La migration italienne dans la Suisse d’après-guerre

Cattacin, Sandro, La Barba, Morena, Oris, Michel, Stohr, Christian,

2013, 390 pages, 27 €, ISBN:978-2-88901-069-1

Ce livre qui traite de la migration italienne se veut un instrument de compréhension d’une trop longue histoire… d’incompréhension. L’analyse se focalise sur la période chaude de l’après-guerre, là où débutent les mouvements qui veulent restreindre l’immigration et qui sont aujourd’hui installés au centre du système politique suisse.
 

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Description

Ce livre qui traite de la migration italienne se veut un instrument de compréhension d’une trop longue histoire… d’incompréhension.

L’analyse se focalise sur la période chaude de l’après-guerre, là où débutent les mouvements qui veulent restreindre l’immigration et qui sont aujourd’hui installés au centre du système politique suisse.

Ce livre se veut aussi une contribution à une historiographie sociale d’une période rarement analysée sous l’angle de la question migratoire. Il apporte un éclairage nouveau sur des moments de l’histoire suisse qui méritent d’être mieux connus; moments pendant lesquels les immigrants se révèlent également acteurs.

Table des matières

Introduction

  • L’apprentissage de la xénophobie (Sandro Cattacin et Michel Oris)

I. Politique

  • Des représentations au dispositif de régulation: la politique d’admission des travailleurs étrangers en Suisse entre 1945 et 1959 (Christian Stohr)
  • L’administration fédérale et la migration italienne pendant les années 1960: un dialogue refusé (Matthias Hirt)
  • La représentation des immigrés italiens dans les affiches politiques de 1965 à 1981: construction et déconstruction d’une image (Christelle Maire)
  • La construction des identités dans le débat politique: du danger de la « surpopulation étrangère » à la méditerranéisation de la Suisse (Angelo Maiolino)
  • L’intégration des immigrés italiens à Lausanne, un modèle de réussite? (Giuseppe Fonte)

II. Identités

  • Les ciné-clubs de la Federazione delle Colonie libere italiane in Svizzera: naissance d’un mouvement culturel dans la Suisse des années 1960 (Morena La Barba)
  • Alvaro Bizzarri et la naissance d’un cinéaste migrant: scénario d’une rencontre (Morena La Barba)
  • Se sentir étranger: écritures des immigrés italiens dans la Suisse alémanique au début des années 1970 (Paolo Barcella)

III. Travail

  • Se sentir étranger. La discrimination racontée par les travailleurs italiens immigrés de l’aciérie Monteforno (Mattia Pelli)
  • Compagnon ou concurrent déloyal? Les travailleurs étrangers dans les correspondances quotidiennes de deux syndicats dans les années 1950 (Christian Stohr)
 

Presse

Dans la revue Mouvement social

Malgré d’importants mais trop rares travaux, au premier chef ceux de Marie-Claude Blanc-Chaléard, l’histoire de l’immigration italienne vue de France semble souvent s’arrêter aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, entre acceptation, intégration et invisibilité. Il y aurait pourtant là un chantier à poursuivre et, comme le rappelle le présent livre collectif, l’exemple de nos voisins suisses y incite fortement: il met en lumière les difficultés rencontrées au moins jusque dans les années 1980 par des migrants venus d’un pays pourtant limitrophe, et que l’on pourrait supposer de même culture, difficultés ignorées ou oubliées mais qui ne devraient pas surprendre si l’on veut bien se souvenir par exemple du film de Franco Brusati, Pain et Chocolat, qui en 1973 parlait du présent.

Les neuf articles composant l’ouvrage font une large place aux représentations et aux analyses de discours, et l’on peut parfois s’irriter d’appareils de références théoriques certes de qualité mais encombrants voire abusifs, entre faire appel à Foucault pour une évidence ou abuser du mot « concept » à la façon d’un publicitaire. Mais on ne peut aussi que saluer la variété des points de vue et des échelles envisagées, de la politique d’État à la microstoria et au vécu des immigrés.

L’introduction, brève, fait en particulier le lien entre la période considérée et un « apprentissage de la xénophobie » supposé typique de l’entre-deux-guerres. Pourtant, plus loin dans le volume, on trouve des référence à des violences à la fin du XIXe siècle, assez semblables à celles connues à même époque en France. Elle fait aussi le lien avec la dernière trentaine d’années, ultérieure au propos.

Elle est suivie par une analyse, due à Christian Stohr, de la politique menée de 1945 à la fin des années 1950. Le gouvernement, l’Office fédéral de l’Industrie, des Arts et Métiers et du Travail, ainsi que les Offices cantonaux du Travail ont une politique de forte rotation de la main d’œuvre étrangère, vue comme pure variable d’ajustement, d’où une grande précarité; les syndicats approuvent, y voyant la condition de la sécurité des autochtones et dénonçant les migrants alternativement comme des menaces pour la « paix du travail » helvétique ou de dangereux concurrents, des instruments du communisme ou du patronat. Ce dernier semble le seul à souhaiter une stabilisation, parce que chaque nouvelle embauche a un coût en termes de bureaucratie, mais il converge avec les syndicats contre la liberté de changer de résidence ou contre les promotions au sein de l’entreprise. La loi cède par ailleurs à la pratique et aux opinions, comme le montre le « double standard » en matière d’établissement et la différence de traitement entre Italiens et Français.

Mathias Hirt prend la suite pour les années 1960, marquées par le passage de la rotation systématique aux permis d’établissement (et au regroupement familial à partir de 1964), mais aussi, malgré la « Détente » internationale, par la continuité de la guerre froide en matière de politique intérieure. Au centre de son propos, se trouve l’examen de l’attitude des autorités fédérales, entre autres au sein d’une « Commission fédérale pour le problème des étrangers » au nom emblématique, qui ne veulent dialoguer qu’avec les gouvernements de Rome, démocrates-chrétiens, et surtout pas avec les associations d’immigrés, en particulier les CLI, Colonie libere italiane, structurées à partir de 1943 (les antécédents liés à l’exil antifasciste ne sont pas évoqués) et réputées « rouges ». D’autre part ces mêmes autorités favorisent le vote des immigrés aux élections en Italie, même si voyages et absences sont peu appréciés des employeurs, mais refusent toute expression politique, d’où d’impossibles « campagnes électorales sans discours autorisé ». L’on voit basculer cette situation mêlant discriminations systématiques et absence de facto (et non de jure) de liberté d’opinion avec le travail de Christelle Maire sur les affiches politiques liées à plusieurs votations concernant les étrangers de 1965 à 1981: les arguments xénophobes passent du marché de l’emploi à la distance culturelle, mais en parallèle émerge un discours favorable, y compris au nom d’intérêts économiques: l’Italien passerait ainsi de concurrent à « profanateur » culturel, puis à « camarade », enfin à « semblable » avant la transparence et le tarissement des débats à son sujet dans les années 1980.

Cette vision peut-être quelque peu optimiste est reprise par Angelo Maiolino, qui met en avant l’ »initiative Schwarzenbach » de 1970, un référendum contre les étrangers, s’appuyant sur un discours de la « suissitude » et repoussé de justesse; il affirme que la xénophobie incohérente a été entre les deux guerres un rempart contre les idéologies purement racistes, souligne que le passage du « Rital » honni à l’étranger exemplaire se traduit par l’adoption de la langue italienne par l’immigration turque ou (à l’époque) yougoslave, et évoque l’intégration d’une deuxième génération jouant de la double appartenance. Il considère aussi que les traumatismes des années 1960, et de la votation de 1970, ont développé un discours en termes de classes, adapté à des migrants se sentant marginalisés dans leur pays d’origine comme dans celui dit d’accueil, ce qui est peut-être faire bon marché de la prégnance du même discours bien au-delà de l’émigration. Cet optimisme se retrouve à l’échelle locale, avec l’étude de Giuseppe Fonte sur Lausanne, où la volonté d’intégration des autorités se manifeste dès les années 1960, avec des structures locales, bureau puis commission et en 1980 chambre consultative des étrangers, appuyées sur des associations dont les CLI, même si l’on peut noter à terme un essoufflement et si l’idée d’une période 1960-1990 particulièrement favorable à l’intégration peut susciter des interrogations, ou des envies de relecture du cas français.

À ces recherches sur les politiques menées succèdent, encore que la coupure soit un peu artificielle, d’autres sur les « identités » et le « travail », relevant surtout de l’étude de cas, voire de la microstoria. Ainsi, Morena La Barba se penche-t-elle sur le lien entre syndicalisme et audio-visuel jusqu’en 1960, c’est-à-dire entre les CLI et leurs ciné-clubs, sur le rôle des animateurs de ces derniers et, dans une second article, raconte son enquête sur l’itinéraire de l’un d’eux, Alvaro Bizzarri, devenu réalisateur et « cinéaste migrant »: travail sur la pratique de l’enquête, et sur la mémoire, d’où se dégagent par ailleurs d’intéressantes notations sur les liens entre guerre froide et xénophobie, ou sur les difficultés à dire que l’on a été confronté à cette dernière. De son côté, Paolo Barcella a exhumé 620 rédactions d’élèves de cours du soir, de 15 à 35 ans, remontant au début des années 1970; on voit la richesse d’une telle source à travers les exemples de moralisme facile, de stéréotypes (les femmes âgées comme vecteur d’italophobie), de constantes rhétoriques (le « je » des impressions positives opposé au « nous » des difficultés avec les autochtones), d’intériorisation des contraintes et des valeurs (mais n’y a-t-il pas des formes de langue de bois scolaire ?), de théorisation des cas personnels et de pluralité des histoires individuelles.

Marco Pelli, lui, a eu recours à l’enquête orale auprès des travailleurs d’une aciérie tessinoise, dans la tradition de l’histoire « à la base », offrant là encore une approche interne de l’immigration, entre souvenirs de costumes du dimanche et de bagarres de bal, spécificités de l’italophobie tessinoise, morale du travail, contournement des lois restrictives par les élus locaux et les réseaux ecclésiastiques. Il montre aussi les tensions encore fortes avec les autochtones dans les syndicats vers 1970, puis l’engagement dans des conflits sociaux, mais pas en première ligne et dans le respect de la « paix du travail » contrairement aux représentations courantes, en réaction sans doute avec la poussée xénophobe et « l’initiative Schwarzenbach », même si là encore c’est peut-être faire bon marché d’évolutions plus générales, et en particulier des suites de l’ »automne chaud » de 1969 en Italie.

