Nouvelles Questions Féministes Vol. 25, No 3

Sexisme, racisme, et postcolonialisme

Benelli, Natalie, Delphy, Christine, Falquet, Jules, Hamel, Christelle, Hertz, Ellen, Roux, Patricia,

2006, 168 pages, 13 €, ISBN:2-940146-81-0

S’il existe une question féministe qui mérite approfondissement parce qu’elle est compliquée et recouvre des enjeux fondamentaux pour nos existences, c’est bien celle des imbrications structurelles entre l’oppression fondée sur le sexe et les oppressions fondées sur l’appartenance à une race, ethnie ou culture, regroupées ici sous l’appellation « racisme ». Nouvelles Questions Féministes revient ainsi, dans le présent numéro, sur la thématique amorcée dans le premier volume de cet ensemble de deux numéros consacrés au sexisme et au racisme. En effet, qu’il s’agisse de l’imposition du voile ou de son interdiction, de la prostitution, des mariages non consentis, des violences ou des discriminations sur les lieux de travail, l’oppression sexiste ne s’inscrit ni ne se lit dans le corps abstrait de « la femme » universelle et anhistorique, mais dans celui de femmes particulières et particularisées, dans un contexte social déterminé, caractérisé par d’autres rapports de domination.

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Description

S’il existe une question féministe qui mérite approfondissement parce qu’elle est compliquée et recouvre des enjeux fondamentaux pour nos existences, c’est bien celle des imbrications structurelles entre l’oppression fondée sur le sexe et les oppressions fondées sur l’appartenance à une race, ethnie ou culture, regroupées ici sous l’appellation « racisme ». Nouvelles Questions Féministes revient ainsi, dans le présent numéro, sur la thématique amorcée dans le premier volume de cet ensemble de deux numéros consacrés au sexisme et au racisme. En effet, qu’il s’agisse de l’imposition du voile ou de son interdiction, de la prostitution, des mariages non consentis, des violences ou des discriminations sur les lieux de travail, l’oppression sexiste ne s’inscrit ni ne se lit dans le corps abstrait de « la femme » universelle et anhistorique, mais dans celui de femmes particulières et particularisées, dans un contexte social déterminé, caractérisé par d’autres rapports de domination.

Sommaire

 Edito

  • Les approches postcoloniales: apports pour un féminisme antiraciste

Grand angle 

  • Quand on rend la culture responsable de la mauvaise conduite (Leti Volpp)      

  • De la postcolonie et des femmes: apports théoriques du postcolonialisme anglophone aux études féministes (Danielle Haase-Dubosc et Maneesha Lal)

  • Sexe/genre, classe, race: décoloniser le féminisme dans un contexte mondialisé. Réflexions à partir de la lutte des femmes indiennes au Chiapas (Sabine Masson)

  • Voile qui dévoile intégrisme, sexisme et racisme (Ghaïss Jasser)

 Champ libre

  • Andrea Dworkin, « Le Pouvoir »    

  • Des chômeuses face aux violences administratives en Suisse (Morgane Kuehni)

 Parcours

  • « Les discriminations à l’encontre des femmes maghrébines en France. » Entretien avec Feriel Lalami, cofondatrice de l’Association pour l’Égalitédevant la loi entre les femmes et les hommes (Algérie, 1985) et de l’Association pour l’Égalité (France, 1990). Réalisé par Christelle Hamel, juin 2006    

 Comptes rendus

  • Daisy Hernández et Bushra Rehman (éds), Colonize this! Young women of color on today’s feminism (Jules Falquet)

  • Ayesha Imam, Amina Mama et Fatou Sow (dir.), Sexe, genre et société. Engendrer les sciences sociales africaines (Aurélie Damamme)

  • Le 28e Festival international de films de femmes de Créteil (Ghaïss Jasser)     

  • Émile Ellberger, La tragédie répétée. Hommage à toutes les femmes victimes de violences sexuelles en temps de guerre (Hélène Martin)

 Collectifs

  • L’expérience inédite et dérangeante du Collectif des Féministes pour l’Égalité (Cecilia Baeza)

Presse

Cette revue féministe, fondée en 1981 par Simone de Beauvoir et une équipe, qui se définit comme »militante », affiche sa perspective « anti-essentialiste, matérialiste et radicale » et son but, « déconstruire la différence des sexes ». Ce numéro, intitulé Sexisme, racisme et postcolonialisme, est le second volet d’un diptyque qui analyse les liens complexes entre les oppressions fondées sur le sexe et sur la race, les premières inscrites au coeur du système patriarcal, les secondes souvent insidieusement liées aux discours de libération développés en Occident. Regroupés en rubriques, les articles abordent le sujet tantôt par l’analyse de cas précis, les différences d’appréhensions d’un même fait selon les catégories raciales aux États-Unis (L. Volpp), la situation des femmes indiennes au Chiapas (S. Masson), des chômeuses en Suisse (M. Kuehni), des femmes maghrébines en France (entretien avec F. Lalami), tantôt sous l’angle de la réflexion sur les études postcoloniales. L’article central, de D. Haase-Dubosc et M. Lai, tente de faire le bilan de l’apport des études postcoloniales aux études féministes. Les auteurs partent de la constatation de l’éclatement aux États-Unis des mouvements de libération des femmes en constellations raciales et de l’écrasante domination (« impérialisme ») d’un discours féministe blanc en Occident qui occulte les mouvements dits « subalternes ». Elles accusent le postcolonialisme d’enfermer tous les colonisés dans une catégorie homogène, d’exclure le pré-colonial et d’avoir construit un nouvel oukase mais reconnaissent qu’il donne des outils théoriques pour contester cette « pensée blanche » hégémonique afin de « décoloniser les présupposés du féminisme » en particulier en cessant d’essentialiser les femmes non occidentales pour arriver à un féminisme « culturellement relativiste », soumis à l’historicité et transnational. Dans cette nouvelle posture, les divers mouvements féministes, assumant leur diversité, pourraient faire preuve de solidarité en vue de comprendre les effets de la mondialisation, définie par S. Masson dans l’article suivant comme une « offensive impériale et patriarcale », « un puissant apartheid de race et de sexe ». L’analyse se termine par la reconnaissance d’un « tournant » et d’une « ouverture dans la pensée normative dominante » grâce au postcolonialisme qui a mis en évidence « la catégorie de race dans le féminisme ». Un hommage est rendu à la féministe américaine Andréa Dworkin, décédée en 2005, avec la traduction française d’un chapitre de son ouvrage Pornography: Men Possessing Women paru en 1981 et une bibliographie complète de ses publications dont aucune n’est parue en français. Des comptes-rendus d’ouvrages, de cédéroms et de films présents au festival de films de femmes de Créteil permettent de prendre la mesure de la pluralité des engagements féministes. Il faut souligner les riches bibliographies, essentiellement anglophones, qui accompagnent les articles. 

Bulletin critique du livre en français, n°695, septembre 2007