Les Fêtes du peuple jurassien

Films amateurs et séparatistes (1949-1982)

Chouleur, Stéphanie,

2013, 219 pages, 22 €, ISBN:978-2-88901-071-4

Au travers d’un corpus de films réalisés par des militants amateurs du Mouvement séparatiste jurassien, corpus unique en son genre et resté dans l’oubli jusqu’à présent, cet ouvrage permet de saisir l’évolution et les enjeux de la Fête du peuple jurassien, événement politique et populaire considéré comme l’un des symboles les plus marquants de la lutte pour l’indépendance jurassienne. Des annexes filmiques disponibles en ligne proposent les extraits les plus représentatifs de ces films.

Format Imprimé - 27,00 CHF

Description

Les Fêtes du peuple jurassien présente l’histoire de cet événement politique et populaire, véritable baromètre de la ferveur séparatiste jurassienne.

Des cinéastes amateurs et militants, rattachés depuis 1949 au Mouvement séparatiste jurassien, puis dès 1951 au Rassemblement jurassien, ont gravé sur pellicules chaque moment clé de la lutte séparatiste. La Fête du peuple y est représentée comme le point culminant de ces nombreuses années de lutte.

À travers l’oeil des réalisateurs militants, l’ouvrage offre une nouvelle perspective historique de la lutte pour l’indépendance jurassienne. Dans un mouvement où la propagande passait principalement par l’écrit, ces films n’ont jamais suscité l’intérêt des dirigeants politiques. C’est pourquoi, malgré le peu de liberté d’action accordée par le Rassemblement jurassien à ses militants, les réalisations filmiques n’ont jamais été contrôlées, modifiées ou censurées par le Comité de propagande.

Ces films témoignent de la vision que portaient les membres du mouvement séparatiste à l’égard de ce même mouvement et de ses actions. L’ouvrage propose une plongée dans l’histoire audiovisuelle de la lutte pour l’indépendance jurassienne.

Des extraits des films de Luc Gueniat sont disponibles ci-dessous.

Le DVD peut être commandé, au prix de 19 chf (+port): editions@antipodes.ch

Table des matières

I. Mise en contexte des Fêtes du peuple jurassien et des films

 Les Fêtes du peuple jurassien

  • La Fête du peuple jurassien au sein de la vaste Question jurassienne
  • Les initiateurs des Fêtes: des mains de fer dans des gants de velours
  • Un événement politique et festif
  • « Un rite annuel à l’usage des médias »
  • La Fête et les productions filmiques: entre militantisme et neutralité

Le corpus militant jurassien
Les productions du Ciné-journal suisse et de la DRS Schweizer Fernsehen

Les films du Mouvement séparatiste jurassien et du Rassemblement jurassien

  • Des réalisateurs partisans et amateurs
  • La mise sur pied des films: une organisation libérale
  • Lorsque la technique explique le contenu

Le tournage: des bobines à courte durée d’enregistrement
Le montage : une astreignante absence de son direct

  • Une diffusion dans le strict cadre du mouvement

Des contextes de diffusion multiples
Fréquence et lieu géographique de diffusion

II. Analyse: les films dans leur contexte

 Évolution et but des films

  • Une évolution des films en lien avec le contexte politique et culturel

La durée de représentation: un indicateur fiable
L’actualité: un mode de représentation décousu

  • Le but des films: outils de propagande ou outils de commémoration?

Outils de commémoration: un but atteint
Outils de propagande: un impact réel?

La symbolique dans le mode de représentation des Fêtes du peuple jurassien

  • Le cortège allégorique: L’Histoire et l’actualité symbolisées par les séparatistes

L’histoire jurassienne: une idéalisation du passé
Les mythes suisses: une représentation fidèle à l’idéologie du RJ
L’actualité du RJ sous l’oeil sarcastique des séparatistes

  • Drapeaux, fanions et écussons: une omniprésence frappante
  • Les chants et la poésie: symboles d’unité par excellence

La Nouvelle Rauracienne: un hymne populaire
La poésie: l’expression de l’âme des jurassiens

  • Les ténors du mouvement et la foule: une absence de hiérarchie

Annexe

  • 1. Entretien avec Luc Gueniat, réalisateur militant jurassien
  • 2. Entretien avec Denis Moine, premier correspondant de la SSR pour le Jura
  • 3. Entretien avec Jacques Hirt, ancien maire autonomiste de la Neuveville et membre fondateur de Jura-Sud autonome
  • 4. Calendrier de la Fête du peuple jurassien. ARCJ, archives manuscrites du RJ, année inconnue
  • 5. Liste des journaux présents à la conférence de presse de la 30e Fête du peuple jurassien, 1977. ARCJ, archives manuscrites du RJ, carton « FPJ 1977 »
  • 6. La Nouvelle Rauracienne
  • 7. Liberté – Paul Eluard, 1942

Presse

L’émission Babylone du 7 novembre 2013, RTS

Ecouter l’émission

Dans Le Jura Libre

Le livre Les Fêtes du peuple jurassien, paru récemment aux Editions Antipodes et réalisé par Stéphanie Chouleur, présente l’histoire de cet événement politique et populaire, véritable baromètre de la ferveur séparatiste jurassienne.

