Credo

Une cartographie de la diversité religieuse vaudoise

Marzi, Eva,

2020, 252 pages, 25€, ISBN:978-2-88901-176-6

Ce bel ouvrage illustré de photographies couleurs rend compte de la
diversité religieuse du canton du Vaud. Il est le fruit d’une collaboration entre l’Université de Lausanne, l’ECAL et les éditions Antipodes et fait suite à l’exposition éponyme qui a eu lieu au Musée Arlaud de Lausanne en septembre 2018.

Format Imprimé - 30,00 CHF

Description

Combien existe-t-il de communautés religieuses dans le canton de Vaud ? De quels courants religieux sont-elles ? Où se trouvent-elles sur le territoire ? Assemblées, congrégations, paroisses, loges, confréries, cercles chamaniques, pèlerinages… Le paysage religieux vaudois s’est considérablement transformé ces 50 dernières années. Dominé presque exclusivement par le christianisme et en particulier par le protestantisme, il s’est diversifié à partir des années 1960 au gré des flux migratoires. Des communautés musulmanes, bouddhistes, hindoues, taoïstes ou encore néochamanes apparaissent, modifiant en profondeur le paysage religieux local. En écho, la loi sur la reconnaissance des communautés religieuses permet à d’autres communautés établies dans le canton de Vaud d’être légalement reconnues par l’Etat.
Cet ouvrage propose un arrêt sur image de la diversité religieuse vaudoise des années 2017 à 2019 afin de la saisir en nuances et dissiper certains préjugés. Il présente les résultats d’une enquête menée par le Centre intercantonal d’information sur les croyances (CIC) qui a recensé, cartographié et documenté l’ensemble des communautés religieuses du canton, ainsi que des reportages photographiques réalisés par des étudiants-es de l’École cantonale d’art de Lausanne (ECAL). Il dresse un portrait des 11 grandes traditions religieuses qui composent aujourd’hui la mosaïque religieuse vaudoise.

Table des matières

Introduction

À la découverte de la diversité religieuse vaudoise

Le contexte politique de la reconnaissance
• Vaud, un canton pionnier
• Les Églises, institutions de droit public
• La reconnaissance d’intérêt public
• Les communautés religieuses qui veulent être reconnues

Qu’est-ce qu’une « communauté religieuse » ?
• Quelques définitions…
• … et leurs limites
• Quand l’enquête devient un jeu de piste
• Les onze grandes religions et leurs sous-courants

Le canton de Vaud : une mosaïque religieuse
• Effervescence des lieux de culte
• Carte générale des traditions
• La diversité dans la diversité
• Cartes des onze religions
• Timeline
• Un canton de tradition chrétienne avec une forte présence protestante
• L’ « ancienne » et la « nouvelle » diversité
• Les « mini minorités »
• Diversité et spatialisation des lieux de culte
• Des communautés fédérées

Ils croient, par Matthieu Gafsou
• Photographies de l’ECAL

Portraits des grandes traditions religieuses

Le baha’ïsme
• La Foi baha’íe, une « nouvelle religion » née de l’islam
• Les communautés baha’ies dans le canton de Vaud
• Lieux de culte et activités

Le bouddhisme
• Des Vaudois dans les monastères
• Le succès du bouddhisme tibétain
• Les centres du bouddhisme Vajrayâna (bouddhisme tibétain)
• Les centres du bouddhisme Mahâyâna (bouddhisme zen)
• Focus sur l’association bouddhique Linh Phong (la pagode vietnamienne)
• Les centres du bouddhisme Theravâda (petit véhicule)
• Focus sur le Monastère bouddhiste Wat Buddhavihara d’Échallens

Le Christianisme
• Le XIXe siècle et l’explosion de la diversité protestante
• La « nouvelle » diversité chrétienne
• Interview avec Christophe Monnot, sociologue du protestantisme à l’Université de Strasbourg
• Deux portraits de minorités chrétiennes
• Les paroisses : des lieux de culte partagés
• Rencontre avec Thierry Schelling, curé de la paroisse catholique de Renens
• Rencontre avec Virgile Rochat, pasteur de la paroisse de Chailly-La-Cathédrale

