Le football à l’épreuve de la violence et de l’extrémisme

Busset, Thomas, Dubey, Jean-Philippe, Jaccoud, Christophe, Malatesta, Dominique,

2008, 304 pages, 22 €, ISBN:978-2-88901-013-1

La violence et l’extrémisme associés au spectacle du football constituent depuis une vingtaine d’années une préoccupation croissante en Europe. Au point que l’objectif de pacifier les interactions footballistiques trouve désormais des ancrages de plus en plus nombreux chez les acteurs en charge du problème. Le présent ouvrage, qui regroupe les contributions de quelques-uns des meilleurs spécialistes du sujet, revient sur deux des principaux pôles d’interrogation qui se rapportent à ces désordres, à travers un état des lieux européen de la violence et de l’extrémisme. En premier lieu, sur l’identité, les motifs et les cibles des auteurs de ces débordements. En second lieu, sur la nature et le sens à donner à la recomposition des dispositifs de toute nature-juridique, policier, urbanistique, socio-préventifs-désormais mis en place pour réguler un phénomène identifié aujourd’hui comme un risque majeur.

Format Imprimé - 28,00 CHF

Description

La violence et l’extrémisme associés au spectacle du football constituent depuis une vingtaine d’années une préoccupation croissante en Europe. Au point que l’objectif de pacifier les interactions footballistiques trouve désormais des ancrages de plus en plus nombreux chez les acteurs en charge du problème.

Le présent ouvrage, qui regroupe les contributions de quelques-uns des meilleurs spécialistes du sujet, revient sur deux des principaux pôles d’interrogation qui se rapportent à ces désordres, à travers un état des lieux européen de la violence et de l’extrémisme.

En premier lieu, sur l’identité, les motifs et les cibles des auteurs de ces débordements. En second lieu, sur la nature et le sens à donner à la recomposition des dispositifs de toute nature-juridique, policier, urbanistique, socio-préventifs-désormais mis en place pour réguler un phénomène identifié aujourd’hui comme un risque majeur.

Table des matières

Dans les stades

  • Violence et extrémisme dans le football: perspectives européennes (Thomas Busset, Christophe Jaccoud)
  • Le football à l’épreuve du racisme et de l’extrémisme: un état des lieux en Europe (Dominique Bodin, Luc Robène, Gaelle Sempé)
  • La politique dans le mouvement ultra en Italie (Sébastien Louis)
  • Supporters extrêmes, violences et expressions politiques en France (Nicolas Hourcade)
  • Supportérisme et extrémisme de droite en Suisse (Thomas Busset, Thomas Gander, Pascal Pfister, Raffaele Poli)
  • Football et sécurité en Belgique: formes et transformations (Bertrand Fincoeur)
  • Signification culturelle du discours sur le hooliganisme et racisme ordinaire dans le milieu du football (Dariuš Zifonun)
  • Football et conflits ethniques à l’exemple des ligues juniors de Basse-Saxe     (Gunter A. Pilz)

Les réponses

  • Dispositif de sécurité contre le hooliganisme et droits des supporters en Europe (Anastassia Tsoukala)
  • Le football entre sport, État et marché. Les morphologies du contrôle du risque sportif à l’orée de l’Euro 08  (Christophe Jaccoud, Dominique Malatesta,
  • Jean-Philippe Dubey)
  • La sécurité dans les stades grecs: luttes et enjeux (Diamantis Mastrogiannakis)
  • Hooliganisme, territoire et sécurité: analyse spatiale d’un risque complexe      (Basile Barbey)
  • Le fancoaching, un travail sociopédagogique dans le milieu des supporters (Entretien avec David Zimermmann, réalisé par Dominique Malatesta et Christophe Jaccoud)        

Presse

Fool, violence et extrémisme

Au moment ou la Licra publie son rapport (en ligne sur son site) sur le racisme dans le sport (soulignant au passage les difficultés grandissantes des femmes à accéder simplement à la pratique), cet ouvrage collectif dresse un panorama informé et européen sur le cas du football avec, évidemment, la question lancinante du hooliganisme et de l’extrémisme de droite. Dans la seconde partie, certains des auteurs se penchent également sur les politiques publiques en la matière, permettant de mesurer les difficultés et les incohérence des réponses institutionnelles.

