgemeinschaften des Landes angriffen. Die verwirrende Informationssituation verschärfte sich, weil die deutsche Propaganda insbesondere in der zweiten Hälfte des Ersten Weltkriegs auch dezidiert versuchte, Gruppierungen mit einer völlig anderen Agenda zu manipulieren, so etwa Exilgruppen aus den Vielvölkerstaaten, die für einen Nationalstaat agitierten; oder die Friedensbewegung, die die Deutschen zu nutzen versuchten, um französische Internierte zu demoralisieren. Die Agitationslinien verliefen kreuz und quer, sodass es schwierig gewesen sein dürfte, den Überblick zu bewahren. Wie intensiv die Aktivitäten zugunsten des Deutschen Reiches waren, wurde alleine am exponentiellen Anstieg der Belegschaft der Deutschen Gesandtschaft in Bern deutlich, in der viele der propagandistischen Fäden zusammenliefen.

Elsig kann im Weiteren zeigen, dass die intensive und zeitweise sehr aggressive, aufdringliche Propaganda zugunsten des Deutschen Reiches zunehmend den Absichten konträre Wirkungen zeitigte. Er hält fest, dass zumindest Teile der schweizerischen Bevölkerung sich der Beeinflussung entzogen, sie ablehnten und vermehrt auf die Stärkung der innerschweizerischen Verständigung achteten. Insbesondere die Oberstenaffäre im Dezember 1915 bezeichnet er als eigentliches Desaster für die deutsche Propaganda, da dieser Vorfall die deutschen Propagandaabsichten dauerhaft desavouiert habe. In der Folge suchten Verantwortliche für die deutsche Propaganda wie Harry Kessler, der ab 1916 die deutsche Kulturpropaganda in Bern organisierte, oder Hans Attinger, der ab dem Sommer 1915 für die Zirkulation der Propaganda in der Schweiz zuständig war, mit leiseren und versteckteren Tönen für ihre Sache zu werben. Elsig kommt zum Schluss, dass dieser Skandal der deutschen Propaganda in der Schweiz einen nicht mehr korrigierbaren Stoss versetzt habe, sodass diese fortan endgültig im Unrecht stand.

Es ist eine männliche Welt, die Alexandre Elsig beschreibt. Frauen treten prominent nur an der von Harry Kessler organisierten Ausstellung des Deutschen Werkbundes in Bern 1917 auf und werden erwähnt als vermutete Leserinnen der Illustrierten Zeitungen. So bleiben die Aktivitäten der Frauen im Ersten Weltkrieg und jene, die Frauen und Frauenorganisationen anvisierten, weiterhin ein Forschungsdesiderat.

Dennoch: Elsigs Studie beeindruckt aufgrund ihrer Fülle an Informationen, und auch dadurch, dass es dem Autor gelingt, dieses intensive propagandistische Geschehen nicht nur zu beschreiben, sondern in seiner verwirrenden Vielfalt zu strukturieren und seine Entwicklung durch die Kriegsjahre hindurch zu beschreiben. So kann er zeigen, dass die Schweiz in diesem propagandistischen Feld und der transnationalen Einflussnahme auf die öffentliche Meinung zu einen wichtigen Experimentierfeld der Kriegsparteien wurde.

Die Studie ist neben ihrer eigentlichen Funktion der Aufarbeitung der deutschen Propaganda auch deswegen wichtig, weil sie damit die heftigen Kontroversen in der damaligen Öffentlichkeit um die politische Gemeinsamkeit der Sprachgemeinschaften, die später unglücklich als Ausdruck eines « Röstigraben » etikettiert wurden,[4] in ein weitgehend neues Licht stellen könnte.[5] Die einigermassen krude Vorstellung dieses « Röstigrabens » hat sich nämlich in die Geschichtskultur der Schweiz eingeschrieben[6] und droht so gelegentlich, selbst zum Anlasse einer Identitätspolitik zu werden, die die Sprachgemeinschaften der Schweiz trennt. Elsigs und Montants Studien nebeneinanderzustellen und die deutsch- und französischsprachigen Stimmen in einer mit Propaganda überzogenen Schweiz erneut einer intensiven Prüfung zu unterziehen, könnte dem entgegenwirken.