On revient sur les questions syndicales, mais dans les années 1950, avant les « initiatives » politiques xénophobes, avec de nouveau Christian Stohr et l’analyse du discours de deux syndicats « laïcs », ni communistes ni catholiques, dans leur correspondance quotidienne; l’on pourrait ironiser sur la lourdeur de l’appareil déplacé pour conclure au fait que des réalités différentes (contingentement global ou pas) quant aux étrangers dans telle ou telle branche entraînent des attitudes différentes, mais cette diversité même est intéressante, et d’autres aspects encore sont soulignés, comme l’inertie des représentations et la persistance d’inquiétudes quant à la conjoncture même en pleine période de dynamisme économique.

L’ouvrage se garde de conclure, façon d’ouvrir grand la porte à d’autres travaux éminemment souhaitables, que ceux-ci reprennent ou non les objets apparaissant comme des points de force: ambiguïtés et en fait xénophobies syndicales, surveillance politique et effets de la guerre froide, rôle des « Colonies libres » qu’il faudrait renvoyer à l’action antérieure d’hommes comme Fernando Schiavetti à Zurich. Et côté français, on peut rêver d’une relance de recherches sur cette même immigration italienne, trop vite réputée sans problème ni histoire: les bases comparatives sont toutes trouvées.

Éric Vial, Mouvement social, N° 252, 2015/3 

Dans la Revue historique vaudoise

Cet ouvrage collectif aborde cet « apprentissage de la xénophobie » dans trois domaines principaux: le politique, les identités et le travail.

Christian Schor, se basant sur les archives fédérales et celles de l’Office fédéral de l’industrie, des arts et métiers et du travail (OFIAMT) décrit minutieusement la politique d’admission des travailleurs étrangers en Suisse entre 1945 et 1959 en expliquant comment le dispositif de régulation des flux de main-d’œuvre étrangère est structuré par les perceptions des acteurs. Il souligne un choix délibéré de la part de l’administration fédérale avant d’aborder la position ambiguë des syndicats, qu’il analyse à travers leurs discours.

Matthias Hirt se focalise sur l’étude de cas des migrants italiens en montrant à quel point l’administration fédérale se referme sur elle-même en refusant d’accepter des interlocuteurs italiens issus des associations de travailleurs au sein de la Commission fédérale s’occupant du problème des étrangers; les fonctionnaires fédéraux craignant l’ébauche d’un dialogue en renvoyant les Italiens auprès de leur ambassade pour éviter de créer un précédent. La politique migratoire suisse est mal vue en Europe, la Suisse est accusée d’exploiter sa main-d’œuvre étrangère en entretenant, en plus, un climat de xénophobie.

Christelle Maire donne sa juste place à la représentation des immigrés italiens dans les affiches politiques suisses de 1965 à 1981 en utilisant les nouvelles approches du pictorial turn qui dépassent la vision traditionnelle de l’analyse des images pour revendiquer une meilleure observation scientifique de la visualité et de la représentativité. L’examen de ces affiches permet de retracer les contours de cette médiatisation politique par l’image en mettant en évidence la composition idéologique des grands débats autour de l’initiative Schwarzenbach. Les images témoignent de la manière stéréotypée dont les individus ou un groupe perçoivent le monde ou plus exactement comment les concepteurs de ces affiches veulent que le peuple suisse soit encadré, instrumentalisé et sous contrôle.

Giuseppe Fonte, se basant sur les archives de la Ville de Lausanne et des entretiens, dont celui du municipal Oscar Tosato, orfèvre en la matière, s’intéresse à la dimension locale de la migration italienne et au rôle des associations dans les politiques mises en œuvre pour favoriser l’intégration des travailleurs italiens. En 1971 se crée le Bureau lausannois pour l’intégration des immigrés, preuve tangible de la volonté d’ouverture des autorités lausannoises.

Les textes traitant le monde fluctuant des identités sont imprégnés de visions théoriques complexes parfois opaques où se devine l’influence d’intellectuels patentés comme Michel Foucault ou Karl Mannheim.

Angelo Maiolino décrypte la construction des identités dans le débat politique en montrant l’émergence du concept de surpopulation étrangère dans les années 1970. Après une analyse fouillée des débats inhérents à ces crispations sociales, il en conclut que « la migration (…) produit inéluctablement des sociétés ethniquement et culturellement mixtes, des sociétés où les identités nationales ou culturelles ne constituent pas des entités fermées, mais sont inévitablement ouvertes à une ‘hybridification ».

Morena La Barba prend l’exemple des ciné-clubs de la Federazione delle colonie libere italiane in Svizzera pour illustrer la naissance d’un mouvement culturel dans la Suisse des années 1960, son installation dans le panorama culturel suisse de l’époque, ses stratégies, ses alliances et le rôle de ces migrants qui construisent des ponts culturels entre les pays. Cette recherche en cours sur la « culturisation » des phénomènes migratoires avec la notion de « défense spirituelle » qui réapparaît ou celle de « surpopulation étrangère » qui s’affirme­, s’inscrit dans un contexte social tendu où le thème des identités va se trouver au centre des débats. Morena La Barba consacre encore une étude de cas pointue au cinéaste italien Alvaro Bizzarri, qui complète sa première contribution en soulignant à quel point la promotion du cinéma comme instrument de culture peut favoriser l’intégration à travers la production de films sur la condition immigrée en œuvrant à de nouvelles prises de conscience.

Paolo Barcella s’inscrit dans la lignée de l’histoire des gens ordinaires en utilisant comme sources les compositions scolaires écrites par des Italiens immigrés dans la Suisse alémanique des années 1960. Par un choix judicieux d’importantes citations, il met en évidence une pluralité d’histoires individuelles, de perceptions personnelles d’où émerge l’intensité des liens que les immigrés ont non seulement avec leur pays d’origine mais aussi avec leur pays d’accueil. Ces textes magnifiques permettent de mieux saisir les fondements sur lesquels se structure leur identité et certaines de leurs réflexions expliquent mieux leurs parcours que ses élucubrations linguistiques et sociologiques.

La troisième partie de cet ouvrage collectif se penche sur le monde du travail. Mattia Pelli donne la parole à « ceux d’en bas », aux travailleurs italiens de l’aciérie de Monteforno au Tessin qui racontent leur vécu de migrants et les discriminations subies. Cette étude issue de témoignages oraux permet de saisir les phénomènes migratoires de l’intérieur tels qu’ils ont été subis par ceux que l’initiative Schwarzenbach menaçait directement. L’évocation de ces ouvriers sardes de l’aciérie Monteforno qui ont voulu offrir une fête aux habitants d’un village tessinois qui avaient tous, sans exception, voté pour le rejet de l’initiative dépasse l’anecdote et est à mettre au compte de ce que l’on peut apprendre en regardant les Suisses de cette époque à travers les yeux des étrangers.

Christian Stohr s’est intéressé aux relations entre les syndicats et les travailleurs étrangers dans le cadre de leurs activités quotidiennes en optant pour d’anciennes perspectives offertes par le tournant linguistique des années 1960 qu’il présente brièvement en insistant sur ce changement de paradigme qui a repensé les conditions d’émergence des discours. Il s’attaque au contenu des archives syndicales de la Fédération suisse des ouvriers sur métaux et horlogers (FOMH) et celles de la Fédération suisse des ouvriers du bois et du bâtiment (FOBB) en précisant sa démarche foucaldienne qui consiste à « déconstruire les documents archivés en une multitude d’événements discursifs pour retrouver les règles qui structurent le discours ». Après la reconstruction des discours tenus par les deux syndicats « les règles d’énonciation de chaque discours ont été ramenées à une structure à cinq dimensions: la représentation du travailleur immigré, l’admis­sion des migrants, la relation entre travailleurs indigènes et allogènes, les objectifs du syndicat et le rapport des immigrés aux syndicats ». Avec un cadre théorique aussi touffu, il ne faut pas s’étonner de l’emploi répété du conditionnel dans les conclusions.

Ces contributions originales d’inégale valeur sont toutes dotées d’imposantes bibliographies, de filmographies et même de sitographies par chapitre en plus d’un appareil critique rigoureux. Ces diverses approches historiques, sociologiques et même linguistiques enrichissent nos connaissances des phénomènes migratoires en Suisse depuis le milieu du siècle dernier. L’aridité de certains cadres théoriques ne dissimule pas l’intérêt de cette page d’histoire à la mesure de l’homme où les principaux acteurs ont le droit de s’expri­mer et il en ressort une admiration et une empathie pour ces hommes qui ont fait la Suisse en contribuant à sa prospérité.

François Jequier, Revue historique vaudoise, Nº 122/2014, pp. 288-290

Dans les Cahiers AÉHMO 

Le résultat des votations fédérales sur l’initiative « Contre l’immigration de masse » du 9 février 2014 a rappelé, si besoin était, que l’immigration reste une question controversée. La parution de La migration italienne dans la Suisse d’après-guerre apporte un éclairage nécessaire pour quiconque souhaite entrer dans la complexité du phénomène migratoire et mieux comprendre les mécanismes d’exclusion sociale qui peuvent en découler. Cet ouvrage collectif propose dix contributions complémentaires qui étudient spécifiquement la période de l’après-guerre, qui voit naître les tendances encore au cœur de la politique migratoire actuelle. Si certains chapitre adoptent une perspective institutionnelle en décryptant les relations parfois complexes entre instances administratives, syndicats et travailleurs étrangers, d’autres s’intéressent de plus près aux migrants eux-mêmes en recueillant et en décryptant différents témoignages. 

