La révolte des cigarières

Burnand Éric, Vaucher Fanny,

ISBN:978-2-88901-278-7, 2025, 208 pages, 27€

Cette nouvelle bande dessinée d’Eric Burnand et de Fanny Vaucher retrace un événement majeur de l’histoire sociale suisse: la révolte, en 1907, des «petites mains» féminines de la fabrique de tabacs Vautier, aujourd’hui disparue.
Les cigarières d’Yverdon furent les premières en Suisse à organiser une grève entièrement menée par des femmes.

Format Imprimé - 35,00 CHF

Description

Quand Sara débarque en 1907 dans la fabrique de cigares de la petite ville d’Yverdon, la colère gronde. Salaires dérisoires, horaires épuisants, conditions de travail déplorables et, en prime, l’interdiction de se syndiquer : les ouvrières n’en peuvent plus !
La révolte qui s’annonce va ébranler la bonne société locale, révéler des clivages parmi les cigarières et faire éclater un secret de famille. Sara, Lucie, Berthe et les autres vont-elle en sortir indemnes ?

Au fil de cette bande dessinée, Fanny Vaucher (aquarelles) et Eric Burnand (scénario) nous plongent dans l’histoire captivante de la première grève menée par des femmes en Suisse.
Un dossier thématique richement illustré de documents et photos d’archives expose en fin d’ouvrage le contexte et la situation des ouvrières au début du 20e siècle.

Parution prévue fin septembre. Un vernissage officiel aura lieu jeudi 9 octobre au Musée d’Yverdon.

Presse

Quand les femmes se mettent en grève…

On découvre avec un plaisir renouvelé le coup de crayon habile et gai de Fanny Vaucher. Ce nouvel album se fonde sur la situation des cigarières d’Yverdon au début du XXe siècle. En 1907, un groupe d’ouvrières cigarières de la fabrique Vautier rédigent un tract d’appel à leurs collègues pour adhérer au syndicat et revendiquer des salaires meilleurs. Les femmes gagnaient bien moins que leurs collègues masculins, et leurs tâches étaient plus pénibles.

On suit donc le destin de trois jeunes ouvrières, Lucie, issue d’une famille modeste qui adhère aux idées syndicales et n’hésite pas à essayer de convaincre ses collègues d’adhérer au syndicat, Sara, d’origine yéniche, arrachée enfant à sa famille et éduquée dans un foyer géré par des diaconesses, et Berthe, abandonnée par sa mère, et également élevée par des bonnes sœurs.

La révolte

Un extrait du tract rédigé par Lucie Zingre : « Nous sommes toujours des serfs, des prolétaires, prêts à ramper devant ceux qui portent rubis et dentelles, qui ont à leurs cous des parures de diamants faits de la sueur des exploités et de l’exploitée… La femme étant regardée comme un être inférieur, on lui inflige les travaux les plus pénibles sur lesquels on diminue de moitié le salaire qui devrait lui revenir. Aujourd’hui, chères camarades, il est temps de secouer le joug qui depuis des siècles avilit l’homme et la femme en particulier… »

Le comité gréviste des ouvrières dirigé par Lucie est soutenu par Margarethe Faas-Hardegger, une dirigeante qui a édité la première revue féministe réclamant l’égalité des droits entre hommes et femmes et qui dénonçait des conditions de travail beaucoup trop pénibles : L’Exploitée.

Par exemple, chez l’entreprise Vautier, les horaires étaient de 64 heures par semaine, les salaires de 20 ct l’heure. De plus les ouvrières recevaient des amendes (pratique illégale) dès le moindre manquement.

Une dessinatrice au talent remarquable

Les planches de Fanny Vaucher évoquent avec un talent remarquable la manière de vivre des prolétaires yverdonnois, leurs maisons insalubres, et aussi les manifestations des syndicalistes, brutalisés par la gendarmerie. Les auteurs mélangent avec talent les histoires personnelles et les manifestations syndicales, les réalités du monde du travail. Le livre est complété par des documents historiques et une brève biographie des directeurs de l’usine Vautier, ainsi que des syndicalistes impliquées dans cette première grève. Découvrir ainsi des événements qui ont marqué les ouvrières en Suisse romande est indispensable et agit comme un révélateur. N’hésitez pas à vous procurer ce roman graphique !

