Les Relations internationales et la Suisse

Favez, Jean-Claude, Jost, Hans Ulrich, Python, Francis,

1998, 291 pages, 17 €, ISBN:2-940146-07-1

Plus que jamais la politique étrangère occupe une place centrale dans la conduite des affaires publiques. L’indépendance nationale ne se conçoit plus sans interdépendance mondiale et régionale. Pour s’adapter aux solidarités multiples, la neutralité change de sens ou elle cesse d’être un instrument de la politique extérieure helvétique. L’étude des relations internationales est donc devenue un sujet de recherche essentiel dans les sciences sociales. Cet ouvrage comporte les contributions d’un 3e cycle d’histoire moderne et contemporaine et montre les différentes nouvelles approches du problème complexe des relations internationales.

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Description

Plus que jamais la politique étrangère occupe une place centrale dans la conduite des affaires publiques. L’indépendance nationale ne se conçoit plus sans interdépendance mondiale et régionale. Pour s’adapter aux solidarités multiples, la neutralité change de sens ou elle cesse d’être un instrument de la politique extérieure helvétique. L’étude des relations internationales est donc devenue un sujet de recherche essentiel dans les sciences sociales. Cet ouvrage comporte les contributions d’un 3e cycle d’histoire moderne et contemporaine et montre les différentes nouvelles approches du problème complexe des relations internationales.

Table des matières

  • Avant-propos (Jean-Claude Favez, Hans Ulrich Jost, Francis Python)

Première partie

  • Entre adaptation et résistance à l’évolution commerciale: lutte à propos de la politique douanière suisse durant le XIXe siècle (Cédric Humair)

  • Capital financier et politique extérieure à la fin de la Première Guerre mondiale: création de la Centrale des Charbons (1917) et de la Société Financière Suisse (1918) (Malik Mazbouri)

  • Commerce extérieur et restructuration industrielle en suisse durant la première moitié du XXe siècle (Thomas David et Tobia Schnebli)

 Deuxième partie

  • Les relations triangulaires Suisse-France-Algérie à travers l’exemple de la Compagnie genevoise des Colonies suisses de Sétif, 1852-1864 (Claude Lützelschwab)

  • Aux frontières du profit: les relations entre la société suisse Alimentana AG et sa filiale Maggi GmbH en Allemagne du sud, 1925-1943 (Sophie Pavillon)

  • La position du Vorort face aux relations économiques de la Suisse avec l’Europe orientale, 1944-1954 (Pascal Bulliard)

 Troisième partie  

  • L’Autriche et la Suisse à la fin de la Première Guerre mondiale, quelques aspects de leurs relations diplomatiques (Jasna Adler)

  • Catholicisme et Grande Guerre: la voie humanitaire (Frédéric Yerly)

  • Fuoruscitismo et relations internationales: la diplomatie, 1927-1934 (Stéfanie Prezioso)

  • Jean-Marie Musy dans l’orbite du Reich d’Adolf Hitler : entrée et trajectoire jusqu’au printemps 1941 (Daniel Sebastiani)

  • Entre internationalisme et communauté nationale: le mouvement ouvrier et la politique suisse à son égard (Charles Heimberg)

Presse

Jean-Marie Musy s’est fait l’allié volontaire de l’Allemagne nazie

Par Haine du communisme, l’ancien conseiller fédéral a fait cause commune avec le régime d’Adolf Hitler. C’est ce que montre un article d’un historien fribourgeois, Daniel Sebastiani.

Indirecte et morale, l’aide apportée par Musy à la propagande allemande n’en demeure pas moins une accommodation réelle. Quoique tout en nuances, le jugement que porte Daniel Sebastiani est clair: dans un article qui vient de paraître, cet historien fribourgeois affirme que celui qui fut conseiller fédéral entre 1919 et 1934 a délibérément servi les intérêts de l’Allemagne nazie.

Actuellement à Paris, Daniel Sébastiani y poursuit ses recherches sur Jean-Marie Musy (1876-1952) pour une thèse de doctorat qu’il accomplit sous la direction de Francis Python, professeur d’histoire contemporaine à l’Uni de Fribourg. Son article, publié dans les actes d’un colloque sur les relations internationales et la Suisse, affine le portrait d’un politicien controversé à cause de ses sympathies pour les puissances de l’Axe.

Une « accomodation »

Sébastiani se veut prudent: pour lui, Musy n’a pas à proprement parler fait acte de collaboration avec l’Allemagne nazie. Le chercheur préfère le terme-en vogue dans l’historiographie française-d' »accommodation ». A la différence de la France de Vichy, l’ex-conseiller fédéral n’a pourtant pas eu à s’aligner sous la pression des circonstances. « L’accommodation de Musy ne relève donc pas d’une forme contrainte ou structurelle », écrit l’historien. « Elle n’est même pas liée à un cadre d’occupation effectif. Elle va au-delà. Elle est voulue. »

Comment expliquer cette adhésion volontaire, même critique, au IIIe Reich? Bien que considéré auparavant comme un partisan de l’Entente, le magistrat romand se découvre avec l’Allemagne d’après 1933 d’étonnantes affinités idéologiques: « Fascination pour l’action, l’ordre et l’autorité (n’avait-il pas démissionné en mars 1934, quelques jours après l’échec d’un projet de loi sur la défense et le maintien de l’ordre intérieur?); dénonciation des faiblesses de la démocratie; hantise du complot et de la décadence; conception nostalgique d’un âge d’or à régénérer, mais aussi d’un ordre nouveau a construire; exaltation de. la communauté nationale ».

