Nouvelles Questions Féministes Vol. 22, No 3

A contresens de l'égalité

Michel, Christine, Pannatier, Gaël, Parini, Lorena, Roca i Escoda, Marta, Roux, Patricia,

2003, 168 pages, 13 €, ISBN:2-940146-38-1

Deux thèmes au centre de débats politiques et médiatiques actuels font l’objet du dossier présenté par ce nouveau numéro de Nouvelles Questions Féministes. La première partie du Grand Angle met en évidence l’ambiguïté, du point de vue du genre, des politiques publiques: bien des décisions politiques sont prises aujourd’hui « au nom de l’égalité des sexes » (par exemple en Suisse, le relèvement de l’âge de la retraite des femmes), alors que, de fait, elles détournent le principe d’égalité de ses objectifs féministes. Ces détournements sont analysés dans trois articles consacrés à la parité, à l’adoption et au travail domestique. La deuxième partie du Grand Angle se concentre sur les retournements du principe d’égalité. A force de dire que l’égalité est désormais atteinte, les féministes se retrouvent accusées par certain·e·s de mener un combat d’arrière-garde, ou pire encore, d’avoir poussé notre société à discriminer les hommes, au bénéfice des femmes pour lesquelles on en aurait trop fait. Un constat traverse l’ensemble du numéro: le féminisme associatif, académique ou institutionnel doit demeurer une force de dénonciation des inégalités et de proposition pour éradiquer tous les systèmes de domination (genre, classe, race, hétéronormativité) qui organisent les rapports sociaux. 

Format Imprimé - 17,00 CHF

Description

Deux thèmes au centre de débats politiques et médiatiques actuels font l’objet du dossier présenté par ce nouveau numéro de Nouvelles Questions Féministes. La première partie du Grand Angle met en évidence l’ambiguïté, du point de vue du genre, des politiques publiques: bien des décisions politiques sont prises aujourd’hui « au nom de l’égalité des sexes » (par exemple en Suisse, le relèvement de l’âge de la retraite des femmes), alors que, de fait, elles détournent le principe d’égalité de ses objectifs féministes. Ces détournements sont analysés dans trois articles consacrés à la parité, à l’adoption et au travail domestique. La deuxième partie du Grand Angle se concentre sur les retournements du principe d’égalité. A force de dire que l’égalité est désormais atteinte, les féministes se retrouvent accusées par certain·e·s de mener un combat d’arrière-garde, ou pire encore, d’avoir poussé notre société à discriminer les hommes, au bénéfice des femmes pour lesquelles on en aurait trop fait. Un constat traverse l’ensemble du numéro: le féminisme associatif, académique ou institutionnel doit demeurer une force de dénonciation des inégalités et de proposition pour éradiquer tous les systèmes de domination (genre, classe, race, hétéronormativité) qui organisent les rapports sociaux.

Sommaire

Edito

  • A contresens de l’égalité (Patricia Roux, Gaël Pannatier, Lorena Parini, Marta Roca, Christine Michel)

Grand angle

  • La parité, contresens de l’égalité? Cadrage discursif et pratiques d’une réforme (Laure Bereni, éléonore Lépinard)

  • L’égalité inavouable. Homosexualité et adoption en France: une politique publique jurisprudentielle (Bruno Perreau)

  • Par où attaquer le « partage inégal » du « travail ménager »? (Christine Delphy)

  • Violences vécues, fantasmes et simulacres. Comment analyser les violences envers les femmes (Équipe Enveff)

  • Les attaques contre les enquêtes sur les violences envers les femmes…(Patrizia Romito)

  • Sursaut antiféministe dans les salons parisiens (Magdalena Rosende, Céline Perrin, Patricia Roux, Lucienne Gillioz)

Champ libre

  • Féminisme et mouvement global (Sabine Masson)

Parcours

  • « La justice sociale se construit tous les jours ». Entretien avec Patricia Schulz, directrice du Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes (Christine Michel et Gaël Pannatier)