Anmerkungen:

[1] Die Schweiz im Ersten Weltkrieg: Transnationale Perspektiven auf einen Kleinstaat im totalen Krieg. Sinergia 141906, URL: http://p3.snf.ch/Project-141906 (10.06.2017).

[2] Meinrad Inglin, Schweizerspiegel, Leipzig 1938.

[3] Jean-Claude Montant, La propagande extérieure de la France pendant la Première Guerre mondiale: l’exemple de quelques neutres européens, Lille 1988.

[4] Konrad J. Kuhn / Béatrice Ziegler, Dominantes Narrativ und drängende Forschungsfragen. Zur Geschichte der Schweiz im Ersten Weltkrieg, in: traverse. Zeitschrift für Geschichte 3/2011, S. 123–141; Jakob Tanner, Geschichte der Schweiz im 20. Jahrhundert, Europäische Geschichte im 20. Jahrhundert, München 2015, S. 128–132.

[5] Einen Anfang machte Alexandre Elsig selbst, als er im Begleitband zur Ausstellung « 14/18. Die Schweiz und der Grosse Krieg » den Beitrag « Zwischen Zwietracht und Eintracht. Propaganda als Bewährungsprobe für die nationale Kohäsion » veröffentlichte. In: Roman Rossfeld, Thomas Buomberger, Patrick Kury (Hrsg.), 14/18. Die Schweiz und der Grosse Krieg, Baden 2014, S. 72–101.

[6] Michel Schultheiss, Julia Thyroff: in der . Eine Untersuchung von aktuellen Geschichtslehrmitteln zur Schweiz im Ersten Weltkrieg, in: Konrad J. Kuhn, Béatrice Ziegler (Hrsg.): Der vergessene Krieg. Spuren und Traditionen zur Schweiz im Ersten Weltkrieg, Baden 2014, S. 291–306.

Béatrice Ziegler, H-Soz-Kult, en collaboration avec infoclio.ch27.07.2017. Compte rendu en ligne: <www.hsozkult.de/publicationreview/id/rezbuecher-27406>.

 

La Suisse? Combien de divisions?

On sait que durant la Première Guerre mondiale la Suisse fut la plaque-tournante de l’espionnage, bien loin devant Salonique (ville rendue célèbre pour cette qualité par un film). Si Philippe Valode dans Espions et espionnes de la Grande Guerre dédouane bien imprudemment le député radical Louis Turmel d’espionnage (ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu manipulation en glissant de l’argent suisse dans ses affaires) par contre l’attaché militaire Busso von Bismarck est formel sur le fait que lui-même a reçu des informations du parlementaires des Côtes-du-nord, comme on peut le lire dans L’espionnage et le contre-espionnage pendant la guerre mondiale.

On a déjà vu dans l’ouvrage Souvenirs de 1914 à 1918: L’Europe en guerre, la Suisse et la chocolaterie Suchard combien Willy Russ comme la plupart des Suisses alémaniques, à l’exception des socialistes comme Robert Grimm qui organisa les conférences de Zimmerwald et Kiental et tenta de négocier une paix séparée entre la Russie et l’Allemagne, étaient pour la victoire de l’Allemagne. D’autre part les Romands soutenaient généralement la France, prirent officiellement position en particulier le libéral Camille Secretan et le radical Camille Deccopet. Toutefois on verra dans cet ouvrage que pour plusieurs raisons, une évolution se dessine au cours de l’année 1916; l’opinion alémanique se modifia de façon notable même si cela ne bouleversa pas radicalement les choses. Pour ces mêmes faits, l’hostilité des Romands face à l’Allemagne se renforça.