Nicolas Kssis, Regards, octobre 2008

Les ultras passés à la loupe

C’est le côté obscur du football. Et à un mois de l’Euro 2008, il est mis sous la lumière des projecteurs. Le milieu des ultras des stades suisses sera-t-il satisfait de l’analyse réalisée par le sociologue Thomas Busset de l’Université de Neuchâtel? Allez savoir. Le portrait type de ces supporters inconditionnels pourrait de prime abord sembler assez proche de celui dressé régulièrement dans la presse après des incidents comme ceux ayant impliqué des ultras bâlois, zurichois et bernois pas plus tard que la semaine dernière. Avec pour résultat des dizaines de blessés. Mais le chercheur, qui travaillait dans le cadre du programme national « Extrémisme de droite-causes et contre-mesures », tient absolument à nuancer: « On ne peut pas mettre tout le monde dans le même bain. »

Alors, ces ultras qui sont-ils? Selon l’enquête réalisée auprès du noyau dur des supporters de Bâle, YB et Servette-« Trois clubs dont on disait alors qu’ils comptaient beaucoup de fans d’extrême droite »-ce sont eux qui donnent désormais le ton dans les stades et non plus les hooligans des années 1990. Pour rappel, ces derniers étaient d’abord intéressés par la castagne alors que les premiers affirment être avant tout passionnés par le ballon rond et « violents que s’ils se sentent provoqués. » Selon Thomas Busset encore, les attitudes racistes et d’extrême droite sont aussi en recul, dans nos stades en tout cas. Un avis qui peut surprendre, voire détonner à la lecture des médias étrangers. « Dans notre travail à paraître, il y aura aussi la contribution d’un collègue français. Et il en ressort que la presse met souvent en exergue les incidents racistes dans l’Hexagone, mais que personne ne raconte le fait que de nombreux groupes de supporters luttent publiquement contre de tels actes. Idem pour les incidents de l’autre jour à Zurich, il y a eu aussi bon nombre de fans à vouloir calmer les plus violents. Par ailleurs, les stades représentaient il y a quelques années le seul endroit où l’extrême osait s’exprimer. Aujourd’hui, il y a d’autres places pour cela. »

Méfiance

Thomas Busset ne tombe pas dans l’angélisme pour autant: « Les ultras ne sont pas tous parfaits et on ne peut pas dire que certains ne menacent pas la sécurité publique. » En deux mots, ce sont souvent des hommes, de 15 à 25 ans, venant de toutes les couches sociales et se méfiant des femmes dans leur groupement: « elles pourraient constituer une menace pour « leur amitié masculine. »

Peu d’intérêt pour l’équipe nationale

Les bad boys des stades représenteront-ils un danger lors de l’Euro 2008? On ne peut rien exclure, note le sociologue. Mais l’enquête fait apparaître que les ultras viennent généralement de la ville ou de la région de leur club. Ils sont donc très attachés à une identité locale. Et ne manifestent qu’un intérêt mesuré pour l’équipe nationale. « En plus, le Zurichois ne se voit pas tendre la main à un Bâlois simplement parce qu’il y a un match de la Suisse. Ce n’est pas possible » Pas? d’union sacrée donc autour de la sélection à Köbi Kuhn.

Jean-Marc Rapaz, 24H, 7 mai 2008

Vigilance en Belgique

Au moment où les fibres nationalistes atteignent à nouveau des sommets à l’occasion de l' »Eurofoot », avec notamment des hostilités violentes et « historiques » manifestées par les supporters allemands et polonais, les éditions Antipodes publient un fort complet et intéressant dossier intitulé Le football à l’épreuve de la violence et de l’extrémisme et qui réunit  les contributions d’une vingtaine parmi les meilleurs spécialistes européens du sujet. L’un des chapitres de l’ouvrage s’intitule: « Football et sécurité en Belgique: formes et transformations ». Son auteur est Bertrand Fincoeur, criminologue (ULg) et animateur du projet « Fan Coaching » de la Ville de Liège.

« En dépit de la réalité du racisme et de la xénophobie dans les stades de football belges, il convient de ne pas dramatiser la situation en exagérant les proportions d’un problème dont une poignée de « trublions » est à l’origine. Le phénomène, porteur d’une forte dimension symbolique, se pose par conséquent davantage en termes qualitatifs que quantitatifs », estime l’auteur.