Un ennemi commun

Reste que c’est surtout sa haine viscérale du communisme qui incite Musy à se placer dans l’orbite du nazisme. Parce qu’à son avis, Hitler est seul en mesure d’endiguer la « peste rouge » qui menace l’Europe occidentale.

« La peste rouge », c’est d’ailleurs le titre du film dont l’ancien membre du gouvernement passe commande en 1938 par le biais de l’Action nationale suisse contre le communisme. Fondée en 1936 de concert avec Franz Riedweg, qui portera l’uniforme de la SS, cette association multiplie les conférences et les publications pour lutter contre l’extrême gauche. Retourné sous la Coupole fédérale comme conseiller national, Jean-Marie Musy lui sert de bras politique. En mars 1937, il dépose ainsi une interpellation demandant l’interdiction de toute activité communiste en Suisse.

Dès 1937, l’Action contre le, communisme reçoit l’appui discret de l’Antikommintern, sorte d’anti-Internationale lancée par le Reich. Là aussi, Sébastiani se garde bien de tirer des conclusions hâtives: « Si Musy sait de toute évidence qu’il entre dans un réseau anticommuniste contrôlé par les Allemands, qu’il y a même collusion entre son action et l’Allemagne hitlérienne, rien ne nous permet cependant d’affirmer-du moins pour les années d’avant-guerre-qu’il était totalement conscient de favoriser le nazisme et plus particulièrement la politique de subversion allemande en Suisse ».

Reste que Musy se prête de la sorte à un jeu dangereux. Pire, il fait du zèle. Ainsi, durant ses voyages répétés en Allemagne, il est reçu par les dignitaires nazis, dont le SS-Reichsführer Heinrich Himmler. Il renseigne ce dernier sur les moyens d’infiltrer les anticommunistes suisses sans effaroucher leur volonté de préserver la souveraineté nationale helvétique. Il semble par ailleurs que Musy ait effectué après 1940 des missions de bons offices entre Vichy et Berlin. A-t-il vu Adolf Hitler? Au stade actuel de ses recherches, Sebastiani ne peut l’affirmer.

Ambitions personnelles?

Dans sa diligence à servir les tenants de l’Ordre nouveau, peut-être Musy cherche-t-il également à se profiler à titre personnel en vue d’un éventuel retour aux affaires. Mauvais calcul: à l’époque de la Défense nationale spirituelle, il est de plus en plus considéré comme un « homme occupé » par l’Allemagne nazie, y compris parmi les conservateurs fribourgeois. Au point que la police fédérale le tient à l’œil. Ces soupçons, même son action en 1944-45 pour la libération de 1200 juifs ne pourra totalement l’éventer.

Serge Gumy, La Liberté, 10.3.1998

 

Les relations internationales sont généralement étudiées sous l’angle des échanges dans le domaine de la politique, de l’économie, de la diplomatie et du militaire. Relations internationales, échanges culturels et réseaux intellectuels cherche à ouvrir un autre champ de la réflexion en publiant les actes d’un colloque de troisième cycle des universités de Suisse romande. De quoi s’agit-il? D’illustrer différentes approches manifestant la présence des questions culturelles dans la diplomatie, au sein d’organisations internationales ou dans l’histoire de tel ou tel pays. La question commune à ces contributions disparates est de saisir la culture comme l’un des lieux importants, non seulement de la constitution de valeurs, mais également d’échange symbolique. Il n’y a pas là un ensemble cohérent mais plutôt une collection de portraits dont il est vain de chercher la cohérence ailleurs que dans la réunion de ces chercheurs ! Alors, le lecteur s’intéresse au « passé comme moyen de légitimation et de pression en Suisse au XIXe siècle », à l’histoire passionnante de ces intellectuels polonais vivant dans la Suisse du XXe siècle et dont la présence constitue un défi pour le pays hôte, l’obligeant-comme par un effet de miroir-à se définir lui-même. Mentionnons également ces fonctionnements évidemment parallèles entre une association culturelle italo-suisse fondée en 1937 et la « Société pansoviétique d’échange avec l’étranger » : où l’on conclut que « la culture n’est jamais un champ référentiel en soi, mais plutôt un domaine instrumentalisé ». À cet égard, le « regard sur les relations kurdo-arméniennes » est particulièrement illustratif d’un certain usage de la culture à la fois comme un instrument du politique et comme la base même d’une identité qui contribue à mettre en route une expérience politique. Mentionnons encore cet article passionnant intitulé « Le Japon d’avant Meiji: un pays replié sur lui-même? » qui démonte avec subtilité les rapports entretenus par ce pays entre sa culture « du dedans » et celles qui pouvaient lui arriver « du dehors ». Enfin, l’analyse des « Mémoriaux d’holocauste » travaille ce rapport à la mémoire si particulier qui va de la stèle au monument patriotique. Au centre de la réflexion, ce « Monument invisible » mis en place à Saarbrücken: composé de 2 146 pierres gravées des noms des cimetières juifs, toutes ces pierres ayant été replacées face au sol et donc invisibles au spectateur. L’artiste n’a pas créé un monument tangible, mais un mémorial intérieur puisque le spectateur est obligé à penser par lui-même. La culture et son usage constituent ainsi le fil rouge de cet ouvrage riche en découvertes et dont l’aspect presque hétéroclite est lui-même à l’image de la culture d’aujourd’hui telle que nous la vivons.

Bulletin critique du livre en français, no 649, juin 2003.