Depuis la Suisse, le gouvernement allemand envoie des sommes d’argent en direction des journaux parisiens qu’on souhaite voir tenir un discours de « paix blanche » et page 190 cet ouvrage rappelle les sommes versées au directeur du Journal, à savoir le sénateur Charles Humbert. Est par ailleurs confirmé le rôle dans des négociations secrètes du médecin Paul-Meunier député de l’Aube, ceci l’amenant depuis la Suisse jusqu’à Berlin au domicile du peintre Hans Bossard.

On sait que le général Ulrich Wille chef des armées suisses, marié à une fille du chancelier Bismarck, était pour une entrée en guerre de la Suisse aux côtés de l’Allemagne et qu’il couvrit les deux colonels de l’armée suisse qui portaient à la connaissance de Busso von Bismarck (cousin de son épouse) les messages décodés de l’armée russe par André Langie un mobilisé qui était bibliothécaire romand dans le civil. L’officier supérieur bâlois Karl Egli, une des plumes suisses au service de la propagande allemande, est impliqué dans cette Affaire des colonels.

C’est avec le plus grand intérêt que l’on se penchera sur l’ouvrage Les schrapnels du mensonge d’Alexandre Elsig. Il s’agit d’étudier comment, parmi les belligérants, l’Allemagne tente de convaincre l’opinion des neutres de la légitimité et l’avenir victorieux de son combat. La figure de l’intellectuel suisse donnant son avis sur la chose publique va apparaître durant ces années-là, soit quinze ans après l’image de l’intellectuel français. Toutefois si l’intellectuel apparaît en France avec un regard critique, en Suisse l’intellectuel est nettement au départ dans la reprise de propagande d’un camp ou de l’autre.

La couverture de l’ouvrage est d’Edmond Bille qui collabora durant la Première Guerre mondiale à des journaux suisses remettant en cause le rôle de l’armée de la Confédération durant cette période. C’est l’écrivain bernois germanophone Carl Albert Loosli qui évoque en 1917 dans une brochure l’usage par la propagande allemande de schrapnels du mensonge. Ce sont 574 journaux étrangers des pays neutres qui ont à moment ou à un autre accueilli la propagande germanique durant la Première guerre mondiale.

Le pasteur de Sion en Valais puis à l’époque des hôpitaux du canton de Zürich Eduard Blocher (le grand-père de Christoph Blocher) est dès le début du XXe siècle le fer de lance d’un mouvement de défense de l’allemand dans l’administration et la société, voulant expurger les mots français utilisés dans les dialectes alémaniques et germaniser les noms des lieux situés en pays romand. Cette association entretient une tension linguistique. Une brochure, due à Eduard Blocher, compare les neutralités belge et suisse; elle cautionne l’invasion allemande de la Belgique. Reprise par la propagande allemande dans d’autres pays, elle y passe pour un point de vue du peuple suisse sur la question. Au printemps 2017, on pourra lire un ouvrage intitulé Les trois vies du pasteur Blocher, le livre paraîtra chez les éditions Monographic basées à Sierre en Valais. Le politicien social-démocrate Hermann Blocher, frère d’Eduard, porte lui la propagande allemande en Suède d’où sa femme est originaire.

Les généraux de l’armée suisse pensent que la violation de la neutralité suisse ne peut venir que de la France en cas de conflit franco-allemand. D’ailleurs un plan de ce type est proposé à Joffre fin 1915 pour une exécution au début 1916; devant l’impossibilité de percer le front, on passerait par l’Ajoie et le canton de Bâle-campagne afin de surprendre l’Allemagne en pays de Bade et au Wurtemberg.

Alexandre Elsig évoque à l’automne 1914 les débats en Suisse autour de la violation de la neutralité belge par l’Allemagne et des atrocités tant dans ce pays, qu’en Prusse commises par les Russes et par les Serbes dans les Balkans. Vient le temps où les Helvètes sont inondés par de multiples exemplaires de manifestes destinés à montrer que le bon combat est d’un seul côté.