L’ésotérisme et le spiritualisme
• Une voie initiatique
• Les croyances ésotériques
• L’ésotérisme dans le canton de Vaud
• Focus sur la franc-maçonnerie
• Une kyrielle de loges vaudoises
• En quête de visibilité
• Rencontre avec Silvio Amstad-Wang et Dominique Freymond de la Loge Liberté – Grande Loge Suisse Alpina
• Rencontre avec Daniel Hess, chancelier de la Grande Loge Suisse Alpina

L’islam
• L’islam comme religion de l’altérité
• Quelques notions historiques
• Les communautés musulmanes en Suisse…
• … et dans le canton de Vaud
• Focus sur les Ahbaches et les querelles des islamismes
• Focus sur le soufisme et les premiers musulmans vaudois
• Focus sur l’Union vaudoise des associations musulmanes (UVAM)

Le judaïsme
• Diversité du judaïsme en Suisse
• La tendance orthodoxe
• La communauté israélite du canton de Vaud

Le néochamanisme et les spiritualités de la nature
• Des rituels « ancestraux » ?
• Faire communauté à ciel ouvert. Les cercles néochamaniques vaudois
• La communauté comme un écosystème
• D’autres approches néochamaniques : « L’Indien » de Montricher
• Du rock amérindien à Lausanne

Les nouveaux mouvements religieux (NMR)
• Les NMR, une « religion » ?
• Les NMR dans le canton de Vaud
• Focus sur l’Église de scientologie
• De Thétan à la dianétique
• Controverses et dénonciations

Le taoïsme
• La voie du Dao
• Le taoïsme s’ancre aux rives du Léman

Les traditions hindoues
• L’hindouisme, une catégorie récente
• Les groupes néo-hindous dans le canton de Vaud
• Les nouveaux swamis
• Focus sur la communauté tamoule de Prilly

En guise de conclusion… par Irene Becci

Presse

Compte rendu de Jean-Pierre Bastian dans les Archives de sciences sociales des religions

Comme partout en Europe, la société suisse se pluralise au plan religieux. Cependant, la régulation des cultes reste une prérogative cantonale et les 26 cantons oscillent entre une laïcité de stricte séparation et un régime de reconnaissance de droit public. Les recherches se mènent souvent au plan cantonal ; c’est le cas de celle mise en œuvre par le Centre intercantonal d’information sur les croyances (CIC) et l’Université de Lausanne en 2017. Elle répond même à une commande du canton de Vaud, soucieux de répertorier les organisations religieuses répandues sur son territoire. Car l’État de Vaud accorde reconnaissance non pas à des religions, mais à des communautés organisées juridiquement. Jusqu’à présent, deux d’entre elles, largement répandues, sont des corporations de droit public dotées de personnalité morale, l’Église évangélique réformée et l’Église catholique romaine, alors que la minorité israélite jouit d’un statut d’intérêt public. Pour les autres minorités religieuses, elles peuvent obtenir ce statut d’intérêt public, véritable outil d’intégration et de régulation, conduisant à des regroupements en cours, comme par exemple des cinq paroisses anglicanes et de la paroisse catholique-chrétienne, ou encore de la Fédération évangélique vaudoise regroupant 42 communautés et de l’Union des associations musulmanes composée de 17 communautés.

La nécessité de connaître le terrain associatif religieux a poussé l’État à mandater le CIC afin de dresser l’inventaire de l’ensemble des communautés «religieuses et spirituelles» et de cartographier leur localisation. Il en ressort une grande diversité composée de 785 communautés, 11 courants religieux et 40 sous-courants. C’est là que réside l’originalité de cette recherche en ne partant pas des options individuelles, mais des pratiques religieuses communautaires dans des lieux de culte. Elle le fait non sans avoir au préalable défini l’objet «comme un groupe de personnes partageant les mêmes croyances et se réunissant régulièrement dans un même lieu de culte» et la religion comme «un ensemble de croyances, rites, pratiques et règles morales» permettant d’entrer en relation avec des réalités suprahumaines répondant à des questions existentielles. Dès lors, le terme englobe un large inventaire allant de la paroisse à la tarîqa soufie en passant par les cercles néo-chamaniques.