Le premier met en évidence le rôle des syndicats et des instances patronales dans la détermination de la politique migratoire de l’État, qui a enfermé les migrants dans une certaine précarité afin de garantir la sécurité de l’emploi pour les travailleurs nationaux. La seconde intervention s’intéresse aux relations entre l’administration fédérale et les associations italiennes, qui n’ont jamais été considérées comme de véritables interlocuteurs dans les négociations. Les questions se traitaient de préférence de gouvernement à gouvernement, afin d’éviter la création d’un précédent sur lequel de prochaines vagues de migrants auraient pu s’appuyer pour revendiquer une amélioration de leur situation. L’analyse des affiches politiques et du cheminement rhétorique qu’elles mobilisent illustre le processus de construction et déconstruction de l’image des migrants dans les représentations. Passant de travailleurs opportunistes à partenaires égaux aux travailleurs suisses, ils ne restent pas moins l’objet d’un discours que d’autres portent sur eux. L’analyse de la rhétorique de l’initiative Schwarzenbach révèle un autre glissement dans les débats. En passant d’une « question de la main d’œuvre étrangère » à une « question des étrangers », le concept d’Überfremdt/ng a fait émerger l’idée d’une nécessaire protection de la culture et du mode de vie suisses. L’étude de l’insertion des travailleurs italiens à Lausanne mobilise quant à elle différentes modélisations du concept de « citoyenneté » et rappelle la nécessaire distinction entre ce dernier et celui de « nationalité ». 

Les quatre contributions qui s’intéressent aux témoignages, écrits ou oraux, des migrants italiens opèrent un renversement de perspective et rendent – enfin – les migrants auteurs et non plus objets de discours. Si le recours à la mémoire de militants associatifs n’est pas aisé, il n’en révèle pas moins la contradiction à laquelle étaient confrontés ces derniers, entre une volonté de s’intégrer dans le mouvement ouvrier et la société suisse et la participation politique qui leur était refusée. Les écrits de migrant-e-s italien-ne-s scolarisé-e-s en Suisse et les témoignages d’ouvriers italiens de l’aciérie Montefomo révèlent la complexité des parcours migratoires individuels et donnent à voir la diversité des identifications choisies par les migrants. Enfin, l’analyse des discours internes de deux syndicats professionnels rappelle que ces organisations étaient inscrites dans un contexte particulier qui déterminait, pour chacune d’elle, des intérêts propres à défendre.

Au fil des contributions se fait de plus en plus visible l’impossible dialogue entre travailleurs italiens et interlocuteurs suisses, qu’ils soient institutionnels ou syndicaux. En refusant systématiquement d’entrer en discussion avec les migrants ou leurs représentants directs, les institutions suisses ont contribué à l’isolement social des travailleurs et entravé leur participation citoyenne. Cet ouvrage nous rappelle judicieusement à quel point l’intégration est un processus dynamique qui devrait mobiliser la société d’accueil au même titre que le migrant. 

Alexia Panagiotounakos, Cahiers AÉHMO, 30/2014, p. 133-134 

 Dans la revue en ligne El-Ghibli, Rivista di Letteratura della migrazione

La preziosità de La migration italienne dans la Suisse d’après-guerre consiste oltre che nell’argomento, tornato purtroppo di attualità dopo i risultati del referendum sull’immigrazione del febbraio scorso che riporta di fatto la Svizzera al periodo pre-Schwarzenbach, nell’appassionata oggettività del contributo di ciascun autore e nel fatto che per la prima volta si siano analizzati e studiati documenti mai recepiti fino ad ora e fondamentali per la piena comprensione del fenomeno.


La storia degli italiani emigrati in Svizzera nel secondo dopoguerra, che S. Cattacin e M. Oris definiscono nell’introduzione « l’apprendistato della xenofobia », è fatta di prevaricazioni e di soprusi, di vite sprecate e di dolore come tutte le storie di emigrazione dei tempi moderni, ma con un finale di integrazione che ora si sta in qualche modo ridiscutendo. La conseguenza immediata del referendum è stata fino ad ora di bloccare tutti i contratti di ricerca tra la Svizzera e i paesi esteri, tra parentesi con perdite non solo per i ricercatori ma anche per le organizzazioni economiche elvetiche che contavano sui loro risultati, ma il timore più grande è che ciò dia nuovo vigore alle istanze antirazziste di tutta Europa.


Nelle tre parti in cui si divide il volume, la storia dell’emigrazione italiana in Svizzera è stata analizzata sotto diversi aspetti: economico, politico, sociale e culturale, prendendo in considerazione sia gli immigrati con i loro problemi, sia le istituzioni cantonali che in alcuni casi hanno profuso energie e denaro per cercare di risolvere un « problema », quello degli immigrati, considerato per molti anni solo un fatto puramente amministrativo.


I lavoratori italiani in Svizzera hanno vissuto per decenni i drammi di tutti gli uomini che decidono di emigrare per cercare una vita migliore, gente né di qua né di là, sradicata dalla propria terra, ma senza una nuova patria, la cui completa integrazione è passata – ed è stata obbligata a farlo per avere successo – oltre che attraverso la lotta per il riconoscimento dei diritti civili e politici, anche attraverso un lungo e a volte inconsapevole processo di individuazione della propria nuova identità culturale.


La prima parte dell’opera esamina gli aspetti economici e socio-politici della vicenda dell’emigrazione italiana in Svizzera, che ha inizio subito dopo la fine del secondo conflitto mondiale quando l’economia elvetica ebbe immediato bisogno di migliaia di lavoratori per poter riavviare la macchina produttiva e, non bastando la forza lavoro interna, si rivolse all’estero e principalmente all’Italia, data la vicinanza geografica e l’eccedenza di manodopera. Per servizi quali ad esempio la ristorazione, la cura degli anziani e dei malati, ecc. non ci furono problemi perché si trattava di lavori scarsamente qualificati e sottopagati, ma per le industrie produttive come il settore delle costruzioni e il tessile emersero subito motivi di forte contrasto nell’ambito economico. Sappiamo che, se da una parte l’aumento di produzione provoca l’incremento della domanda di beni e servizi, quindi il rialzo dei prezzi e la conseguente inflazione, dall’altra parte l’immissione di stranieri sul mercato del lavoro interno provoca la diminuzione dei salari e contrasta l’inflazione creando così un forte squilibrio. Secondo C. Stohr la soluzione messa in atto dalle autorità svizzere fu la perfetta istituzionalizzazione del modello duale di mercato del lavoro indicato da M. J. Priore, che è quello tuttora prevalente nei paesi di arrivo dei flussi migratori: il capitale e la forza lavoro nazionali sono impiegati per assicurare la percentuale costante dell’attività economica, mentre i lavoratori stranieri vengono utilizzati per assorbire di volta in volta le fluttuazioni del mercato del lavoro e dell’economia del paese. I dispositivi di regolamentazione dei flussi migratori vengono messi in pratica all’interno di un quadro di riferimento del quale fanno parte, oltre a valori socialmente condivisi quali la percezione dell’immagine del lavoratore straniero da parte della collettività autoctona, anche le norme legislative vigenti in quel determinato momento.


Se la politica economica lo richiede, la figura del lavoratore straniero nell’immaginario collettivo può essere costruita o decostruita, forgiata o dissolta a seconda delle necessità del momento. La ricerca di C. Maire, basata su postulati analoghi a quelli degli storici culturalisti e dei teorici della sociologia visuale, ci mette a disposizione, al sito http://ccsa.admin.ch/cgi-bin/gw/chamelon, i poster e le immagini che formano la testimonianza storica di quanto è accaduto in Svizzera durante il periodo della grande immigrazione italiana.


Nei primi anni ’60 si comincia a parlare in Svizzera, a livello federale, di « problema » degli stranieri ed è per venirne a capo una volta per tutte che viene fondata la CFE, Commission Fédérale Consultative pour le problème des Étrangers. Nel suo capitolo M. Hirt sottolinea che si parte già con il piede sbagliato perché si parla di « assimilazione » dei lavoratori stranieri alla idee e ai valori della società svizzera, ignorando o quanto meno sottostimando l’importanza del portato culturale proprio dei migranti. Inoltre la CFE, istituita per trovare un punto d’incontro tra gruppi sociali diversi e con esigenze a volte diametralmente opposte, rifiuta il confronto con sindacali, patronati o associazioni culturali sia cattoliche sia di sinistra (FCLIS, ACLI, CGIL, CISL e altre), che intanto si andavano costituendo su pressante richiesta dei nostri connazionali. Sembra dunque una partita persa in partenza ma, inaspettatamente, a partire dalla metà degli anni ’70, dopo la bocciatura di stretta misura dell’iniziativa Schwarzenbach, la CFE comincia a parlare nei suoi documenti di « integrazione » dei lavoratori italiani e a propugnare la naturalizzazione degli stranieri. Ravvedimento? Conversione sulla via di Damasco? No, semplice necessità di ottenere un calo considerevole nel numero di residenti non svizzeri che in qualche modo, con la loro presenza, destabilizzano la sicurezza nazionale.