L’auteure a procédé à une analyse fouillée des films réalisés pour le compte du Rassemblement jurassien (RJ), entre 1949 et 1982, par les frères Maurice et Georges Enard de Delémont (jusqu’en 1962) puis par Luc Gueniat, de Courroux, qui a repris le flambeau en 1964 (jusqu’en 1996). Comme elle l’indique dans son introduction: « Jamais analysés jusqu’ici et totalement laissés dans l’oubli depuis leur création, ces films se révèlent être un corpus long et complet; une source historique inespérée! »

Durant de longues années, Luc Gueniat a fait partie du comité d’organisation de l’événement politique et festif du début du mois de septembre. Il l’a même présidé entre 1994 à 2000. Sa motivation principale à filmer n’a résidé que dans sa foi militante et son amour du Jura, sachant que ces films n’ont jamais suscité d’intérêt débordant de la part des dirigeants politiques pour qui la propagande passait principalement par la forme écrite. Ils étaient avant tout destinés à de la propagande interne puisqu’ils étaient projetés lors des assemblées et des réunions des sections locales du RJ ainsi qu’au sein du comité d’organisation de la fête et dans les sections des Jurassiens de l’extérieur. C’était aussi l’occasion de rendre hommage à ces centaines de bénévoles qui oeuvraient chaque année à la réussite de cet événement patriotique. Comme le rappelle Luc Gueniat: « Sans eux, le mouvement n’aurait jamais existé de la manière dont il existe aujourd’hui. Il me paraissait important de graver cela sur pellicule et dans les souvenirs. »

Cet excellent ouvrage propose une plongée dans l’histoire audiovisuelle de la lutte pour l’indépendance jurassienne. Comme le souligne Stéphanie Chouleur, diplômée en histoire, journalisme et histoire et esthétique du cinéma de l’Université de Lausanne, dans sa conclusion: « Tous ces films, moments de réalité gravés sur pellicule, nous racontent une histoire, celle des militants jurassiens et de leur lutte pour la liberté. Dans cette recherche, nous avons souhaité joindre bout à bout ces moments de réalité; faire que ces histoires deviennent l’Histoire. »

Laurent Girardin, Le Jura Libre, no. 2859, 26 septembre 2013

Un livre sur les Fêtes du peuple

Les Fêtes du peuple jurassien analysées par sa filmographie. Pour son travail de mémoire, l’historienne Stéphanie Chouleur s’est penchée sur la célébration du Mouvement autonomiste jurassien. L’ouvrage vient de sortir de presse. Cette jeune femme de Nidau a choisi de décortiquer les Fêtes du peuple grâce aux films réalisés par Maurice et Georges Hainard dès 1949, puis par Luc Gueniat. L’historienne a aussi utilisé d’autres sources, des documents et des témoignages. Elle peut ainsi comprendre le contexte dans lequel ces films ont été tournés.

Ces reportage n’étaient pas utilisées pour de la propagande, le mouvement ne s’y est jamais intéressé, mais pour rendre hommage aux militants. Les réalisateurs avaient donc les mains libres et pouvaient diffuser ce qu’ils souhaitaient. Stéphanie Chouleur trouvent intéressant de découvrir à travers ces images  « l’œil du militant », au lieu de la vision du comité qu’on retrouve dans les traces écrites. On y voit par exemple les cortèges avec les chars. Les réalisateurs ont aussi veillé à prendre la foule. C’était un événement populaire avant d’être rassemblement politique pour ces cinéastes. Ces films étaient alors montrés lors de rassemblements de militants et permettaient de maintenir la flamme. La ferveur de l’époque et l’importance de ces Fêtes du peuple jurassien ont particulièrement marquées la Biennoise.
[…]
 nqu, RFJ, 8 septembre 2013

Tout était organisé jusque dans les détails

  • Les Fêtes du peuple jurassien de 1949 à 1982: c’est le thème d’une recherche menée par Stéphanie Chouleur.
  • La recherche, qui vient d’être publiée, met en évidence le côté extrêmement organisé des Fêtes du peuple, cela pratiquement dès le début.