Annette Zimmermann, Espaces, journal de l’Avivo, novembre 2025.


Chronique du livre sur France 3 Bourgogne-Franche-Comté

Dans un roman graphique publié par les éditions Antipodes, Eric Burnand et Fanny Vaucher redonnent vie aux ouvrières de la manufacture de tabac d’Yverdon-les-Bains (Suisse) et à leur combat historique en 1907 pour améliorer leurs conditions de travail misérables.

C’est un épisode méconnu et pourtant majeur de l’histoire sociale suisse : la révolte, en 1907, des « petites mains » de la fabrique de tabac Vautier Frères & Cie, aujourd’hui disparue. Les cigarières d’Yverdon, dans le canton de Vaud, ont été en effet les premières, de l’autre côté de la frontière, à organiser une grève entièrement menée par des femmes.

Plus d’un siècle après, Eric Burnand et Fanny Vaucher s’en emparent et signent un roman graphique de 208 pages, La révolte des cigarières, publié aux éditions Antipodes, et sorti en librairie en France le 23 octobre. Un bel hommage à ces pionnières du combat social et féministe.

Coup de tabac chez Vautier Frères & Cie

La manufacture emploie à l’époque près de 500 ouvrières, à Yverdon et Grandson. Elles travaillent 64 heures par semaine. Elles sont payées en moyenne 20 centimes par heure et se voient souvent infliger des amendes pour leurs retards ou leurs erreurs.

Le 22 mai 1907, Lucie Zingre, l’une d’entre elles, fait circuler un tract dans les ateliers. Elle lance un « Appel à toutes les ouvrières » et les invite à rejoindre le syndicat qu’elle vient de créer pour défendre leurs droits. En représailles, dès le lendemain, Henri Vautier renvoie sept travailleuses, considérées comme « les plus échauffées », les meneuses. En signe de solidarité, une soixantaine de cigarières cessent aussitôt le travail. La grève est lancée.

Plusieurs tentatives de conciliation échouent. Les patrons restent inflexibles. Une première manifestation est organisée le 25 mai, puis une deuxième le 29 mai, qui réunit 1000 à 1200 personnes, dans une ville qui compte alors 8500 habitants.

[…]

Emmanuel Deshayes, France 3, 2 novembre 2025.


Quand les femmes faisaient fulminer les autorités d’Yverdon

L’ancien journaliste de la RTS Eric Burnand et la dessinatrice Fanny Vaucher sortent leur troisième BD historique. Après avoir exploré la Suisse du XIXe et du XXe siècle à travers le récit de deux familles, le duo s’intéresse cette fois à un événement unique, la première grève 100% féminine de Suisse, celle des cigarières de la maison Vautier à Yverdon en 1907.

«L’idée est venue de Fanny qui a grandi dans la région d’Yverdon, nous explique Eric Burnand,. Elle a réalisé un travail sur Margarethe Faas, qui fut la première femme à diriger le syndicat USS, une sorte de Ruth Dreifuss avant l’heure. C’est là qu’elle a découvert que cette Bernoise était passée par Yverdon, pour soutenir cette grève des cigarières. Elle m’a proposé le sujet. Peu de monde connaît cet épisode, j’en avais entendu parler dans le livre de l’historien André Lasserre, «La classe ouvrière dans la société vaudoise» et il en avait été fait mention lors de la grève des femmes de 1991. Je me suis mis au travail en allant piocher dans les nombreux journaux de l’époque, notamment deux quotidiens et un hebdomadaire rien que pour Yverdon, et dans les archives de la Ville.»