A. Maiolino si occupa del dibattito socio-politico nella Svizzera del secondo dopoguerra che si dipana tra « pericolo di sovrappopolazione straniera » e « mediterraneizzazione della Svizzera ». L’autore, basandosi sulle idee di Karl Mannheim, parte dal principio che gli esseri umani non formulano pensieri in quanto individui isolati, ma perché si trovano all’interno di gruppi sociali ben definiti e individuabili. Fu quanto accadde nel 1970 con Schwarzenbach il quale, centrando per l’appunto la discussione sulla nozione di sovrappopolazione, infiammò il dibattito intorno all’incompatibilità culturale tra svizzeri e italiani e diffuse una rappresentazione di paese nazionalista e segregazionista, la Svizzera, che quanto più dibatteva collettivamente questi temi tanto più se ne convinceva individualmente. Maiolino avanza l’ipotesi che questa rappresentazione della « svizzerità », galvanizzata dalla sovraesposizione mediatica, abbia generato a sua volta, all’interno del CNI (cioè il Comitato Nazionale d’Intesa costituito nel 1970 a Lucerna tra FCLIS, Federazione Colonie Libere Italiane in Svizzera e Acli), una « politica dei marginalizzati » grazie alla quale i « diversi » ottennero per la prima volta visibilità sia politica sia culturale. Ma poiché ogni lotta sociale presuppone la conoscenza del proprio « io » culturale, cioè del proprio sistema di valori e di tradizioni, nonché della percezione della realtà che ci permetterà di attribuire un significato a tutto ciò che ci circonda, l’autore afferma che fu questa presa di coscienza, alla fine, l’elemento fondante dell’integrazione della comunità italiana in Svizzera. Dato, inoltre, che questa « marginalità » diventa centrale anche per la comprensione del proprio io sociale da parte del gruppo maggioritario, è bene che i paesi ricchi dell’occidente prendano atto di ciò che essi sono attualmente, cioè nient’altro che paesi d’immigrazione destinati a cambiare in breve tempo il loro assetto identitario. Infine, con buona pace dei ferventi anti-immigrati elvetici, Maiolino conclude che la mediterraneizzazione della Svizzera risulta oggi del tutto evidente nel campo del cibo e della ristorazione, dei mobili e della moda, al punto che i nuovi immigrati tamil, kosovari, turchi e nord africani imparano l’italiano per poter entrare in contatto con la maggioranza straniera già insediata in Svizzera e accedere in tal modo alla stessa emancipazione sociale ottenuta dai loro predecessori.


Tra le prime amministrazioni svizzere a mostrare interesse per gli immigrati italiani e per i loro problemi pratici ci fu quella della città di Losanna che nel 1971 aprì il BLI, Bureau Lausannois pour l’Intégration des Immigrés, con lo scopo di istituire e dare vita ad una commissione permanente formata da rappresentanti del municipio losannese e delle numerose comunità straniere, italiani in testa. Più tardi, nel 1978, il BLI fu sostituito dall’OCEL (Organisme Consultatif des Étrangers de Lausanne) con lo scopo ben più ambizioso di far giungere la voce degli immigrati negli ambienti politici, sindacali, economici e sociali della comunità e di mettere in campo altresì la questione del diritto di voto agli stranieri immigrati e stabilizzati. G. Fonte ci presenta i risultati della sua ricerca compiuta presso gli archivi cittadini che si dipana tra organizzazioni civili come il CSP (Centre Social Protestant), familiarmente detto Frat, e i patronati sindacali come quello aperto nel 1963 da CISL-INAS, tra i primi in Svizzera, seguito da CGIL-INCA, da ACLI e da CGIL-ECAP nel 1970. Tutte queste associazioni, oltre a combattere per il miglioramento delle condizioni di lavoro degli immigrati (famosa rimane, ad esempio, la lotta della Frat per l’abolizione dei famigerati contratti stagionali), fornivano aiuto nel disbrigo di pratiche burocratiche lavorative o assistenziali ed anche, cosa molto importante, corsi di lingua straniera aperti agli immigrati e alle loro famiglie. La comunità italiana però si era organizzata in associazioni informali già prima dell’apertura del BLI; la più importante fra tutte fu la riformata e rinnovata FCLIS, Federazione delle Colonie Libere italiane in Svizzera, fondata negli anni ’20 del Novecento da un gruppo di rifugiati politici e avversari del fascismo, che aprì a Losanna una delle sue prime sedi. A partire dal congresso di Lucerna del 1954, la FCLIS si batté per il riconoscimento dei diritti civili degli immigrati, per la loro formazione professionale e per la parità scolastica dei loro figli con corsi di lingua italiana intesi a rafforzare i legami con il paese d’origine. Negli anni ’90 il BLI-OCEL, andò pian piano perdendo efficacia perché era intanto mutato lo scenario sociale dell’immigrazione, altre erano divenute le esigenze dei nostri connazionali residenti a Losanna e altri erano i paesi dai quali provenivano i nuovi immigrati. Nonostante gli sforzi compiuti e i soldi spesi dalle istituzioni di Losanna per integrare i lavoratori stranieri e le loro famiglie, i risultati ottenuti non possono considerarsi pienamente soddisfacenti, forse per mancanza di coesione interna o per scarsa consapevolezza della propria identità culturale da parte del gruppo sociale maggioritario che si sentiva perciò minacciato dalla presenza di quei migranti che avrebbe dovuto accogliere.


Dopo aver esaminato i problemi economici e socio-politici e dopo aver constatato che, di fatto, l’integrazione dei migranti non si ottiene con la sola risoluzione dei loro problemi pratici, gli autori si occupano del discorso identitario che si sviluppa principalmente attraverso la lingua e attraverso l’individuazione del portato culturale proprio del migrante. Per questo la seconda parte della raccolta, dedicata ai problemi identitari, inizia con due saggi di M. La Barba per il primo dei quali, « Les ciné-clubs de la Federazione delle Colonie Libere Italiane » l’autrice sceglie il taglio storico. Le testimonianze da lei raccolte sono tanto più importanti in quanto la maggior parte di coloro che erano impegnati politicamente e nel sociale nei primi anni dell’emigrazione italiana in Svizzera, non sembrano avere oggi il tempo, o forse la volontà, di parlare della loro esperienza: i ricordi sono lontani e molto spesso dolorosi. Fu un manipolo di « visionari pragmatici », come Zanier, Cannellotto, Beltrametti, Buonapace e Pollitzer e altri, ispirati dal precursore Dante Peri, che, a partire dall’inizio degli anni ’60, volle trasformare le CLI, nate lo ricordiamo ad opera di rifugiati politici del secondo conflitto mondiale per combattere il fascismo e la monarchia, in associazioni che favorissero lo sviluppo sociale e culturale dei lavoratori italiani in Svizzera. L’attività culturale delle CLI, che all’inizio si era concretizzata molto tradizionalmente in conferenze, mostre d’arte, ecc., esplose, letteralmente, a partire dal 1966, nei cineclub il cui principale ispiratore e motore fu Leo Zanier. L’intenzione inizialmente dichiarata era di dare voce alle « aspirazioni » degli immigrati italiani in Svizzera, ma col tempo si trasformerà – ed è questo il momento rivoluzionario, il cambio di passo compiuto sulla via dell’integrazione – nel riconoscimento della necessità che il lavoratore e la sua famiglia possano « partecipare da protagonisti alla vita culturale ». La cultura per il militante-animatore delle CLI non è dunque soltanto un progetto di conoscenza, ma anche di trasformazione e di emancipazione individuale, oltre che collettiva, e la proiezione del film, seguita dalla discussione alla quale, è bene sottolinearlo, partecipano anche le donne, rappresenta uno strumento di cultura privilegiato, perché permette agli spettatori sia di prendere coscienza della realtà nella quale vivono, sia di poter dar voce alle proprie idee e ai propri sentimenti. Secondo l’autrice restano molte le domande in sospeso e molti i punti ancora da indagare, sia riguardo agli effetti di questa esperienza sul vissuto di coloro che vi parteciparono come animatori o come spettatori, sia riguardo all’influenza esercitata dai cineclub sulla trasformazione culturale del mondo dell’emigrazione italiana e della stessa società svizzera.


Il secondo saggio di La Barba è un percorso di ricerca che intende indagare il rapporto tra storia e memoria, basato su una lunga intervista con Alvaro Bizzarri, operaio migrante e cineasta di fama internazionale, che ha rappresentato « l’eccezionale normale » dell’emigrazione italiana in Svizzera. Il risultato del confronto tra i ricordi di Bizzarri e lo studio del suo archivio, ricchissimo di documenti scritti, filmati e registrati su nastro, rivela la complessità polisemica della memoria, i suoi meccanismi di esclusione e di inclusione a tutti i livelli, sia collettivo sia individuale, in Italia o in Svizzera, delle associazioni o dei sindacati ed è proprio questa stratificazione che, secondo l’autrice, andrebbe ulteriormente approfondita. Ma dagli archivi risulta anche che il cinema di Bizzarri, e il cinema in generale, è stato lo strumento che ha aiutato i migranti italiani a comprendere la propria condizione, ad organizzarsi, a descrivere la propria esperienza, a esprimere i propri sentimenti e a dare vita ad una cultura nuova, « terza », che non affiora direttamente nei ricordi di chi ha contribuito a crearla, ma che tuttavia esiste, una cultura totalmente originale e a volte ancora inconsapevole.


P. Barcella presenta un’altra parte importante dell’identità culturale di ciascuno di noi, cioè la lingua, analizzando il contenuto degli scritti scolastici dei migranti italiani che decisero in quegli anni, approfittando di nuovi accordi italo-svizzeri, di completare o approfondire i loro studi. I testi presi in esame, prevalentemente autobiografici, testimoniano la permanenza di un legame fortissimo con il luogo di origine oltre a dare una rappresentazione dinamica della società in cui si trovano costretti a vivere, delle difficoltà quotidiane incontrate nella loro condizione di immigrati soli, pieni di nostalgia e in una parola « stranieri ».


La terza parte dell’opera presenta i documenti relativi ad alcuni casi di discriminazione sul posto di lavoro. Così M. Pelli si avvale di testimonianze orali per guardare il complesso fenomeno dell’emigrazione dal di dentro, scoprendo tra l’altro, inaspettatamente, una pista molto importante, quella della relazione tra i sessi come terreno di confronto nel contesto migratorio (che è presente anche in altre realtà di emigrazione italiana come per esempio quella australiana), ma soprattutto stabilendo che le vittime della discriminazione, in questo caso i lavoratori italiani della metallurgia, non accettarono mai passivamente questo stato di cose, al contrario di quanto spesso riportato da una storiografia che si dichiara peraltro solidale con la loro causa.


C. Stohr conclude infine riportando brani della corrispondenza intercorsa negli anni ’50 tra i lavoratori e due organizzazioni sindacali di settori con forte presenza straniera, quello dell’orologeria e quello della lavorazione del legno. Combattuti tra protezionismo e paternalismo i sindacati svizzeri, invece di perseguire la finalità che sarebbe loro propria di diventare il punto d’incontro tra le esigenze dei lavoratori autoctoni e le difficoltà dei lavoratori stranieri, si fecero vincere dalla paura del comunismo, che in quegli anni di guerra fredda dominava la scena mondiale, e mancarono totalmente il loro bersaglio.