Le fossé se creuse entre les Romands et les Alémaniques, certes on dénonce et excuse dans les deux camps mais jamais sur les mêmes actions. Comme dans les pays belligérants jeux et livres engagés sont produits par des Helvétique. Souvent interdits de vente, au bout de quelques semaines, ils prennent la direction de la France ou de l’Allemagne où ils peuvent rejoindre l’artiste qui en est à l’origine (ainsi la Fribourgeoise Charlotte Schaller-Mouillot vit à Paris).

Histoire d’un brave petit soldat par Charlotte Schaller-Mouillot, album publié en 1915

Alexandre Elsig recherche comment la Suisse a pu tenter de se protéger contre les flots de propagande qui lui sont déversés directement (articles dans des journaux helvétiques subventionnés par un camp) ou indirectement (publications imprimées à l’étranger). En regard quelles censures intérieures ont été exercées contre par exemple une presse romande qui dénonçait les atrocités allemandes ou la presse tessinoise critiquant les armées des empires centraux. Par ailleurs les articles complaisants envers l’Allemagne sont très rarement sanctionnés. L’Allemagne fournit gratuitement plus de sept cent hôtels suisses en divers journaux germaniques. Margarete Gärtner joue un rôle important dans la propagande allemande en Suisse, plus tard en Rhénanie elle mènera une campagne contre « la honte noire ».

Un ingénieur suisse témoin des atrocités commises à Louvain peut tenir des conférences dans les cantons de Vaud, Fribourg et Neuchâtel mais se voit interdire de le faire dans le canton de Berne ce qui est un des éléments qui viennent alimenter le séparatisme du Jura francophone (une question toujours d’actualité avec le problème actuel du passage éventuel de Moutiers du canton de Berne à celui du Jura).

Par ailleurs il réfléchit autour des initiatives prises pour conforter l’opinion dans la confiance en son armée et son gouvernement. Une personnalité romande, non francophile car chantre d’un helvétisme et d’un conservatisme social, va jouer là un rôle de primordial. Il s’agit du Fribourgeois Gonzague de Reynold professeur de littérature française à l’université de Berne de 1915 à 1931.

Gonzague de Reynold debout à gauche en 1915

D’intéressantes pages sont consacrées à la propagande artistique où s’affrontent des visions bien opposées sur le contenu à délivrer; de plus dans ce domaine les Autrichiens trouvent une place non négligeable en particulier dans l’année 1917. Pour l’anecdote, on retiendra que paradoxalement dans le cadre d’une représentation du Deutsche Theater à Bâle en 1917 des comédiens chantent La Marseillaise.

On est là face à un très gros travail de recherche avec des exemples précis autour de titres et de personnes. On n’apprend pas seulement des informations sur le sujet précis mais également par ricochet on découvre d’autres faits. On l’a vu par exemple avec Paul-Meunier et on découvre que La Gazette des Ardennes (hebdomdaire de propagande diffusé dans les territoires français occupés par l’armée allemande) assura une bonne publicité à la Chanson de Craonne.

On apprécie l’index des noms propres et les assez nombreuses illustrations. On retiendra que: « En 1916, un rapport des autorités allemandes différencie l’action de ‘Propaganda’ qu’il attribue aux basses œuvres de l’ennemi, de celle d’’Aufklärung’ dont il se fait le parangon » (page 18).  Ceci amène à souhaiter un livre de la qualité de celui d’ Alexandre Elsig qui porterait sur la propagande française en Suisse. On sait que les personnalités à la mettre en œuvre furent le dessinateur Hansi, par ailleurs conservateur du musée Unterlinden de Colmar sous le nom de Jean-Jacques Waltz, ainsi que le docteur Bucher fondateur du musée alsacien de Strasbourg. Pour le lieu, il s’agit d’un village du Haut-Rhin resté français (aujourd’hui le Territoire de Belfort) nommé Réchésy au carrefour des frontières françaises, suisses et allemandes (voir http://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne-franche-comte/territoire-de-belfort/histoires-14-18-academie-du-renseignements-rechesy-724325.html).

Octave, Grégoire de Tours, 19 février 2017