Pas question pour le journaliste d’une simple retranscription des faits. Il veut du contexte, des personnages et voir en quoi ce mouvement fut exceptionnel. Miracle, il tombe sur une archive oubliée, le texte manuscrit écrit par Lucie Zingre, cigarière qui a distribué ce tract aux ouvrières de la maison Vautier, qui leur refuse la création d’un sydicat. «C’est un texte écrit d’une belle plume, qui fait plutôt référence à la littérature anarchiste de l’époque, et on ne sait pas au juste où elle a puisé cette inspiration. J’aurais pu faire de cette meneuse l’héroïne de la BD, mais je n’en savais pas assez sur elle, décédée à 34 ans seulement. J’ai retrouvé ses petits-enfants, qui ignoraient tout de son passé syndicaliste.»

Il choisit donc d’inventer deux cigarières, toutes deux élevées en orphelinat: l’une parce qu’arrachée à ses parents yéniches, l’autre disant qu’elle est issue d’une riche famille et qui auront des avis opposés sur la grève. «L’une des grévistes était yéniche, donc cela m’a permis d’aborder ce sujet des enfants qu’on leur arrachait, même avant le scandale Pro Juventute.»

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Extrait de l’article de Michel Pralong, Le Matin, 30 octobre 2025


La lutte historique des cigarières

Eric Burnand et Fanny Vaucher racontent en bande dessinée, entre fiction et histoire, la première grève ouvrière suisse entièrement portée par des femmes, en 1907 à Yverdon.

C’est un simple feuillet, jauni par le temps, oublié dans les archives de la ville d’Yverdon-les-Bains. «Appel à toutes les ouvrières», peut-on y lire. Un tract manuscrit rédigé en 1907 par des cigarières de la fabrique Vautier à Yverdon, dénonçant la précarité, l’injustice salariale et la condition des ouvrières, et appelant à la formation d’un syndicat. C’est le scénariste et historien Eric Burnand qui l’a retrouvé; sans doute le premier à y toucher depuis plus d’un siècle. Une découverte qui fut le point de départ du scénario de la bande dessinée, entre fiction et réalité, La révolte des cigarières, signée avec la dessinatrice Fanny Vaucher et parue en septembre aux éditions Antipodes. Elle tisse l’histoire de la première grève ouvrière menée et composée uniquement par des femmes en Suisse. Une fiction s’inscrivant dans des faits bien réels et troisième ouvrage coréalisé par le duo après Le siècle d’Emma (2019) et Le siècle de Jeanne (2022).

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Extrait de l’article d’Anne Galienne, Le Courrier, 24 octobre 2025.


A la découverte d’un  épisode peu connu de l’histoire sociale, chronique du livre dans le journal l’Ajoie

Fanny Vaucher et Eric Burnand seront présents à la librairie-café Le Vent se lève le samedi 25 octobre pour dévoiler leur dernière bande dessinée: La Révolte des cigarières. Cet ouvrage retrace un événement méconnu du grand public:  la grève en 1907 des ouvrières de la fabrique de tabac Vautier à Yverdon. Rencontre avec l’illustratrice.

Extrait de l’article de Jérémie Miserez, Journal l’Ajoie, 16 octobre 2025. 


Une grève historique dessinée

La bande dessinée La révolte des cigarières raconte la lutte des ouvrières à Yverdon en 1907, première grève menée par des femmes en Suisse. L’autrice et dessinatrice Fanny Vaucher ravive la mémoire d’un combat syndical et féministe fondateur. Entretien.

Comment avez-vous travaillé pour retracer la grève des cigarières? Comment transformer des recherches d’archives en un récit vivant, sous forme de bande dessinée?

Quand j’ai découvert cet événement, j’ai tout de suite eu envie de le faire connaître plus largement, parce que c’est un exemple fort de mobilisation collective qui a fonctionné. J’en ai parlé à Eric Burnand, qui a d’abord voulu se plonger dans les documents historiques avant de décider s’il y avait quelque chose de plus à dire que ce qui en était déjà connu.

En fouillant les archives, il a découvert un tract inédit rédigé par une ouvrière, Lucie Zingre: elle a été le cœur battant de cette grève. Ce manuscrit, reproduit dans la BD et présenté dans les Cahiers d’histoire du mouvement ouvrier (nº 41, 2025), révélait le caractère féministe de cette grève! Ça a été le point de départ de la création d’un récit.

