La signification de la vérité

James, Wiliam,

1998, 195 pages, 22 €, ISBN:2-940146-10-1

« Le pivot de mon livre intitulé Le pragmatisme est sa description de la relation appellée « vérité », qu’on peut trouver entre une idée (opinion, croyance, énoncé, etc.) et son objet. Peu de critiques l’ont défendue, la plupart d’entre eux l’ont rejetée avec dédain. Il semble évident que le sujet est ardu, sous son apparente simplicité; et évident aussi, à mon avis, qu’une solution définitive sur ce point marquera un tournant dans l’histoire de l’épistémologie, et par là même dans l’histoire de la philosophie en général. Afin de rendre ma propre pensée plus accessible à ceux qui pourraient avoir plus tard à étudier la question, j’ai réuni dans le présent volume tous mes écrits qui ont directement trait à la question de la vérité. » (William James). Publié en 1909, La signification de la vérité est l’un des ouvrages les plus célèbres de William James, et l’une des oeuvres majeures du pragmatisme américain.

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Description

« Le pivot de mon livre intitulé Le pragmatisme est sa description de la relation appellée « vérité », qu’on peut trouver entre une idée (opinion, croyance, énoncé, etc.) et son objet. Peu de critiques l’ont défendue, la plupart d’entre eux l’ont rejetée avec dédain. Il semble évident que le sujet est ardu, sous son apparente simplicité; et évident aussi, à mon avis, qu’une solution définitive sur ce point marquera un tournant dans l’histoire de l’épistémologie, et par là même dans l’histoire de la philosophie en général. Afin de rendre ma propre pensée plus accessible à ceux qui pourraient avoir plus tard à étudier la question, j’ai réuni dans le présent volume tous mes écrits qui ont directement trait à la question de la vérité. » (William James).Publié en 1909, La signification de la vérité est l’un des ouvrages les plus célèbres de William James, et l’une des oeuvres majeures du pragmatisme américain.

Presse

Enfin un retour à William James!

Enfin un retour à William James! L’empirisme de James présente des traits originaux par rapport à ses prédécesseurs. Outre les sensations, nous percevons les relations entre les éléments immédiats de notre monde. Thèse qui sera développée plus tard dans L’Empirisme radical: l’objet perçu et le fait de le percevoir forment un fait indivisible, élément d’un tissu qui est l’expérience. Ainsi se trouve supprimé le « gouffre épistémologique » entre esprit et réalité. Il existe néanmoins une réalité indépendante de nous, mais la vérité appartient à l’idée seule. Cette vérité de l’idée relève de l’effet et plus généralement de son effet satisfaisant au sens large, à savoir non seulement du point de vue rationnel, mais aussi de l’utilité (James était allé plus loin dans La volonté de croire et il a eu beaucoup de mal à faire comprendre cette conception). Du fait de l’unité entre objet et perception, la connaissance est « ambulatoire » par opposition à celle des rationalistes: on passe de la connaissance à sa vérification par un cheminement concret de proche en proche. Cependant la connaissance peut ne pas se limiter à des relations externes: elle peut porter sur des relations virtuelles, notamment nous préparer à des perceptions simplement possibles. C’est le cas de la connaissance anticipée et celui de la connaissance historique. Le caractère accommodant de James le conduit à admettre que la notion de vérité absolue possède pour la pensée un caractère régulatif et même pouvons-nous nous attendre (sorte de succédané?) à ce qu’à la longue toutes les opinions convergent vers « une série idéale de formules » (cette notion est commune à Peirce et à James).

Ce livre est, comme l’indiquent les traducteurs, celui où se trouve rassemblé l’essentiel des conceptions de James relatives à la vérité. Mais il existe aussi beaucoup d’autres éléments et précisions dans ses autres ouvrages. Ce n’est d’ailleurs pas l’un des meilleurs (Les principes de psychologie, un chef d’œuvre, lui est bien supérieur): il s’agit en effet ici de la réédition d’articles de revues, non d’un exposé systématique. Et James expose dans deux chapitres la conception de F. C. S. Schiller, l' »Humanisme »; bien qu’elle soit très proche de la sienne, il en résulte un risque de confusion. Les thèses de James ont soulevé à l’époque de vives polémiques, en particulier de la part des rationalistes et de Bertrand Russell.

La courte introduction des traducteurs constitue un excellent commentaire avec un aperçu sur les conséquences du pragmatisme jamésien à notre époque. La renaissance de celui-ci, après l’éclipse due à la philosophie analytique, a abouti à un néo-pragmatisme, dont celui de Richard Rorty. La pensée pragmatiste actuelle présenterait de grandes affinités avec celle de Nietzsche, Heidegger, Wittgenstein, Derrida, Deleuze: « transformation déconstructive » de la philosophie qui porterait son attention sur ses « effets », au lieu de se définir comme un ensemble de thèses.

Pierre Gauchotte, Revue philosophique, No 4/2000

Revue philosophique de Louvain

Le pragmatisme, que l’on a souvent réduit à une sorte d’utilitarisme trivial, a une attitude relativiste subordonnant la vérité à son utilité, est néanmoins l’ancêtre de ce qu’on appelle aujourd’hui plus volontiers le « pragmatisme », c’est-à-dire une attitude non-métaphysique en ce qui concerne la vérité. De ce point de vue, il est intéressant de pouvoir relire les philosophes américains – James, Peirce, Dewey, Mead-qui ont, selon des modalités diverses, défendu des positions pragmatistes. Le collectif DPHI, collectif suisse de chercheurs en philosophie, a eu la bonne idée de retraduire et présenter l’ensemble des articles de William James publiés en 1909 sous le titre The meaning of truth. A sequel to « pragmatism », articles qui apportent une série de précisions visant à corriger les mésinterprétations de son ouvrage principal. Ces mésinterprétations rapides et superficielles, comme le rappelle Putnam, sont venues de philosophes aussi brillants que Russell. Prenons, par exemple, le huitième chapitre, intitulé « La description pragmatiste de la vérité et ceux qui l’entendent mal », où James s’irrite de ce que l’on a interprété sa pensée à partir des conceptions classiques de la vérité, sans tenter de comprendre ce qu’il a vraiment dit. Il y montre que le pragmatisme n’est ni un positivisme, ni une théorie de l’action, ni une négation de la réalité du monde extérieur. Au contraire, le pragmatisme est un « réalisme », réalisme immédiat, c’est-à-dire un réalisme qui ne nie pas l’évidence du sens commun. On devrait rappeler que ce contre quoi s’insurge la pensée de James, comme celle de Putnam d’ailleurs, c’est non pas le sens commun, mais le réalisme métaphysique.

Lecture salutaire que celle de cette brève mise au point, remettant les pendules à l’heure et ouvrant sur les discussions contemporaines de l’objectivité, de la vérité et de la réalité du monde externe. De ce point de vue, et dans un langage simple et direct, James serait tout à fait d’accord avec la notion d’assertabilité garantie de Putnam, c’est-à-dire avec l’idée que la vérité ne peut pas échapper aux compromis entre les exigences également impératives de prédiction, de confiance dans les doctrines déjà avancées, de simplicité et de cohérence.

Revue philosophique de Louvain, février