L’enquête révèle surtout une pluralité interne au christianisme. Cependant, ce courant reste massivement dominant avec 712 des 785 communautés recensées. Pour le reste, l’inventaire des autres communautés selon les intitulés retenus des courants est bref: 3 baha’i, 12 bouddhistes, 15 ésotériques, 6 hindouistes, 24 musulmanes, 1 juive, 3 néo-chamaniques, 5 Nouveaux mouvements religieux, 1 spiritualiste et 1 taoïste. Chaque courant et sous-courant est minutieusement décrit et expliqué, et même photographié, et surtout cartographié. Il en ressort une riche information historique et sociale concernant chaque courant, mais surtout l’image d’une massive présence chrétienne et d’une anecdotique visibilité des autres courants religieux. Certes, le paysage vaudois continue d’être agrémenté par les édifices religieux correspondant aux communautés villageoises historiques. L’enquête contribue à mettre en exergue cette dimension de «puits de mémoire» (Danièle Hervieu-Léger) du christianisme. Mais, dans le contexte de sécularisation avancée qui caractérise la Suisse, on peut se demander si une telle recherche, bien que fort utile d’un point de vue étatique, ne déforme pas la réalité religieuse qui, si elle n’est pas celle de la «sortie de la religion» (Marcel Gauchet), ne peut pas faire l’économie de la chute des pratiques. En effet, selon le service statistique du canton de Vaud, la part des 817 000 Vaudois ne se rattachant pas ou ne faisant pas partie d’une tradition religieuse a plus que doublé entre 2000 et 2017 (passant de 13% à 33%) ; selon les mêmes sources officielles, en 2018, 48% des Vaudois se déclaraient «sans confession ou autre» que protestant ou catholique. Dès lors, comment concilier l’intitulé du chapitre «un canton de tradition chrétienne avec une forte présence protestante» (p. 52) avec le fait que les statistiques cantonales de 2019 ont encore montré que le nombre de catholiques et de protestants continuait de baisser, respectivement à 27,5% (28,8% en 2018) et 24,4% (25,3% en 2018)? L’impression cartographique de saturation de lieux de cultes chrétiens ne traduit pas le fait que ces églises sont vides ou ne sont fréquentées que par une minorité religieuse active. De tels relevés à partir des communautés religieuses et leur lieu de culte traduisent certes l’héritage historique d’une imprégnation cultuelle chrétienne, mais ils devraient être fortement pondérés par une analyse qualitative et théorique de l’évolution religieuse.

Article de Jean-Pierre Bastian dans le Bulletin bibliographique des Archives de sciences sociales des religions, 196, 2021.

Les communautés vaudoises sous la loupe

A la suite d’une enquête exhaustive, un livre documente les 800 groupes religieux du canton. Un outil pour les spécialistes et le grand public.

MINUTIE – Quatorze mois, c’est le temps qu’il aura fallu pour recenser les communautés religieuses vaudoises et en savoir plus sur leur réalité. Mené par un groupe de chercheuses, de sociologues et d’historiennes des religions sous l’égide du Centre intercanconal d’information sur les croyances (CIC), ce travail a été commandé par le can-ton de Vaud. L’étude a aussi donné lieu à « des rencontres et à des entretiens avec les responsables religieux, ainsi qu’à des observations de terrain et à des recherches sur l’histoire des différents courants religieux et spirituels [ … ]. Des films accessibles librement en ligne donnent à voir le visage de vingt communautés placées sous la loupe», détaille la sociologue Eva Marzi, auteure principale du livre à paraître sur cette démarche. Une carte interactive est aussi disponible (voir l’encadré).
Diversité, y compris protestante