Nous avons discuté du scénario pendant presque une année, il a subi beaucoup de changements, car c’était complexe d’être à la fois fidèle aux faits, d’intégrer les différentes facettes de la société de l’époque, et d’avoir une intrigue intéressante pour nos personnages.

En faisant dialoguer fiction et histoire, vous faites revivre des figures comme Lucie Zingre ou Margarethe Faas-Hardegger. Est-ce une manière de rendre justice à ces femmes oubliées des luttes syndicales, et de rappeler que la Suisse a elle aussi porté de puissants élans collectifs et féministes?

Oui! Au départ, il y a justement Margarethe Faas-Hardegger, car c’est en découvrant sa vie que j’ai appris qu’elle avait activement aidé à organiser la grève et inlassablement soutenu les cigarières, notamment dans son journal L’Exploitée. Elle militait pour la liberté sexuelle, la contraception et le droit à l’avortement à une période où c’était très radical.

De la même manière, Lucie Zingre avait beaucoup à perdre, et elle a d’ailleurs tout perdu à la suite de cette grève, mais elle n’a pas hésité à lutter et c’est son courage qui a permis une avancée pour des centaines d’ouvrières.

Le syndicat qui a finalement signé avec le fabricant de tabac Vautier n’a d’ailleurs jamais reconnu le rôle de Lucie et de ses camarades!

En parallèle de cette BD, la Ville d’Yverdon-les-Bains a nommé en leur honneur la nouvelle Passerelle des Cigarières, au lieu précis de la grève, et j’ai eu la grande joie d’être invitée à créer une installation artistique à cet endroit également, qui rend visible leur combat.

Qu’apporte la bande dessinée pour raconter une lutte féministe et sociale? Est-ce un médium particulièrement puissant pour transmettre la mémoire des luttes?

Je pense que c’est un médium qui facilite l’entrée dans des sujets sérieux, du fait de son langage propre mêlant dessin et texte, donc moins intimidant qu’un «pur» texte. La BD offre beaucoup de liberté: cela demande beaucoup moins de moyens qu’un film ou une série, et tout est représentable sur papier, avec un peu de documentation et d’imagination. Mais au fond, je dirais que c’est surtout simplement… Mon outil à moi.

L’important n’est pas tant le médium que le sujet, et comme la bande dessinée prend énormément de temps à faire (en moyenne deux ans de travail pour un album), c’est crucial pour moi que ce que je raconte soit nécessaire.

Les revendications des cigarières trouvent-elles encore un écho dans les mobilisations féministes actuelles? Quelles continuités ou évolutions percevez-vous entre ces luttes d’hier et celles d’aujourd’hui?

Certaines de leurs revendications sont hélas encore valables aujourd’hui, comme par exemple l’égalité salariale. Aussi, en tant que participante aux luttes, je trouve qu’on a parfois tendance à réinventer la roue à chaque campagne, alors que c’est précieux de s’inspirer des modes d’action collective passés. C’est utile de pouvoir comprendre comment s’articulaient les rapports de force et comment s’organisait concrètement l’action sur la durée, car c’est encore applicable aujourd’hui.

En définitive, pour les cigarières, ce sont les méthodes les plus radicales qui ont fonctionné dans leur lutte pour le droit de se syndiquer: non par la négociation, mais par les piquets de grève et le boycott. Et la création d’une coopérative, qui a permis de montrer que d’autres formes d’organisation du travail étaient possibles.

Effe Deux, journal de SolidaritéS, 19 octobre 2025.


Les ouvrières suisses, héroïnes de bandes dessinées

En 1907, la colère gronde dans la fabrique de cigares Vautier, à Yverdon. Ce conflit débouchera sur la première grève organisée par des femmes en Suisse. «La Révolte des cigarières», de Fanny Vaucher et Eric Burnand, éclaire tout un pan oublié de l’Histoire.