La lezione de La migration Italienne dans la Suisse d’après-guerre è semplice da definire e dovrebbe essere altrettanto semplice da mettere in pratica: poiché i popoli, come le idee, non si possono fermare e poiché ogni uomo ha il diritto di cercare condizioni di vita migliori, è più facile, e aggiungerei meno costoso, accettare i migranti e favorirne la loro integrazione invece che respingerli.

Silvana Seghetti, El-Ghibli, Rivista di Letteratura della migrazione
    

Sur le site Centro Altreitalie

La Svizzera ha spesso dovuto fare i conti con l’afflusso verso il proprio territorio di ondate migratorie di diversa provenienza. Se oggi raggiungono il paese elvetico soprattutto africani e asiatici, nel secolo scorso il primato degli arrivi è spettato per decenni ai lavoratori italiani. A partire dal secondo dopoguerra sono stati infatti loro, seguiti a distanza dagli spagnoli, ad aver fatto registrare un numero sempre crescente di ingressi e ad essere oggetto del dibattito sull’immigrazione. Le autorità elvetiche cercavano di arginare le stabilizzazioni dei lavoratori provenienti dalla Penisola attraverso provvedimenti che favorivano e incentivavano le presenze stagionali e temporanee, mentre limitavano l’acquisizione dei diritti civili e politici. La partecipazione alla società svizzera era difficoltosa e consentita solo a chi ne possedeva la cittadinanza. L’idea di fondo era quella di accogliere manodopera utile alla crescita del paese, ma di mandarla via all’occorrenza. Ad accompagnare e sostenere questa strategia intervenivano le spinte delle forze politiche xenofobe che vedevano nell’incapacità di assimilare culture e usi diversi la presunta irrealizzabilità della convivenza, in base a un razzismo che oseremmo dire « culturale », in quanto concepisce l’identità come immutabile. La manifestazione più rilevante di questa concezione fu l’iniziativa Schwarzenbach del 1970, che proponeva di limitare – attraverso un referendum – la presenza degli stranieri. La proposta venne respinta dal voto popolare, ma rappresentò un fatto emblematico, più volte citato anche nel lavoro qui recensito.

Questa collettanea affronta il tema della presenza italiana in Svizzera proponendo punti di vista sfaccettati, ricerche accademiche e tematiche di diversa tipologia. La materia è trattata tenendo conto, in molti dei dieci saggi, della pluralità degli attori, alcuni dei quali – patronati, associazioni, sindacati, colonie libere – erano finora risultati poco indagati dalla storiografia. Nel complesso, la raccolta di saggi testimonia una particolare attenzione per protagonisti diversi da quelli istituzionali.

L’esame dei contatti tra lo stato svizzero e le associazioni degli immigrati italiani in rapporto alle politiche migratorie mostra che i nuovi arrivati, soprattutto nei primi anni, non avessero sostegno e assistenza, ma cercassero di creare autonomamente occasioni di inserimento e partecipazione nella società nella quale vivevano. In risposta alle iniziative xenofobe, gli italiani si organizzavano dando vita ad iniziative, come ad esempio quelle dei cineforum, volte all’integrazione, all’occupazione del tempo libero dei lavoratori ma soprattutto alla loro istruzione e arricchimento culturale (Morena La Barba). Inoltre, le loro associazioni cercavano di non puntare sul nazionalismo e sull’identità del paese di provenienza bensì sul discorso di classe, proprio in opposizione al nazionalismo degli elvetici (Angelo Maiolino). Occasioni di confronto vere e proprie tra autorità e associazionismo stentarono ad arrivare, nonostante l’accordo italo-svizzero sull’emigrazione del 1964. L’unico incontro con le associazioni italiane avvenne nel 1970, quando il grosso del flusso era ormai superato (Matthias Hirt).

Già nel primo contributo di Christian Stohr, relativo alle politiche di ammissione dei lavoratori stranieri, la pluralità delle voci ascoltate è l’elemento che balza agli occhi per primo. Sono infatti presi in considerazione patronati e sindacati dei settori nei quali gli immigrati erano maggiormente impegnati, gli uffici federali e cantonali, così come le leggi, i regolamenti e i principi sui cui erano organizzati. A emergere sono le condizioni di precarietà del lavoratore straniero, contrapposte agli sforzi del sindacato prima e delle amministrazioni locali e federale poi, nel dare priorità alla salvaguardia dei livelli occupazionali dei cittadini svizzeri. Ci sembra interessante l’aver messo in rilievo il ruolo dei sindacati, soprattutto alla luce di altri studi che negli ultimi anni ne hanno sottolineato l’importanza nella difesa dei lavoratori autoctoni in contrapposizione agli stranieri (per il caso francese, ad esempio, si veda Giuseppina Sanna, Il riscatto dei lavoratori. Storia dell’emigrazione italiana nel sud-est francese 1880-1914, Roma, Ediesse, 2011). Un tale approccio aiuta a comprendere in quali modi e misure gli immigrati si siano opposti a questo modus operandi e quanto essi si siano a volte trovati più in comunione d’intenti col patronato che con il resto della classe operaia svizzera.

Uno dei saggi getta luce su un altro dei temi che meriterebbe un discorso transnazionale e di più ampie prospettive: quello relativo all’immagine dell’immigrato. Christelle Maire, analizzando alcuni manifesti politici tra il 1965 e il 1981, arriva a individuare tre fasi: la costruzione dello stereotipo, la decostruzione e l’oblio. Osservando le immagini di propaganda politica, si nota come a diverse esigenze sociali corrisposero diverse figurazioni dell’immigrato italiano che, dopo decenni, non fu più visto come il portatore di conflitti e instabilità sociale.

I capitoli di Paolo Barcella e Mattia Pelli, invece, utilizzano le parole degli stessi immigrati per parlare dell’inserimento e della vita in Svizzera. Nel primo vengono presi in esame i temi di scuola, soprattutto di istituti italiani che gli adulti frequentavano per ottenere il diploma divenuto ormai indispensabile in Italia per l’inserimento nel mercato del lavoro con l’introduzione della media unificata nel 1962. Nel secondo ci troviamo di fronte a testimonianze orali dei lavoratori dell’acciaieria Monteforno. I protagonisti raccontano gli intrecci tra lotte sindacali, i contatti con la manodopera autoctona e la xenofobia. Degna di nota è l’ipotesi di Pelli, che vede nell’inasprimento delle discriminazioni razziali uno dei motivi del maggiore impegno degli italiani nelle lotte sindacali.
Il volume si conclude con un’analisi della corrispondenza di due sindacati svizzeri negli anni cinquanta, dimostrando che essi chiedevano sempre molto al lavoratore straniero, subordinando i suoi bisogni a quelli dei lavoratori nazionali oppure esigendo l’adesione agli usi e ai valori del posto. Ma non è solo la conflittualità che emerge da questo volume, quanto un esempio di buona riuscita nella convivenza, quando l’interesse delle organizzazioni locali ai temi dell’integrazione e il dinamismo degli immigrati sembravano convergere verso un obiettivo comune, come nel caso di Losanna (Giuseppe Fonte).

Sara Rossetti, Centro Altreitalie, portale di studi sulle migrazioni italiane, page consultée le 3 avril 2014

 Dans Le cartable de Clio

Les Italiens en Suisse: de la concurrence à la transparence. Au tournant des XIXe et XXe siècles, la Suisse, de pays d’émigration, est essentiellement devenue une terre d’immigration. En 1910, la Confédération compte 15% d’étrangers dans sa population résidente. Dans ces années avant le premier conflit mondial, l’attitude est à l’ouverture.

Les guerres en Europe et les crises subséquentes vont poser, sur de longues décennies, la question de l’acceptation de l’immigrant; plus spécifiquement va être mis en avant par certains le concept de « surpopulation étrangère ».

Un ouvrage collectif, paru aux Éditions Antipodes, se focalise sur la problématique de l’arrivée des Italiens, dans le troisième quart du XXe siècle. Une dizaine d’articles envisagent ce questionnement en diverses dimensions, regroupées dans les catégories suivantes: politique, identités et travail.

Très souvent, les auteurs considèrent les effets, la perception, de l’initiative Schwarzenbach. Celle-ci demandait, rappelons-le, d’abaisser le nombre des habitants non nationaux dans chaque canton à 10% de la population suisse, à l’exception du canton de Genève, qui aurait bénéficié d’un traitement spécial. Cela aurait signifié le renvoi de la moitié des étrangers, soit 300 000 personnes, pour une part essentielle des Transalpins, puisqu’ils formaient alors le plus grand groupe allogène. Elle a été rejetée, en 1970, à 54%.

Le volume a été conçu pour des spécialistes: les bibliographies sont riches et la compréhension des textes nécessite des prérequis. Le lecteur n’appartenant pas à notre pays, peu familier de ce domaine d’investigation, ou non issu du milieu académique, aura parfois des problèmes de décryptage. En revanche, l’historien suisse désireux d’approfondir ses savoirs y trouvera de quoi stimuler sa curiosité.

La rubrique consacrée à la dimension politique figure en premier. Les auteurs étudient les interactions entre le monde politique, les instances administratives (essentiellement l’OFIAMT), les syndicats et les représentants des allochtones. Tous insistent sur la dureté des conditions à l’intérieur desquelles ont oeuvré les expatriés, les complications liées au statut de saisonnier, ainsi que leur difficulté à se mobiliser sur les plans syndicaux ou politiques, même si les associations italiennes ont joué ici un rôle non négligeable. Le patronat voit dans l’arrivée de ces gens du Sud des personnes efficaces aux salaires modestes. L’attitude des syndicats paraît plus ambiguë: celui venu d’ailleurs est perçu comme un « concurrent » disposé à accepter des conditions que l’on voudrait changer; d’un autre côté, et de façon de plus en plus marquée, s’affirme un sentiment de solidarité « supranational ». Parmi tous ces facteurs, il faut aussi considérer les discours sur la surpopulation étrangère, dont l’initiative Schwarzenbach est précisément l’emblème, et qui sert de révélateur. L’attitude des autorités péninsulaires a été, elle, moins prégnante, mais l’accord italo-suisse de 1964 marque un premier progrès pour les travailleurs et a joué un rôle essentiel. Un mécanisme, qualifié « d’entrouverture », a ainsi peu à peu débouché sur un processus d’intégration, non exempt d’une mixité culturelle et identitaire, lequel ne s’est pas déroulé sans secousses ni traumatismes. Un article de Christelle Maire, affecté à « La représentation des immigrés italiens dans les affiches politiques », accompagné d’une passionnante iconographie, résume les choses par cette formule: « Concurrent, profanateur, camarade, semblable, puis transparent ».