Principales découvertes de l’enquête? La très grande diversité religieuse du territoire vaudois (voir l’encadré), y compris au sein d’une même tradition, et en particulier pour le protestantisme. < Reconnaissance
Credo, le livre issu de cette enquête, s’adresse évidemment aux chercheurs, aux journalistes et aux experts du religieux. Mais aussi au grand public souhaitant mieux s’informer sur les courants religieux vaudois, et sa-voir comment y avoir accès. Dans un contexte où la quête de sens et de spiritualité est prégnante, cet instrument est évidemment précieux. L’ouvrage est aussi et surtout im-portant dans le contexte de la nouvelle loi de reconnaissance des communautés religieuses de 2007. « Credo présente au lecteur la procédure vaudoise de reconnaissance des communautés religieuses, un dispositif qui permet à des commu-nautés qui respectent des conditions exigeantes d’être reconnue par l’Etat comme institutions d’intérêt public. [ … ] L’ouvrage participe à une diffusion bien-venue des efforts entrepris par l’Etat pour accompagner l’évolution culturelle et spirituelle de notre canton», souligne Pascal van Griethuysen, délégué aux af-faires religieuses pour le Cancon. Mais la reconnaissance n’est de loin pas le seul enjeu pour les croyants. « Le principal souci évoqué par les communautés reli-gieuses, bien plus que la reconnaissance, est la difficulté à trouver et à financer un lieu de culte>>, rappelle Eva Marzi.

 

Camille Andres, N°40 de la revue Réformés, Octobre 2020

 

Vaud a une offre religieuse foisonnante

Un livre passionnant fait découvrir les quelques 800 communautés religieuses actives dans le canton. Interview de son auteure, la sociologue Eva Marzi.

En une décennie, le nombre de Vaudois sans confession a explosé, passant de 13% à 30% entre 2000 et 2017. Le phénomène est connu, et pourtant, il n’a pas raison de la diversité religieuse dans le canton, au contraire. C’est ce que montre un ouvrage passionnant, qui sort ces jours. «Credo» est le fruit d’un recensement inédit des communautés religieuses vaudoises réalisé entre 2016 et 2018 par le Centre intercantonal d’information sur les croyances (ClC). Son auteure, la sociologue Eva Marzi, y dresse un portrait vivant de quelque 800 groupes, paroisses et congrégations qui incarnent les courants religieux présents et actifs dans le canton.

Vous avez réalisé un recensement, non des pratiquants, mais des communautés. Pourquoi ce focus?

Les études sociologiques tendent à montrer que la société se sécularise et que la pratique religieuse institutionnelle faiblit au profit d’une spiritualité plus individuelle. Pour savoir ce qu’il en est dans le canton de Vaud, nous avons fait un état des lieux de l’offre religieuse collective. En ré-alité, loin de s’affaiblir, celle-ci est au contraire foisonnante et en constant renouvellement.

Vous dénombrez environ 800 groupes religieux attachés à un lieu de culte. Un chiffre surprenant?

Plus que leur nombre, ce qui frappe au premier abord est leur répartition au sein des différents courants religieux. Avec 90% de communautés chrétiennes, peut-on vraiment parler de diversité? Mais en y regardant de plus près, on s’aperçoit que le canton a vécu un phénomène de diversification extrêmement rapide dans la deuxième moitié du XXè siècle. Sur onze courants religieux recensés aujourd’hui, neuf se sont développés principalement après les années 70.

Vaud se distingue par une énorme diversité protestante.

Il y a des raisons historiques à cela. Après l’occupation bernoise, l’im-position du protestantisme et l’interdiction du catholicisme, Je can-ton a été un terreau particulière-ment fertile pour l’explosion des groupes évangéliques au XIXè siècle. Le piétisme anglais, par exemple, s’est implanté ici dès sa création par John Nelson Darby, qui a passé plusieurs années en Suisse. C’est l’exemple d’un courant rigoriste qui est encore pré-sent et dynamique dans le canton, en particulier dans les campagnes.

Les communautés se multiplient, mais le nombre de pratiquants baisse. Comment l’expliquer?

Tous les courants religieux ne perdent pas des fidèles. Alors que les paroisses réformées sont particulièrement touchées, les paroisses catholiques, qui sont moins nombreuses, vivent Je phénomène inverse grâce à l’immigration. À l’heure actuelle, il n’y a que 24 communautés musulmanes, mais elles comptent parfois plus de fidèles que certaines paroisses. Cela entraîne une véritable volonté de créer de nouveaux lieux de culte.

Quelles sont les communautés les plus dynamiques?

Parmi les chrétiens, sans doute les groupes évangéliques et millénaristes comme les témoins de Jéhovah, qui attirent les jeunes da-vantage que les paroisses réformées. Au sein des courants dits ésotériques, j’ai été particulièrement frappée par le nombre de loges maçonniques que nous sommes par-venus â recenser. Après des années de grande discrétion, les francsmaçons montrent une envie de se rendre plus visibles.