Le 22 mai 1907, un tract passe de main en main, dans l’usine Vautier Frères & Cie, fabricants de cigares à Yverdon. Une cigarière, Lucie Zingre, invite ses consoeurs à rejoindre le syndicat qu’elle vient de créer pour défendre leurs droits. Les quelque 500 employées des Vautier, à Yverdon et Grandson, travaillent soixante-quatre heures par semaine et sont payées en moyenne 20 centimes de l’époque par heure. Un «salaire de famine», résumait le journal ouvrier Le Grütli, le 18 avril 1902.
Le droit de se syndiquer était reconnu par la loi, mais les Vautier ne voulaient rien savoir. Ils ont tout fait pour mater les «forcenées», les «furies» qu’ils présentaient comme de dangereuses «anarchistes». Ce bras de fer entraînera la première grève menée par des femmes en Suisse. C’est cette histoire que raconte brillamment La Révolte des cigarières, bande dessinée signée Eric Burnand (au scénario) et Fanny Vaucher (à l’illustration).

Une BD documentaire qui cite ses sources dans un dossier en fin de volume, comportant des photographies d’époque, des coupures de presse, des publicités pour le tabac, avec leurs slogans éloquents: «Sois un homme et fume des cigares», annonce une réclame Vautier parue dans L’Illustré du 24 septembre 1925. La Révolte des cigarières s’inscrit dans la réhabilitation d’une histoire féminine des ouvrières, comme on a pu le voir l’an passé avec La Belle de mai. Fabrique de révolutions, sur les cigarières marseillaises, signée Élodie Durand et Mathilde Ramadier chez Futuropolis.

Le duo Burnand-Vaucher s’est fait connaître à travers deux autres bandes dessi­nées, Le Siècle d’Emma et Le Siècle de Jeanne, chez Antipodes. Deux livres qui racontent le quotidien des femmes en Suisse aux XIX et XXe siècles, leurs luttes sociales et politiques. Le Siècle d’Emma s’est écoulé à plus de 15 000 exemplaires à ce jour et a réuni plusieurs générations de lectrices et de lecteurs.

Cette nouvelle collaboration est née d’une idée de Fanny Vaucher. «En étudiant la biographie de la syndicaliste Margarethe Faas-Hardegger, j’ai appris l’existence de cette première grève suisse des ouvrières. J’ai proposé à Eric de faire un album.» Après une année de recherches, de discussions, de travail sur le scénario, le dessin des planches a commencé. Il a duré deux ans.

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Extrait de l’article de Julien Burri, Le Temps, 18 octobre 2025


Une BD narre la première grève féministe du pays

«La révolte des cigarières» romance la lutte des ouvrières qui défièrent leur patron, en 1907. Fanny Vaucher et Eric Burnand reforment leur tandem.

Un haut fait de l’histoire sociale suisse revient sur le devant de la scène avec la parution du roman graphique «La révolte des cigarières». En mai 1907, sept ouvrières, licenciées pour avoir voulu former un syndicat dans l’usine de tabac Vautier, mettaient le feu aux poudres à Yverdon-les-Bains. Naissait la première grève du pays organisée par et pour des femmes, ouvrant la voie à de meilleures conditions de travail pour ces petites mains.

La trame narrative s’attache à deux jeunes femmes. Sara vient de mettre au monde un enfant hors mariage lorsqu’elle entre à la manufacture comme cigarière, pour un salaire de misère. Elle va vite militer aux côtés des ouvrières récalcitrantes. Arrachée de force à sa famille, des Yéniches, elle a vécu son adolescence en institution. C’est là qu’elle a connu Berthe, une cigarettière qui snobe les révoltées et rêve d’ascension sociale.

«J’ai été étonnée de découvrir l’existence cet évènement qui s’est passé tout près de chez moi. Cette histoire d’action collective qui réussit m’a touchée. Elle a fait écho en moi», a expliqué Fanny Vaucher – qui a passé son adolescence à Yverdon et vit aujourd’hui à Sainte-Croix – lors du vernissage de l’ouvrage, jeudi, au château de la cité thermale.