La deuxième partie se focalise sur la question des identités, en considérant le rôle des ciné-clubs et de l’écriture des immigrés. C’est la section sans doute la plus originale. Sur le cinéma, Morena La Barba fournit deux contributions très vivantes en recourant à des témoignages et des à portraits. Elle montre comment la projection de films peut être un moyen, pour une communauté, de vivre son identité et d’affronter des défis. Paolo Barcella a consulté des dissertations rédigées à la Missione Cattolica de Winterthour au début des années 1970: ses citations donnent à voir des constructions d’identités permettant de cerner des représentations d’une Confédération dans laquelle on veut s’intégrer, et une image parfois reconstruite d’une Italie porteuse d’un attachement sentimental fort. La condition d’allochtone transparaît également.

Consacrée au monde du travail, le dernier volet se fonde sur des récits: celui des salariés de l’Aciérie Monteforno au Tessin, ou dans la correspondance des travailleurs. Les recherches montrent comment les ouvriers ont essayé de réagir à la discrimination, mais surtout ils offrent une réflexion sur le rôle de l’histoire orale ou des propos rapportés.

Globalement, le livre se veut « un instrument de compréhension dans une trop longue histoire… d’incompréhension. […] Il se veut aussi plus académiquement une contribution à une historiographie sociale d’une période rarement analysée sous l’angle de la question migratoire. » À cet égard, l’objectif est très largement atteint. Cependant, la nécessité, inhérente à ce choix éditorial, de connaissances préalables pour toujours bien apprécier ces études, ne permet pas forcément à ces travaux – et il faut le regretter vu leur qualité – de sortir d’une sorte de cénacle universitaire helvétique.

Pierre Jaquet, Le cartable de Clio, no. 13/2013, pp. 217-218

 Migration italienne et peurs helvétiques

« Ce ne sont pas les marges de la société qui produisent la xénophobie, mais bien son centre institutionnel. » Dans un ouvrage qui vient de paraître, La Migration italienne dans la Suisse d’après-guerre, des chercheurs suisses et italiens se penchent sur une période de l’histoire helvétique rarement analysée sous l’angle de la question migratoire. C’est dans l’après-guerre, en effet, que débutent les mouvements xénophobes désireux de restreindre l’immigration et qui sont aujourd’hui installés au centre du système politique suisse. Dirigé par Morena La Barba, chargée d’enseignement au Département de sociologie, Christian Stohr, doctorant à l’Institut d’histoire économique Paul Bairoch, Michel Oris, codirecteur du Pôle national LIVES et Sandro Cattacin, professeur au Département de sociologie, ce livre rappelle qu’entre 1951 et 1960, les immigrés, en majorité italiens, ont afflué en Suisse à un rythme de 340 000 par année. C’est durant cette période qu’est mise en application la loi de 1931-33 qui définit le statut de saisonnier, dont le permis de travail est limité dans le temps. Le message est clair: la Suisse reçoit des étrangers non pas en tant qu’hommes et femmes mais en tant que main-d’œuvre utile, pour autant qu’elle soit saine et opérationnelle, flexible et temporaire. Cette préparation des mentalités à la défiance envers les étrangers est documentée à partir de différents points de vue. En plus de l’analyse politique et sociologique, la parole est aussi donnée à des ouvriers italiens de l’époque et même à des élèves de l’école italienne de la Missione cattolica de Winterthour à travers l’analyse de leurs dissertations rédigées dans les années 1970.

Anton Vos, Campus, no. 114, septembre 2013
  

De la douloureuse intégration des immigrés italiens

Un ouvrage collectif explore les différentes facettes de la migration italienne dans la Suissed’après-guerre. Rencontre avec l’un de ses auteurs, Morena La Barba

Le livre La migration italienne dans la Suisse d’après-guerre revient sur la politique migratoire de la Suisse dès les années 50 et sur la réaction des saisonniers victimes de discrimination, mais acteurs de leur intégration. Un ouvrage pétri de mémoire et d’histoire qui laisse une place à la voix d’Italiens de la première génération.

 La première grande immigration du 20e siècle en Suisse est celle des Italiens, saisonniers, sans beaucoup d’autres droits que celui de travailler. Dès les années 50, ils vont participer à la prospérité helvétique tout en trouvant leur propre voie d’intégration. Un livre revient sur ce parcours aux multiples facettes: de la politique d’admission aux réticences syndicales, des affiches politiques aux ciné-clubs des Colonies libres… La migration italienne dans la Suisse d’après-guerre, sous la direction de Morena La Barba, Christian Stohr, Michel Oris et Sandro Cattacin, regroupe les études de plusieurs chercheurs spécialistes de la thématique. Rencontre avec Morena La Barba, chargée d’enseignement et membre fondatrice de l’Unité de sociologie visuelle à l’Université de Genève, qui a surtout étudié l’aspect culturel de l’immigration italienne et la mémoire des travailleurs.

Comment se déroule l’intégration des travailleurs immigrés italiens?

C’est au début des années 60 que le problème d’administratif devient culturel. Les notions de surpopulation et de défense de la nation font naître des peurs liées à cette immigration importante d’Italiens non plus seulement du Nord, mais du Sud qui sont moins, voire pas scolarisés du tout, ruraux, et qui se retrouvent confrontés à des codes inconnus. Parallèlement, les premiers dirigeants des Colonies libres italiennes – dont certains ont été des résistants pendant la guerre et donc sont extrêmement politisés et visionnaires – se regroupent pour répondre aux besoins de formation scolaire, linguistique et professionnelle des immigrés. Cette formation va s’accompagner de prises de conscience de leurs droits et de revendications salariales et politiques.

Quelle était la position des syndicats face à cette immigration italienne?

Jusque dans les années 70, la culture syndicale suisse est imprégnée par cette peur de la surpopulation. La préoccupation de la présence italienne de la part des syndicats est plutôt économique que culturelle. Ils estiment que l’intérêt du travailleur national est primordial. Des Italiens en Suisse créent dès lors des ponts avec les mouvements ouvriers et les associations de gauche en Italie pour que ces derniers jouent le rôle de médiateurs avec les syndicats suisses. Peu à peu l’ouverture se fait, des Italiens commencent à entrer dans les syndicats d’abord par la petite porte, puis en occupant des postes de dirigeants.

Quel rôle jouent alors les ciné-clubs des Colonies libres italiennes dans cette intégration?

Le premier ciné-club est créé à Zurich en 1967, avant d’essaimer dans toute la Suisse. Le cinéma permet ainsi de toucher une population très large. C’est un moyen de faire s’exprimer les gens face à des problématiques, de développer une conscience des droits sociaux et politiques, un esprit critique. A partir de films – non commerciaux, parlant de sujets marginalisés sur les ouvriers, les migrations, les pays en développement, entre autres –, on discutait du monde.

Un chapitre du livre est dédié à Alvaro Bizzarri qui d’ouvrier est devenu cinéaste, et a dénoncé notamment le statut de saisonnier…

Oui, Le saisonnier (Lo stagionale) a été tourné avec des membres de la Colonie libre italienne où Alvaro était animateur. Les protagonistes du film iront jusqu’à manifester à Berne devant le Parlement contre l’initiative Schwarzenbach (ndlr: figure de proue de l’Action nationale contre l’emprise étrangère). Ils manifestent contre les injustices liées au statut de saisonnier, dont la clandestinité forcée des enfants, et rejoignent les mouvements qui luttent contre la xénophobie et affirment les droits de citoyenneté des migrants. Car, face aux initiatives xénophobes, des mouvements solidaires émergent demandant notamment l’abolition du statut de saisonnier. Les premières structures d’intégration au niveau local se construisent. Au niveau fédéral, par contre, il faudra attendre 1999. Le regard historique sur les immigrés italiens en fait des victimes, alors que dans ce processus d’intégration le rôle des associations italiennes a été fondamental. Il n’y a malheureusement pas de reconnaissance de leur participation qui pourrait toutefois donner des pistes d’action pour les nouvelles migrations, car les discours xénophobes et les mécanismes d’exclusion sont toujours les mêmes.

Quelles ont été les difficultés propres à cette recherche sur la mémoire des travailleurs immigrés?

Le travail sur la mémoire est délicat, car les résistances sont nombreuses. La xénophobie et la clandestinité des enfants de saisonniers font partie de ces souvenirs douloureux que beaucoup ont refoulés. Le fichage aussi n’a pas épargné les dirigeants des Colonies libres italiennes. Pour rappel, durant la guerre froide, les Italiens sont associés au Parti communiste et parfois expulsés pour cette raison. Pour beaucoup de militants, cela reste un traumatisme.

Peut-on toutefois parler d’une intégration réussie?

Sont-ils réellement intégrés ceux qui vivent en Suisse depuis 40 ans, avec encore des blessures liées à cette intégration difficile et qui leur font reproduire des mécanismes xénophobes et d’exclusion, qu’ils ont eux-mêmes subis à l’époque, envers les nouveaux immigrés? Je ne crois pas. En outre, ils ne sont souvent au bénéfice que d’un permis C. Je pense qu’un geste symbolique fort serait de leur donner la citoyenneté suisse. Car peut-on encore leur demander d’entrer dans ce long processus de naturalisation, alors qu’ils ont fait toute leur vie ici?