« Sans doute nos stades sont-ils fréquentés par des supporters aux idées fascisantes ou altermondialistes, mais en cela, il ne sont que le reflet de la société. Vouloir laver les stades de toute expression déviante à coups d’amendes et de poursuites judiciaires revient à combattre les symptômes sans chercher à atteindre les fondements du fléau. Pour cela, il faudrait envisager au contraire la mise en place de programmes socio-éducatifs auprès d’un jeune public. Par contre, rien en Belgique ne confirme la réalité d’une mainmise politique sur les « sides » ou d’un parti politique quelconque qui aurait réussi à « instrumentaliser » une frange importante des tribunes. Tout au plus, relève-t-on de rares tentatives avortées de quelques leaders d’opinion en quête d’audience. Néanmoins, les exemples étrangers et les quelques manifestations observées sur le sol belge incitent à la prudence  et nous rappellent le danger qu’il y aurait à fermer les yeux sur les évolutions à venir ».

D’autres spécialistes passent en revue la situation qui prévaut en France, Italie, Suisse, Allemagne et en Grèce. D’autres encore se livrent à un état des lieux dans l’Europe entière, évoquent  la signification culturelle du discours sur le hooliganisme et le racisme dans le milieu du football ainsi que le dispositif de sécurité mis en place contre des fléaux ou encore le travail socio-pédagogique effectué  ou à réaliser dans le milieu des supporters.

La violence et l’extrémisme associés au spectacle du football; constituent, en tout cas,  une préoccupation constante en Europe depuis une vingtaine d’années et cela au point que l’objectif de pacifier les interactions footballistiques trouve désormais des ancrages de plus en plus nombreux chez les acteurs en charge du problème, soulignent les coordinateurs de cette vaste réflexion

JVR, Belga, 11 juin 2008

L’aspect festif de l’Euro entraîne des risques 

Sociologue, Thomas Busset analyse le contexte des débordements dans les stades

Les incidents qui ont touché vendredi soir les stades de Berne et de Bâle font craindre le pire pour l’Euro 2008. Les matches seront-ils également entachés de violence? Thomas Busset, sociologue à l’Université de Neuchâtel, nuance le débat. Les ultras faisant usage de la violence sont peu nombreux et ce ne sont pas les mêmes supporters qui assisteront à l’Euro. D’autres risques cependant apparaissent.

« Les ultras s’identifient à un territoire en soutenant leur équipe et en se mesurant aux supporters de l’équipe adverse », explique le sociologue. C’est dans ce contexte que des actes violents peuvent apparaître même s’ils sont le fait d’une petite minorité. « A Bâle, certains fans ont tenté de s’opposer aux jets de torches. Mais l’autocontrôle ne suffit pas à empêcher la violence. Il faut mettre en place des mesures. Il y a trop peu de prévention en Suisse… »

Trop peu de prévention

Thomas Busset évoque l’exemple bâlois qui a mis sur pied un « fanprojekt ». Le programme emploie des animateurs socioculturels qui tâchent de prévenir les comportements violents au sein même des tribunes. Quant à la présence policière, elle doit se faire discrète. « Dans les stades, les interventions de la police ont surtout tendance à solidariser les supporters entre eux. C’est pourquoi la police tarde parfois à intervenir comme ça a été le cas à Bâle. »

Durant l’Euro, ce type d’incident ne devrait toutefois pas gâcher la fête. « Les dispositifs de sécurité seront tellement importants dans les stades et la vente de billets a été tellement contrôlée qu’il n’y aura sans doute pas de problèmes. » De plus, les supporters de l’Euro ne sont pas des ultras. « Les fans des différentes équipes sont tellement opposés entre eux durant la saison qu’ils n’imaginent pas pouvoir s’allier pour soutenir l’équipe nationale. Certains ultras iront peut-être voir l’Euro mais ils ne se comporteront pas de la même façon que quand ils soutiennent leur équipe. »

D’autres incidents sont néanmoins à craindre hors des stades comme le laisse entendre Thomas Busset. « En voulant créer une ambiance festive dans les villes et en proposant la bière des sponsors, on risque de créer de nouveaux problèmes. Sous l’effet de l’alcool et face à une grande concentration de supporters issus de différents pays, des gens qui ne posent pas de problèmes d’habitude peuvent être pris dans une dynamique de groupe et devenir violents. » Pour le sociologue, c’est à l’accueil des supporters qu’il faut ici intervenir. En axant encore une fois sur la prévention et en indiquant aux visiteurs comment obtenir de l’aide en cas de besoin.

Julie Conti, Le Temps, 7 mai 2008