[…]

Extrait de l’article de Fabien Lapierre, 24Heures, 15 octobre 2025.


La grève des femmes de 1907 à Yverdon, chronique parue dans le journal du SEV

Après Le Siècle d’Emma (2019) et Le Siècle de Jeanne (2022), publiées aux Éditions Antipodes, la nouvelle bande dessinée de Fanny Vaucher et Éric Burnand retrace un événement notable de l’histoire sociale suisse : la révolte, en 1907, des « petites mains » féminines de la fabrique de cigares et cigarettes Vautier Frères & Cie, aujourd’hui disparue. Les cigarières d’Yverdon furent les premières en Suisse à organiser une grève entièrement menée par des femmes.

Nos collègues des Ateliers CFF d’Yverdon étaient aux premières loges à l’époque puisqu’une passerelle reliait les Ateliers à l’usine. Du reste, ils sont venus nombreux soutenir leurs collègues cigarières.

À travers un jeu subtil sur les codes couleur, on suit Sara et Berthe, qui vont devoir se positionner quand la situation se tend à la fabrique de cigares Vautier à Yverdon, où l’on roule le tabac cultivé dans la Broye. Le patron qui refuse les syndicats a peu goûté l’appel à une conférence circulant dans les ateliers, dénonçant les salaires de misère imposés aux femmes. Par solidarité, une cinquantaine d’ouvrières – sur 160 employées – débrayent et défilent en ville. En suivant leur itinéraire, mais également celui d’ouvrières courageuses comme Lucie Zingre, insoumise à la prose magnifique, ou la première secrétaire féminine de l’USS Margarethe Fass-Hardegger, anarchiste, féministe et rédactrice du journal L’Exploitée, on est embarqués dans cette lutte exemplaire.

Sous la pression, les meneuses sont réembauchées. Mais la présidente du syndicat, Lucie Zingre, sa secrétaire, Élisa Volper, Eugénie Besse, Charlotte Jaquillard, Élise Vaucher, Julie Derameru et Louise Jossevel refusent de s’engager à ne plus faire de revendications. Nouveau licenciement. Le mouvement prend de l’ampleur et dure dix jours : plus d’un millier de manifestant·es – dont des ouvriers des ateliers CFF – s’attroupent près de la maison Vautier. L’armée est appelée pour escorter les non-grévistes. Une quarantaine de femmes sont licenciées.

Les produits Vautier furent alors boycottés par les ouvriers. Une dizaine d’ouvrières renvoyées créèrent une coopérative fabriquant les cigarettes La syndicale à Yverdon dès 1908 où l’on travaillait neuf heures au lieu de onze. Faisant face à d’importantes pertes, les Vautier adoptèrent un « contrat collectif » en 1909. Le boycott fut levé. À la fin du livre, un dossier historique documente cette révolte.

Près de 120 ans plus tard, une intervention artistique de Fanny Vaucher – un dessin à l’aquarelle et encre de Chine agrandi – située en regard de la nouvelle passerelle des Cigarières et inaugurée en juin dernier renoue avec cette mémoire sur le quai de la Thièle, à l’endroit même où ces femmes ont jadis défilé.

Yves Sancey, Journal du SEV, N°12, 2025.


 

Le duo d’auteurices Fanny Vaucher et Éric Burnand revient à la charge avec un nouvel album dont la formule, même si elle est éprouvée, est toujours d’aussi bonne qualité. Le récit suit une jeune femme qui rejoint, en 1907, les équipes de petites mains des ateliers Vautier – la fabrique de cigares d’Yverdon. L’on découvre avec la nouvelle arrivante que la colère gronde, à raison, chez les ouvrières, et comment ces femmes exploitées par des supérieurs tyranniques (excusez le pléonasme) vont s’organiser pour mener la première grève féminine de Suisse.

Marine Bass, Magazine Livresuisse no 10, 2025.

Radio et télévision

Fanny Vaucher et Eric Burnand invités de Vertigo (RTS)