Certaines croyances sont au contraire en perte de vitesse. Lesquelles?

On voit disparaître certains mouvements, souvent assimilés à des sectes et qui se sont beaucoup développés dans les années 70. Ces groupes, néohindous ou Hare Krishna par exemple, se distinguaient par une volonté d’inventer leurs propres rituels. Désormais, ils passent le relais à de nouvelles formes de spiritualités, comme le néochamanisme, qui intègrent l’écologie ou des pratiques thérapeutiques et qui éclatent la sphère du religieux.

Voit-on des pratiques comme l’Islam, l’hindouisme ou le bouddhisme s’adapter au sol vaudois?

C’est particulièrement frappant au sein des communautés musulmanes, qui mêlent de plus en plus pratique religieuse et engagement citoyen. Elles nomment des porte-parole, organisent des portes ouvertes, invitent des classes d’école et cherchent à col-laborer avec les autorités locales. Elles parlent aussi d’un «islam vaudois», une idée qu’on ne retrouve pas dans d’autres communautés. Plus globalement, la majorité des groupes religieux du canton s’ex-prime en français, même si une autre langue est pratiquée.

Faut-il craindre des dérives d’une poignée de communautés, notamment évangéliques et ésotériques?

Elles sont toujours possibles. A cet égard, la possibilité d’obtenu une reconnaissance d’intérêt public dans le canton de Vaud es une manière de créer des garde fous. Pour les communautés qui s’engagent dans cette démarche le risque pourrait être toutefois de les voir se replier si la recon naissance leur est refusée au bout du chemin.


Toutes ces communautés peuvent demander cette reconnaissance. Sont-elles nombreuses à le vouloir?

La plupart n’ont pas du tout cette préoccupation. Outre les anglicans, qui sont engagés dans cettE démarche, les évangéliques et lei musulmans sont sans doute lei plus concernés, non seulement du fait de leur nombre et de leur dynamisme, mais aussi pour dei raisons d’image. Quand trouve1 un lieu de culte reste difficile pow les communautés musulmanes, quelque chose ne tourne pas rond. La démarche de reconnaissance est une forme de réponse, mais elle les amène aussi à s’interroger sur la manière dont elles se présentent et dont elles s’adaptent à la modernité.


Du néochamanisme aux dieux égyptiens

Commandité par l’État de Vaud, le recensement du CIC a été présenté succinctement une première fois en septembre 2018. Au nombre exact de 785, sans compter celles qui ont refusé tout contact, les communautés religieuses du canton répondent à la définition suivante: un groupe de personnes se rassemblant en wi lieu de culte autour d’une
croyance partagée. On découvrait que le Mouvement du Graal, le tocoïsme ou encore le bahaïsme ont des adeptes en terres vaudoises, tout comme l’Église catholique. Mais qui sont-ils et comment vivent-ils leur foi, à Lausanne, à Nyon ou à Sainte-Croix? Documenté sans forcer l’académisme, «Credo» dresse un portrait inédit de ces spiritualités tan-tôt bien connues et tantôt ignorées. On apprend ainsi que, dans la capitale vaudoise, la loge de l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix rassemble une poignée d’adeptes dont les rituels invoquent les dieux de l’ancienne Égypte. À Écublens, la pagode bouddhiste est aux mains des femmes. bans le Jura, les darbystes brouillent les pistes pour ne pas divulguer leur identité. Entre Lausanne et le Mont-Pèlerin, deux doctrines du bouddhisme tibétain s’affrontent sur fond de tensions politiques. Cette cartographie religieuse s’accompagne de photographies réalisées par des étudiants de l’École cantonale d’art de Lausanne (Écal). Comme les textes, elles permettent de pousser la porte de lieux de culte qui émaillent le canton, parfois en toute discrétion. Certaines mosquées vaudoises sont des garages réaménagés, les offices orthodoxes se font dans des temples protestants et les néochamanes se réunissent au col du Marchairuz. En évolution permanente, le paysage religieux vaudois méritait amplement cet instantané.

Double page dans le 24heures du 1er octobre 2020, article de Chloé Banerjee-Din