Stéphanie Chouleur, 28 ans, Biennoise, s’est intéressée à l’histoire de la Fête du peuple jurassien dans le cadre de son master en histoire. Elle souhaitait un sujet alliant images et histoire régionale. Elle l’a trouvé grâce à sa professeure Nelly Valsangiacomo, sa directrice de mémoire à l’Université de Lausanne, et au professeur Claude Hauser, Jurassien, professeur à l’Université de Fribourg. C’est ainsi qu’elle a analysé les archives écrites du Rassemblement Jurassien (RJ) mais aussi les images filmées de 1949 à 1982. Pourquoi la date de 1982? Les images filmées par les frères Maurice et Georges Enard, Max Meury et Luc Gueniat, sont montées jusqu’à cette date. Les Fêtes du peuple seront filmées durant encore dix ans mais les images ne seront plus montées et Stéphanie Chouleur a renoncé à les consulter. C’est la première fois qu’une recherche historique s’appuie sur les archives audiovisuelles.

Les premières Fêtes du peuple regroupent une « poignée de militants »: 4000 en 1949 et 1950, sous l’étiquette de « Journée patriotique ». Dès 1951, on a affaire à la « Fête du peuple jurassien », en lien avec la reconnaissance du peuple jurassien dans la Constitution bernoise.

La politique d’abord

Au début, tout est axé sur la partie politique et les discours. Une partie culturelle complète le programme dès 1951 (5000 personnes). En 1952,le cortège allégorique fait sa première apparition. Cette année « clôt la période des grandes mises en  place de la fête », écrit Stéphanie Chouleur. La fête prend alors son rythme de croisière qui ne connaîtra que de « faibles changements » que dans les années 1980.

La fréquentation augmentera d’année en année jusqu’en 1978 (70’000 personnes). Elle diminue progressivement avec la mise en place du canton. Exception dans ce parcours: l’échec de la première votation sur la création d’un canton Jura, en 1959, la fête qui suit atteint « à peine 20’000 personnes ». Mais la fréquentation prend l’ascenseur les années suivantes. La fête prend un  caractère international dans les années 1960 et 1970. « Le mouvement invite des délégations de l’étranger, de la francophonie notamment, pour gagner en crédibilité et montrer que les Jurassiens ne sont pas les seuls à lutter », observe Stéphanie Chouleur.

La jeune historienne est frappée par le côté très organisé de la fête. « Tout est mis en place très précisément. Même des domaines secondaires comme la cantine. Les sous-comités sont drillés par le comité central. Ce côté autoritaire vient constamment. Je n’en avais pas idée avant de consulter les archives du RJ. »

Filmées dès 1949

Les Fêtes du peuple sont filmées dès 1949, au début par les frères Enard. Ceux qui filment sont tous des militants, adeptes de la cause. Les premiers films sont tournés sans le son, en noir et blanc. Le son viendra avec les films de Luc Gueniat, à partir de 1961. Une opération technique qui n’est pas facile, le son étant saisi à part, par Philippe Margot notamment, avant d’être synchronisé.

Montés, les films durent 20 à 30 minutes. En les regardant, on ne se rend pas compte du côté très organisé de la Fête du peuple, constate Stéphanie Chouleur. Les films montrent la ferveur populaire. Paradoxe: alors que tout est organisé et contrôlé dans le mouvement, les images sont laissées au bon vouloir des opérateurs, libres de tourner, monter les films de A à Z et de diffuser les images. Stéphanie Chouleur: « Il y a eu beaucoup de projections dans les comités régionaux, dans toute la Suisse même. Ces images étaient montrées à pas mal de monde. C’est étonnant que le comité central ne s’y soit pas plus intéressé. Les images étaient visionnées par des convaincus, des militants: il s’agissait d’entretenir la flamme. » Ce sera d’ailleurs le seul usage fait de ces films, montrés aux seuls militants, une forme de reconnaissance de leur travail bénévole.

Les jeunes s’étonnent

Que dire de la Fête du peuple aujourd’hui? « La foule n’est plus là, le changement étonne », dit Stéphanie Chouleur. Paradoxe: les jeunes d’aujourd’hui qui ont eu l’occasion de visionner ces images s’étonnent, eux, de la mobilisation populaire d’antan.

Georges Maillard, Le Quotidien Jurassien, 7 septembre 2013

Annexe(s)

Annexe 1: Evolution des films au sein du corpus (1949; 1981)

Annexe 2: Films divers du corpus (1953; 1974)

Annexe 3: Le cortège des Fêtes du peuple jurassien (1954; 1969; 1979)

Annexe 4: La manifestation officielle des Fêtes du peuple jurassien (1952; 1964; 1978)