Propos recueillis par Aline Andrey, L’Evénement syndical, no 27/28, 3 juillet 2013

L’emigrazione italiana in Svizzera nel dopoguerra

Ancora un libro sull’emigrazione italiana in Svizzera, questa volta in lingua francese. Per un’epopea che, in un secolo e mezzo, ha visto interessati circa cinque milioni di lavoratori italiani non ce n’è mai abbastanza.

Come ogni altro volume anche questo privilegia, infatti, un periodo storico, il secondo dopoguerra, e un particolare tema speci co: l’integrazione. Nei vari contributi ben documentati e puntuali viene tracciato un quadro storico alquanto accurato dei fatti salienti che hanno interessato l’immigrazione italiana nella Confederazione a partire dai primi anni Cinquanta.

Il lo conduttore sul quale gli autori si muovono è dunque quello della politica d’integrazione del paese ospitante, combattuto tra alcune aperture e improvvise chiusure venate da ondate di senofobia, che hanno messo tuttavia in moto un processo, in parte ben riuscito, di integrazione. Questo libro è, forse, il primo che mette in luce in modo storicamente scienti co questo lungo e faticoso processo. Dopo l’introduzione di Sandro Cattacin e Michel Oris, su L’apprentissage (apprendimento o tirocinio?) de la xénophobie, seguono tre sezioni. La prima dedicata all’aspetto politico, con gli interventi di:

– Matthias Hirt: L’amministrazione federale e l’immigrazione italiana negli anni Sessanta: un dialogo ri utato;

– Christelle Maire: La rappresentazione degli immigrati italiani nei manifesti politici dal 1965 al 1981;

– Angelo Maiolino: La costruzione delle identità nel dibattito politico: dal pericolo dell’inforestieramento alla mediterraneizzazione della Svizzera;

– Giuseppe Fonte: L’integrazione degli immigrati italiani a Losanna, un modello riuscito?

La seconda parte si concentra tutta sul “Sentirsi straniero”, con un intervento di Paolo Barcella che esamina alcuni scritti di immigrati italiani nella Svizzera tedesca agli inizi degli anni Settanta. Ci sono poi due saggi di Morena La Barba volti a documentare la reazione dell’emigrazione organizzata a questa sfida, soprattutto attraverso l’azione politica e culturale della Federazione delle Colonie Libere Italiane che, con le sue iniziative a tutti livelli, ha saputo dare voce e dignità a tanta gente. La Barba lo fa mettendo in luce l’opera di alcuni personaggi di questo movimento, che vide impegnati in prima linea tanti suoi uomini tra i quali spiccano le figure di Dante Peri e Leonardo Zanier.

L’aspetto riguardante gli immigrati italiani e il lavoro in Svizzera è ampiamente trattato nella terza sezione del volume da Mattia Pelli, con un saggio su La discriminazione raccontata dai lavoratori italiani immigrati delle acciaierie Monteforno; e da Christian Stohr che si chiede “Collega di lavoro o concorrente sleale? I lavoratori stranieri nelle corrispondenze quotidiane di due sindacati negli anni Cinquanta”. Il volume costituisce un prezioso strumento di lavoro e consultazione per gli studiosi che si interessano non solo di storia dell’immigrazione italiana in Svizzera, ma anche delle correnti migratorie in generale in quanto il metodo di ricerca seguito è molto appropriato e si attiene scrupolosamente ai nuovi canoni scienti ci di ricerca storica. Come si legge sul retro-copertina, questo saggio vuole essere “uno strumento di comprensione di una troppo lunga storia… d’incomprensione”. La sua analisi si focalizza su un periodo che ha visto nascere quei movimenti che volevano restringere l’immigrazione e che oggi si trovano collocati al centro del sistema politico svizzero. Un altro pregio dei vari contributi, oltre a fornire uno nuovo spaccato della storia dei lavoratori italiani in Svizzera, è soprattutto quello di assegnare il ruolo di attori agli stessi immigrati e alle loro organizzazioni.

 La Rivista, Luglio/agosto 2013

 
Non solo rabbia: la migrazione italiana in Svizzera tra difficoltà, voglia di riscatto e piccoli gesti di solidarietà 

L`immigrazione italiana in Svizzera non é un argomento inedito nel movimentato panorama editoriale della Confederazione. I libri dedicati al tema sono davvero numerosi, senza considerare, inoltre, la pletora di studi non pubblicati che riempiono gli scaffali di archivi, biblioteche e fondazioni. Relativamente nuova é però la consapevolezza che la presenza degli italiani in Svizzera abbia costituito uno dei momenti fondamentali della storia contemporanea del paese.

Una presenza che diviene significativa a partire già dagli anni Settanta dell’Ottocento, ovvero dal momento in cui la Svizzera decise di intraprendere la costruzione del tunnel del Gottardo. Si inaugurerebbe così il ‘secolo lungo’ degli italiani in Svizzera per terminare soltanto alla fine degli anni Ottanta del Novecento.

A partire da questo momento si é cominciato a guardare alla migrazione italiana come a un esempio di integrazione riuscita. I problemi che preoccupavano molti settori della società, soltanto pochi anni prima, in un attimo sembravano dimenticati. Molte città svizzere si scoprivano diverse, con uno stile di vita più vicino alla cultura mediterranea, e questo nuovo sentore sembrava essere motivo di orgoglio sia per gli italiani che per gli svizzeri.

Gli altri, gli stranieri, non erano più i Tschingg d’oltralpe: nuovi gruppi nazionali cominciavano ad attirare attenzioni mediatiche e timori sociali.

Eppure i movimenti anti-italiani, le iniziative Schwarzenbach, le politiche sindacali discriminatorie nei confronti degli stranieri, lo statuto dello stagionale, sono davvero storia recente. Il tempo non ha cancellato questi traumi e ora occorre rielaborarli con un certo distacco o quantomeno con un minimo di lucidità. Ben venga allora la pubblicazione di una serie di studi che si concentrano sul tormentato periodo della presenza italiana a partire dal secondo dopoguerra del Novecento. Morena La Barba, Christian Stohr, Michel Oris e Sandro Cattacin hanno infatti curato insieme la pubblicazione del libro La migration italienne dans la suisse d’après-guerre, per le edizioni Antipodes. Non é un caso che il libro apra con un’introduzione ai saggi  intitolata L’apprentissage de la xénophobie in cui due dei curatori (Sandro Cattacin e Michel Oris) cercano di fare il punto sui motivi che hanno portato la società svizzera del Novecento a diffidare dello straniero e sulle conseguenze che questa diffidenza ha comportato.

Il libro é, sempre secondo i curatori, uno strumento per approfondire e comprendere una storia fatta soprattutto d’incomprensioni. Si tratta di una storia sociale della Svizzera del dopoguerra scritta attorno al fulcro della migrazione, i cui saggi sono raggruppati in sezioni dedicate ai macrotemi della politica, dell’identità e del lavoro. Nella prima delle tre sezioni, Christian Stohr, Matthias Hirt e Angelo Maiolino si concentrano rispettivamente sulla politica d’ammissione dei lavoratori stranieri tra il 1945 e il 1959, sulle relazioni tra amministrazione federale e migrazione italiana negli anni Sessanta e sui rapporti tra costruzione dell’identità svizzera e presenza italiana. Colpisce molto, però, in questa sezione, il saggio di Christelle Marie, dedicato alla rappresentazione degli italiani nei manifesti politici tra il 1965 e il 1981. Non si può fare a meno di pensare ai manifesti elettorali anti-stranieri comparsi negli ultimi anni in Svizzera: la retorica non è sempre la stessa, ma si ha comunque l’impressione che la Storia si ripeta di nuovo.

Nella sezione « identità », oltre allo studio di Paolo Barcella dedicato ad alcune scritture degli immigrati italiani nella Svizzera tedesca, troviamo due saggi di Morena La Barba che fanno luce su due momenti straordinari della storia degli italiani e delle italiane in Svizzera. Il primo dei due contributi é dedicato, infatti, all’attività di divulgazione cinematografica all’interno delle Colonie Libere Italiane in Svizzera, in particolare alla nascita dei cineclub all’interno della Federazione durante gli anni Sessanta. La ricerca ricostruisce in profondità una pagina culturale dei migranti italiani in Svizzera che raggiunse dei risultati sorprendenti, ma che è rimasta fino a oggi poco conosciuta. Basti pensare che i cineclub delle Colonie riuscirono in pochissimi anni a superare la ventina di unità e che le Colonie stesse poterono addirittura dotarsi di una cineteca molto fornita – la cineteca Alfredo Pollitzer – le cui pellicole sono oggi conservate nella cineteca di Losanna. Il cinema per gli italiani in Svizzera non fu soltanto divulgazione. Nel secondo dei due contributi, Morena La Barba ripercorre il suo incontro (personale e scientifico) con Alvaro Bizzarri, il regista toscano residente per molti anni in Svizzera e autore, nel 1971, di un autentico gioiello cinematografico: Lo stagionale, pellicola apprezzata persino dal compianto Gian Maria Volonté.

La sezione che chiude il libro è dedicata al tema del lavoro e presenta i contributi di Mattia Pelli e di Christian Stohr. Il primo dei due studiosi ci offre un saggio di microstoria orale, in cui si narra dell’esperienza migratoria di un gruppo di lavoratori stranieri, per la maggior parte italiani, dell’acciaieria di Monteforno a Bodio. Si tratta di racconti che testimoniano la discriminazione vissuta da questo gruppo di migranti nel Canton Ticino. Nello stesso saggio, però, è riportato anche un piccolo aneddoto che dimostra che l’incomprensione tra svizzeri e italiani non fu assoluta. Dopo la votazione per una delle iniziative Schwarzenbach, infatti, i lavoratori si accorsero che un minuscolo paesino del cantone più meridionale della Svizzera, Linescio, aveva votato in maniera compatta contro la riduzione massiccia degli stranieri nel paese. Per ringraziare di questo piccolo ma significativo gesto solidale, i lavoratori stessi organizzarono una grande festa per tutti gli abitanti del paesino alpino. La Storia è passata anche da Linescio ed è una Storia solidale, più solidale di sicuro di quella raccontata da Stohr, relativa ai sindacati svizzeri che, prima della svolta progressista degli ultimi anni, faticarono ad aprirsi alla difesa degli stranieri e scelsero la strada del protezionismo sciovinista.   