Comptes rendus

  • Chahla Chagiq, Le nouvel homme islamique. La prison politique en Iran (Jules Falquet)

  • Christine Bard, Frédéric Chauvaud, Michelle Perrot, Femmes et justice pénale, XIXe-XXe siècles (Cynthia Kraus)

  • Catherine Ecarnot, L’écriture de Monique Wittig à la couleur de Sappho (Françoise Armengaud)

  • Pia Tschannen, Putzen in der sauberen Schweiz. Arbeitsverhältnisse in der Reinigungsbranche (Natalie Benelli) 

Collectifs

  • Tzome Ixuk (femmes organisées). Femmes tojolabales en lutte au Chiapas (Sabine Masson)

Presse

La dernière livraison de la revue dirigée par Christine Delphy Nouvelles Questions féministes se situe au carrefour d’interrogations éminemment polémiques. Intitulé « À contresens de l’égalité », ce numéro interroge dans une série d’articles la circulation souvent paradoxale des idées dans les récents débats politiques et médiatiques à propos des rapports hommes-femmes. Ainsi, des mesures prises au nom de l’égalité comme la parité peuvent aboutir à des effets contradictoires. Même « détournement » au sujet d’une fiscalité qui consacre la prise en charge du travail domestique par les femmes. Le féminisme se confronte également au « retournement » du principe d’égalité, comme dans le nouveau « backlash » qui, à la suite d’essais récents relativisant la portée des violences faites aux femmes, nourrit l’antiféminisme. Quant au mouvement altermondialiste, l’intégration de l’apport féministe y demeure un défi. Le féminisme piégé? Cette revue suffit, heureusement, à signaler la conduite vivace d’une pensée féministe de l’égalité qui ne confond pas contresens et sens unique.

D.Z., L’Humanité

Revue rigoureuse et austère qui entend ainsi marquer sa légitimité scientifique dans le champ académique, Nouvelles Questions féministes (NQF) n’est pas pour autant en reste pour participer aux débats et aux polémiques de l’actualité féministe. Ce numéro intitulé À contresens de l’égalité est important car il regroupe les contributions de chercheures qui répondent à des textes mettant en question des tendances contemporaines du féminisme français. Il est regrettable que des camps s’opposent ici de manière militante davantage qu’ils ne manifestent une volonté de se remettre en question. Ainsi les textes d’Élisabeth Badinter et de Marcela Iacub, auxquels le numéro répond, sont discutables et sans doute excessifs, mais ils traitent pourtant de vrais enjeux. En accusant le féminisme français de faire l’impasse sur la critique de la maternité et de se construire en victime, É. Badinter et de M. lacub soulèvent des problèmes réels. Il serait bon de leur répondre avec de vrais arguments, davantage qu’avec des invectives. S’il est vrai que l’on peut reprocher à É. Badinter de tomber parfois dans une re-naturalisation des rapports sexués, il est trop facile d’évacuer les questions posées. Ainsi en est-il de l’amalgame démagogique de toutes formes de violence et de la construction sociale, parfois artificielle, du concept de harcèlement sexuel, des effets de judiciarisation des rapports humains que cela engendre, etc. La politique du désir est un enjeu que l’on ne peut pas balayer non plus du revers de la main. La façon de se draper dans une attitude de défense du féminisme, dont elles seraient les héroïnes, et de recourir à l’accusation de non- scientificité des propos fait sourire. Ce n’est pas en arguant qu’il s’agit là d’une critique politique antiféministe, nécessairement réactionnaire, que l’on règle le problème. N’en déplaise aux auteures de NQF, É. Badinter et M. lacub sont profondément féministes, simplement elles n’ont pas la même façon d’envisager celui-ci. Pas plus que le MLF dans les années 1980, NQF n’a aujourd’hui le monopole du féminisme. NQF n’est pas plus objectif dans ses publications que ne le sont les personnes incriminées, même si chacun se renvoie l’argument de servir une caution idéologique. Il est donc important de lire ce numéro et ces arguments et de les confronter à d’autres lectures pour se faire un avis réfléchi.