Questo saggio chiude un’opera dal sicuro valore scientifico che ha i pregi ulteriori di lasciarsi leggere con piacere e soprattutto di insegnare a tutti che la Storia non è fatta soltanto di grandi avvenimenti e celebrità, bensì anche di piccoli gesti e persone ordinarie. D’altronde, come direbbe un mio carissimo amico emigrato di qua e di là negli ultimi anni, la vita e, aggiungiamo noi, la Storia vanno succhiate dagli angoli.      
 

Mattia Lento, L‘altraitalia, juin 2013, no. 51, pp.10-11

 Apprendisti di xenofobia o solidarietà

Le incomprensioni sulla migrazione

Capire una lunga storia d’incomprensione non è mai facile, soprattutto se si tratta di vedere da un’angolatura inedita la migrazione italiana in Svizzera del dopoguerra. Svizzera che, è il caso di ricordarlo, da metà degli anni Cinquanta fino alla metà degli anni Settanta ha accolto da sola quasi il 70 del flusso migratorio italiano.

Il volume La migration italienne dans la Suisse d’après-guerre presentato il 21 maggio a Ginevra, vuole essere un contributo ad una storiografia sociale forse finora sottovalutata: quella che coinvolge le associazioni, le colonie libere, i sindacati e – perché no? – anche i cineforum. Una sorta di apprendistato alla solidarietà che si contrappone ad un apprendistato alla xenofobia. « Con questo studio si cerca di uscire da una posizione vittimistica degli immigrati italiani che, anche se il motore della storia li ha resi la parte più debole della catena, hanno saputo reagire con l’idea di una nuova società corrispondente al contesto di quegli anni – spiega Morena La Barba, autrice principale con Christian Stohr dellibro edito da Antipodes, e ricercatrice al Dipartimento di sociologia dell’università di Ginevra -, Uno studio durato due anni, con un mandato di ricerca che ci ha permesso di setacciare l’archivio sociale di Zurigo e di rivedere la storia dalla parte degli attori sociali ».

Gli inizi turbolenti dell’integrazione italiana in Svizzera vengono così « decifrati », in quasi 400 pagine con le analisi di diversi autori, sociologi, storici e sindacalisti, e la politica di immigrazione – adesso considerata una realtà d’integrazione, una storia di successo – si rivela per circa 35 anni una politica di emarginazione nei confronti degli immigrati. Illibro, che vede la partecipazione anche del sociologo Sandro Cattacin e di Michel Oris, docente di Demografia storica sempre a Ginevra, fa infatti luce sulla insufficiente partecipazione al processo d’integrazione dello Stato, dei datori di lavoro e dei sindacati elvetici.

« Possiamo dire che gli immigrati italiani, alme no fino ai primi degli anni Settanta, si sono dovuti aiutare da soli – spiega La Barba -. Solo in seguito hanno potuto contare sull’aiuto della Chiesa, dei sindacati cristiani che hanno anticipato la presa di coscienza dei sindacati in generale e delle forze politiche di sinistra. I movimenti politici che volevano ridurre l’immigrazione, circoscriverla, in fondo sono gli stessi al centro del sistema politico attuale, e le motivazioni di fondo si rifanno al concetto della paura dell’altro, del diverso, del facile capro espiatorio »: Un « fare da soli » che illibro documenta con testimonianze dirette di quegli anni in Svizzera, fino al famoso voto del 1970 sull’ iniziativa Schwarzenbach, che già allora sollevava il « problema ecologico » degli stranieri, non solo colpevoli di « disturbare » i pacifici cittadini, ma anche di essere all’origine della cementificazione del Paese. « Gli immigrati italiani si aiutarono da solo con i primi corsi linguistici autogestiti grazie alle colonie libere – ricorda Morena La Barba -. La solidarietà si manifestava con le forme associazioniste, che aiutavano per i problemi legati alla previdenza, alla malattia, ma anche con le attività culturali come i cineclub. I cineforum, che videro pure la partecipazione attiva degli svizzeri, furono un grande strumento d’integrazione ».

e.r.b., Il Caffè, 26 mai 2013

La migration italienne dans la Suisse d’après-guerre: Iniziativa a Losanna promossa dal Circolo « Nuraghe »

E’ stata una bella serata particolare, quella promossa dal Circolo Sardo Il Nuraghe di Losanna, il 3 maggio. Non una serata « sarda » ma una proposta dei sardi per il mondo dell’emigrazione italiana, per fare il punto, e fare i conti con i ricordi, talvolta dolorosissimi, con quei primi tempi dell’arrivo in Svizzera. Primi tempi che dovevano essere « una o due stagioni », il tempo di farsi un gruzzoletto e poi rientrare. Di fatto, pochi son rientrati definitivament

Presenti tante personalità del mondo dell’emigrazione italiana, di recente arrivo, come il Console Generale, il Dott. Andrea Bertoozzi, o già « quasi » locali, come Grazia Tredanari, presidentessa del Comites VD-FR.

Promossa dal direttivo del Nuraghe, orchestrata dalla Presidentessa Josiane Masala, la presentazione del libro La migration italienne dans la Suisse d’après guerre di Morena La Barba, Christian Stohr, Michel Oris e Sandro Cattacin (dir.) per le ed. Antipodes, la serata ha rinvangato ricordi per i « vecchi » delle prime ondate di emigrati. Quando si arrivava in Svizzera come stagionali, si dovevano affrontare umilianti visite mediche e vivere in baracche, quando essere italiani significava essere chiamati « les ritals » ed eravamo fannulloni, ruba-lavoro, rumorosi festaioli chiusi nel proprio cerchio, , quando, nei gradini più bassi della scaletta appunto, c’eravamo noi italiani! E ha permesso ai nuovi arrivati di conoscere, di capire cosa significasse emigrare nel dopo guerra.

Il corto-documentario « La scaletta delle galline » di Morena La Barba, facendoci sorridere a tratti, è riuscito e a riconciliarci con questa terra di adozione, la Svizzera, discreta ma pur generosa nelle sue offerte di lavoro, nelle infrastrutture fornite per l’integrazione, nel riconoscimento di passati atteggiamenti talvolta poco calorosi, i cui abitanti hanno avuto non solo gesti di ostilità, ma anche  grande solidarietà e acquisizione di usi e costumi tipicamente italiani, come la cucina. Senza dimenticare una presidentessa di Circolo. Il filmato ci ha inoltre fornito spunti e materia per una dolorosa riflessione sulla crisi economica italiana. Riflettere per non dimenticare di, parafrasando il titolo di un libro di Gian Antonio Stella « quando gli albanesi eravamo noi ».

Si ri-migra, come dimostrano la nuova ondata di emigrazione e le richieste di uno sbocco lavorativo, confermate dalle ultime statistiche esposte da Josiane Masala nei suoi saluti al pubblico, non per andare « dove ci porta il cuore » ma là dove c’è lavoro, dignitoso.

L’emigrazione, argomento così carico di emozioni, che ha popolato ancora le discussioni intorno all’aperitivo, sardo, un modo conviviale per concludere la serata, ma anche per raccogliere impressioni e idee per altre serate, tante, a venire.

Roberta Pilia, Tottus in Paris, 13 mai 2013

Les immigrés italiens, parias de l’après-guerre

La Suisse a marginalisé les travailleurs de la péninsule durant près de 35 ans

Ce recueil d’articles nous plonge dans les débuts mouvementés de l’intégration italienne en Suisse. Décryptée à travers le prisme de dix auteurs, sociologues, syndicalistes ou historiens, la politique suisse d’immigration, de 1945 au début des années 1980, s’y révèle totalement hermétique à l’intégration des immigrés. Alors même qu’aujourd’hui, avec le recul, cette intégration est devenue réalité et est considérée comme une success-story.

D’un point de vue politique, l’ouvrage éclaire avec force les compromissions entre Etat, patronat et syndicats suisses.

A la reprise de l’immigration, en 1945, et en raison de l’incertitude de la situation économique, les migrants, italiens pour la plupart, ne bénéficient d’aucune sécurité de l’emploi, afin que leur séjour soit rendu le plus flexible possible, et dans le but protéger les travailleurs indigènes, une préoccupation primordiale des syndicats suisses.

Méfiants, ces derniers n’autoriseront pas les migrants dans leurs rangs avant les timides ouvertures du début des années 1970.

En outre, les Italiens – soupçonnés de penchants communistes – sont « sciemment et systématiquement discriminés administrativement par les autorités », écrit Matthias Hirt, de l’Université de Berne.

L’ouvrage accorde aussi une large part aux stratégies, méconnues, de construction identitaire des Italiens et à la perception de leur intégration. Face au refus de dialogue de la part de la Berne fédérale, qui durera jusqu’en 1972, cette population marginalisée se résignera à exister à travers des mouvements culturels tels que les ciné-clubs de la Federazione delle Colonie libere italiane in Svizzera.

L’analyse détaillée de l’essor du discours sur la « surpopulation étrangère », dans les années 1970, montre bien qu’un « racisme sans race – qui ne recourt plus à la biologie mais à l’incompatibilité des cultures », s’instaure alors dans les esprits. « Des qualités négatives naturelles, immuables », sont attribuées aux migrants. Patients, ceux-ci se « résignent à prendre ce qui leur est donné »; à savoir des conditions de vie misérables. « Nous devons démontrer que nous ne sommes pas venus pour faire les feignants », dit l’un d’eux.

Finalement, les Italiens sont étonnés, non pas d’être privés de droits politiques et civiques, mais que la paix du travail soit acceptée par les Suisses. Ils la vivent comme une « anomalie du système », qui pousse leurs homologues suisses à former une « aristocratie souscrivant à des valeurs petites-bourgeoises ».

Simon Moreillon, Le Temps, 28 mars 2013